Ifop a sondé les Français au sujet de la République et des principes républicains : les évocations spontanées associées au terme « République » laissent apparaitre une image positive du concept pour 47% des personnes interrogées. De la notion de démocratie à celle des droits de l’homme en passant par la vision idéalisée d’un peuple français solidaire, les Français perçoivent la République comme un élément constitutif de l’Histoire de notre pays (43%), même si elle ne constitue qu’une partie de celle-ci pour 57% d’entre eux.
L’ampleur de la crise du Covid-19, soit la plus importante que traverse le pays depuis 1945, n’a qu’un impact marginal sur la République, qui reste associée à un principe fort et positivement connoté. Cette représentation s’articule notamment autour du sentiment que la République rassemble les Français malgré la division et « l’archipélisation » constatée de notre société. Ensuite, dans un contexte de fracturation sociale, et conformément à l’étymologie du terme, la République est perçue comme appartenant à tout le monde pour 75% des Français. Enfin, pendant que la crise protéiforme que nous traversons interfère sur notre capacité à nous projeter, la République constitue toujours un modèle pour l’avenir.
Toutefois, cette étude révèle également l’existence de « segments perdus » de la population. En, effet, les jeunes et les catégories pauvres apparaissent systématiquement en retrait dans leur reconnaissance dans les valeurs de la République.
Autre manifestation du caractère « universel » de la République, celle-ci semble déconnectée du clivage gauche-droite puisque 86% des personnes interrogées considèrent que ce n’est un concept « ni de droite ni de gauche ». Ce résultat laisse ainsi la possibilité pour des acteurs non partisans de se saisir des évocations et manifestations de la République.
Parmi les acteurs suscitant la confiance des Français pour défendre les valeurs de la République, l’échelon local occupe une place centrale. Quelques mois après les élections municipales, 80% des Français font confiance aux maires pour représenter la République. A contrario, les acteurs traditionnellement impliqués dans la diffusion des valeurs de la République se trouvent fragilisés. Ainsi, les institutions politiques (partis politiques, syndicats, députes, et la présidence de la République) sont perçues comme déficitaires alors que les Français attentent plus d’implication de leur part. Il en va de même pour les médias et des institutions de police/justice. Traditionnellement la justice est davantage source de confiance que l’institution policière, ce qui n’est ici pas le cas.
A côté des institutions, les petites et moyennes entreprises apparaissent comme des acteurs centraux. Tendance émergente depuis quelques années, 80% des Français leur font confiance pour défendre les valeurs de la République. Concernant les grandes entreprises, elles bénéficient de 46% de confiance, mais surtout 60% des Français souhaitent les voir davantage impliquées.
Dans la conception des apports de la République, une hiérarchie de l’égalité et de l’équité semble se dessiner. Ainsi, 69% des Français considèrent comme tout à fait important le fait que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme », et 66% que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». Cette attente est peut-être la réaction à une « déception » du rôle de la République en la matière puisque seuls 57% des Français pensent que la République permet réellement l’égalité entre les hommes et les femmes, et 59% qu’elle garantit la liberté et l’égalité entre tous. Ce décalage entre attente et réalité perçue est très fort, y compris sur la question du droit d’asile, mais cette fois de manière inverse : si le droit d’asile est une priorité pour seulement 25% de la population, 65% pensent que la république réalise déjà pleinement cette promesse. Le ressenti d’une forme de laxisme semble alors se manifester dans un contexte de mise à l’agenda forte de cette problématique qui constitue un enjeu politique certain.
S’agissant de définir ce qu’est une entreprise républicaine, les Français font part d’une vision extensive et diverse. La conception d’une marque républicaine revêt un enjeu important comme réaction au recul de certaines institutions pour incarner la République et tenir ses promesses. Ainsi se manifeste dans l’entreprise républicaine la hiérarchie des attentes prioritaires des Français vis-à-vis de la République avec en tête le respect de l’égalité et de l’équité. L’entreprise républicaine est donc définie par un traitement égal entre les hommes et les femmes, par l’application du principe méritocratique, la restriction de l’écart salarial entre les dirigeants et les employés, et la mise en place du recrutement par CV anonyme. Sur un autre plan, la notion de patriotisme d’entreprise se fait saillante : 64% des personnes interrogées considèrent qu’une entreprise qui paie ses impôts en France est tout à fait républicaine, et 50% une entreprise favorisant le made in France.
Alors que des défaillances et attentes nouvelles sont constatées, se fait jour une responsabilité des entreprises. Si la République reste chargée de sens aux yeux des Français car porteuse de valeurs et de principes fondamentaux que l’on retrouve dans le monde entrepreneurial, l’entreprise de demain est vouée à être républicaine.