A l’heure ou la nomination du premier chef de gouvernement ouvertement gay est salué pour sa « symbolique » par les associations de lutte contre les LGBTIphobies, la société française est-elle prête à voir des personnes LGBT accéder à des fonctions politiques de premier rang comme la présidence de la République ? Car si la nomination de personnalités publiquement « homosexuels.les » ne fait plus l’objet de débats dans le milieu politique, est-ce encore un sujet pour une opinion publique qui, il y a une douzaine d’années, était encore très clivée sur ces sujets (ex : débat autour de la loi sur le mariage pour Tous). A l’occasion de la sortie du livre « Sortir du placard : LGBT en politique » (17 janvier 2024), l’Ifop publie pour Fayard une enquête qui montre l’acceptation croissante de la visibilité homosexuelle dans le monde politique mais aussi la persistance de certaines poches de résistances homophobes dans les franges les plus conservatrices de la population.
Les chiffres clés
1 – A l’heure où l’élection d’un président LGBT en 2027 devient une hypothèse de plus en plus sérieuse aux yeux des observateurs, la perspective d’un président ouvertement gay choque de moins en moins l’opinion publique : à peine 20% des Français trouveraient choquante l’homosexualité d’un·e président·e de la République, soit trois fois moins qu’il y a une quarantaine d’années (61% en 1981).
2 – Les Français ne prennent que peu en compte cette information dans leur choix électoral, que ce soit lors des prochaines élections présidentielles de 2027 (35% s’estiment gêné.es) ou n’importe quelle élection (34% s’estiment gêné.es) ; cette dernière proportion est relativement stable depuis 2000 : 34% des Français s’estiment gêné.es de voter pour un.e candidat.e ouvertement homosexuel.le lors d’une élection en 2023 contre 28% en 2000.
3 – La publicisation de l’homosexualité d’un personnage public suscite plutôt l’indifférence d’une opinion attachée à la préservation de sa vie privée. Alors qu’elle a été pratiquée récemment par plusieurs ministres macronistes, le coming-out n’est pas très populaire : à peine 25% des Fr. approuvent le fait que des personnalités politiques LGBT fassent leur coming out en assumant publiquement leur homosexualité ou leur identité de genre.
4 – Parmi les personnalités politiques perçues comme étant les plus favorables à des réformes en faveur des droits des personnes LGBT aux yeux des Français.es ayant exprimés leur perception, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal prend la première place (55%), suivi par Emmanuel Macron (50%) et de Sandrine Rousseau (46%). Les personnalités politiques étant perçues comme étant les plus hostiles à ces réformes sont Jordan Bardella (61%), Marine Le Pen (67%) et Éric Zemmour (81%).
–François Kraus