“Emily in Paris” : et si les Français devaient lui dire merci ? Alors que cette série où les Parisiens en prennent pour leur grade a suscité un torrent de critiques de ce côté de l’Atlantique, divers indicateurs donnent à penser que l’image d’un « Paris de carte postale » qu’elle renvoie tend à booster son attractivité…
Reconnue malgré ses défauts comme un indéniable “phénomène de la pop culture” (New York Times – 23 décembre 2022), cette comédie parmi les plus populaires de Netflix a-t-elle bouleversé l’opinion que les Américains ont des Français et de leur capitale ? Car si la série de Darren Star n’est pas la seule production culturelle à faire rayonner Paris dans le monde, mesurer son impact sur l’image du pays est une question qui se pose à la fois au regard de son audience et de son contenu : son objet consistant à dresser un tableau léger des mœurs des Français et une représentation fantasmée de leur capitale.
Afin de mieux connaître la manière dont les Français sont perçus aux Etats-Unis, le site d’information voyage Bonjour New York a commandé à l’Ifop une enquête visant à mesurer comment l’image de la France a évolué au pays de l’Oncle Sam ces dernières années, combien d’Américains croient dans les divers clichés associés aux Français et si la vision de la capitale française renvoyée par “Emily in Paris” correspond pour eux à la réalité. Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1 113 Américains, cette étude montre que l’image et l’attractivité de la France se sont considérablement améliorées ces dernières années, les clichés associés aux Français et à leur capitale étant (pour la plupart) loin d’être négatifs, et ceci tout particulièrement chez les amateurs d’“Emily in Paris”.
Les chiffres clés de l’étude
1 – L’image des « Frenchies » aux Etats-Unis s’est considérablement améliorée en une quinzaine d’années avec une cote de popularité presque deux fois plus élevée cette année (73%) qu’en 2007 (39%). Et leur cote semble « boostée » par “Emily in Paris” si l’on en juge par la proportion de téléspectateurs qui ont une très bonne image des « Frogs » : 47 %, soit trois plus que dans les rangs des Américains n’ayant pas vu la série (17%).
2 – Ce regain de francophilie transparaît aussi dans le nombre record d’Américains qui expriment actuellement le désir de « vivre en France » : plus d’un sur trois (36%) aujourd’hui alors qu’ils étaient à peine plus d’un sur cinq (21% en 2005) au lendemain de la crise irakienne qui avait jeté un coup de froid entre les deux pays. Les Américains de 18 à 65 ans sont en revanche moins nombreux à envisager de venir y travailler (28%).
3 – Principal point de repère pour une population américaine qui n’a pas une grande culture géographique, Paris y bénéficie d’une forte attractivité y compris pour des longs séjours… En effet, si les trois quarts des Américains aimeraient passer un court séjour à Paris (75%), la perspective de suivre les pas d’Emily en y passant une année en attire aussi près de la moitié (44%), notamment chez les plus jeunes, les plus urbains et les plus progressistes.
4 – Il est vrai que l’image d’un Paris immaculé sans rats ni SDF reste forte aux USA. Car si dans son ensemble, la majorité de la population ne tombe pas dans le cliché d’une ville aseptisée, ce n’est pas le cas de ceux qui ont vu Emily in Paris : la majorité des téléspectateurs s’étant exprimés sur le sujet supposent par exemple que « Paris est une ville propre » (67%), ce qui peut s’avérer cocasse quand on sait qu’à peine 16% des Parisiens partagent ce point de vue.
5 – Il faut dire que la représentation idyllique de la ville-lumière véhiculée par Netflix n’est pas quelque chose de factice pour la plupart des Américains ayant vu la série, soit près d’un tiers de la population américaine âgée de 18 ans et plus. En effet, pour 83% des Américains ayant vu la série, l’image de Paris et de ses habitants que renvoie la série « Emily in Paris » est proche de la réalité.
Étude Ifop menée pour Flashs et Bonjour New York