A quelques jours des élections régionales, l’éventualité que le Rassemblement National remporte une ou plusieurs régions concentre une forte partie des débats sur l’agenda politique et dans la sphère médiatique.
Cette hypothèse, et plus précisément son impact sur la vie démocratique hexagonale, divise profondément l’opinion. En effet, 49% des personnes interrogées par l’Ifop pour le JDD considèrent que la victoire d’une liste RN dans telle ou telle région constituerait un danger pour la démocratie (26% pour la réponse « oui, tout à fait ») tandis que 51% expriment l’opinion inverse. Derrière cet équilibre des réponses se font jour de profonds clivages. Ainsi, la perception d’un danger pour la démocratie est la plus élevée aux deux extrêmes du spectre générationnel (18-24 ans et 65 ans et plus), parmi les cadres (68% vs 38% chez les ouvriers) et les diplômés du supérieur (69%). Cette question réactive également de manière spectaculaire le clivage gauche droite dans la mesure où les sympathisants de gauche sont nettement plus nombreux (24 points d’écart) que ceux de droite à entrevoir un danger pour la démocratie. Au-delà, ce danger est sans surprise massivement exprimé par les marcheurs (75%) alors qu’il est minimisé par les proches du RN.
Surtout, cette fracturation de l’opinion révèle indirectement le mouvement de banalisation autour du parti de Marine Le Pen dont les victoires électorales semblent faire l’objet d’une acceptation par près d’un Français sur deux.
L’époque du « Jean-Marisme » où, dans le baromètre de la Sofres, près de 80% des Français voyaient dans le FN un danger pour la démocratie semble révolue. Pour rappel, ce chiffre était tombé à 58% dans une enquête Ifop-Fiducial pour le JDD de mars 2021.