Véritable serpent de mer des derniers quinquennats, la réforme des retraites s’apparente surtout à un terrain miné sur lequel Emmanuel Macron envisage de s’engager une fois encore et à marche forcée. Sans surprise, sur ce thème extrêmement clivant des retraites, l’opinion des Français est fracturée en deux parts importantes mais pas tout à fait égales. Car une majorité de Français (55%) estime que le chef de l’Etat a tort de vouloir relancer la réforme des retraites dès cet automne, tandis qu’un bloc représentant presque la moitié de la population juge qu’il a raison (45%).
Parmi les soutiens d’une réforme à initier dès cet automne se retrouvent une majorité de retraités (58% estiment qu’Emmanuel Macron a raison de la relancer) et de personnes âgées de plus de 65 ans (61%), là où elle est perçue avec davantage de scepticisme par les actifs (39%) et les moins de 35 ans (40%), qui seront les premiers impactés. En outre, parmi les soutiens d’une relance de la réforme des retraites dès cette automne, se dessine le profil de la « France qui va bien ». En effet, y sont surreprésentés les cadres (54%), les plus diplômés (54%), les catégories aisées (60%) et surtout les sympathisants de la République en Marche (84%).
Cette mesure d’ensemble (45% de Français estimant qu’Emmanuel Macron a raison de relancer la réforme) constitue un recul par rapport à juin 2021*, où l’Ifop avait mesuré une adhésion légèrement majoritaire (53%) à la relance de la réforme des retraites, certes dans un contexte différent, et sans accélération brutale du calendrier. Surtout, au-delà de la relance du dossier, ce sera le contenu de la réforme qui sera scruté : les Français avaient par exemple largement estimé (77% d’entre eux) en avril 2022 (sondage Ifop pour le Journal du Dimanche) qu’il fallait qu’Emmanuel Macron retire de son programme le recul de l’âge légal de départ à la retraite.