Depuis plusieurs années, les débats sur l’évolution du monde du travail et les attentes des nouvelles générations se multiplient. Aux bouleversements liés à la crise sanitaire viennent s’ajouter les questionnements sur le sens du travail et la quête d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Si le sujet des nouvelles aspirations professionnelles est abondamment commenté, peu de données existent pour objectiver ce phénomène chez la génération Z. Dans ce contexte, la Confédération Nationale des Junior-Entreprises a souhaité dresser un diagnostic précis et objectif des attentes et des réalités professionnelles de cette génération en France. Pour ce faire, une enquête quantitative a été réalisée par l’IFOP auprès d’un échantillon représentatif de la population française active occupée âgée de 18 à 28 ans.
Une adéquation encourageante entre attentes et réalité professionnelle
Les résultats de l’étude mettent en lumière un phénomène particulièrement encourageant : l’adéquation entre les attentes des jeunes et la réalité de leur poste actuel. Plus de huit jeunes sur dix indiquent ainsi que la réalité de leur poste correspond à leurs attentes (83%), soit une proportion qui témoigne d’une relative satisfaction professionnelle. Cette satisfaction ne se limite pas au poste occupé, mais s’étend également à la formation reçue. En effet, 79% des jeunes estiment que leur formation les a bien préparés au poste qu’ils occupent actuellement, soulignant ainsi la pertinence des cursus suivis par rapport aux besoins du marché du travail. Ce niveau élevé d’adéquation perçu entre la formation suivie et le poste occupé s’observe quel que soit le niveau de diplôme : 78% pour les diplômés d’un master ou doctorat, 80% pour les détenteurs d’une licence, 81% d’un baccalauréat ou 82% pour les diplômés d’un CAP ou BEP. Ces données – certes produites auprès d’une population en emploi – témoignent d’une insertion professionnelle relativement satisfaisante. Conséquence possible de l’amélioration du marché du travail et des efforts entrepris pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes. Etude sur le rapport des jeunes de la génération Z au travail
Les jeunes actifs considèrent davantage que leur travail est un plaisir ou fierté
À rebours des commentaires dépeignant la génération Z comme victime d’une « épidémie de flemme » ou détachée de son travail, les résultats de l’enquête révèlent une réalité bien différente. Les jeunes actifs sont en effet plus nombreux que l’ensemble de la population active à qualifier leur travail de plaisir (43% contre 34%) ou de source de fierté (38% contre 30%). Cependant, cette jeunesse se montre plurielle dans son rapport au travail. Une proportion significative de jeunes l’associe également à la routine (48% contre 46% pour l’ensemble des actifs), à une forme de sécurité (47% contre 57%), ou encore à une contrainte (21% contre 22%).
Une redéfinition des priorités professionnelles
Dans un contexte où le sens du travail est de plus en plus questionné, l’étude met en lumière une évolution des valeurs professionnelles chez la génération Z. Plus de la moitié des jeunes actifs (52%) seraient prêts à changer pour un emploi plus plaisant mais moins rémunéré, une proportion largement supérieure à celle observée dans l’ensemble de la population active (34%). Cette tendance est corroborée par l’importance accordée à l’ambiance de travail (42%) comme critère de choix d’un emploi, presque à égalité avec la rémunération (43%). Ces résultats témoignent d’une recherche d’équilibre entre épanouissement personnel et réussite professionnelle, caractéristique de cette génération.
L’engagement associatif : un levier de développement sous-estimé
Alors que l’engagement associatif est reconnu comme un facteur important de développement personnel et professionnel par 83% des jeunes, seuls 63% estiment qu’il est suffisamment encouragé pendant les études et au sein des entreprises. Cet écart suggère un potentiel inexploité dans l’intégration des expériences associatives au parcours professionnel des jeunes. Etude sur le rapport des jeunes de la génération Z au travail
L’entrepreneuriat : une aspiration forte malgré les obstacles
L’étude met en lumière un attrait prononcé des jeunes pour l’entrepreneuriat, avec plus de sept jeunes sur dix (71%) ayant déjà envisagés de créer leur propre entreprise, un chiffre nettement supérieur à celui observé dans l’ensemble de la population active (34%). Cette inclination témoigne d’un désir d’autonomie et d’impact direct sur leur environnement professionnel. Cependant, malgré cette forte aspiration, de nombreux jeunes actifs sont freinés par la peur de l’échec, révélant un manque de confiance en soi face à cette perspective. Par ailleurs, si les jeunes estiment généralement que leur formation les a bien préparés à leur poste actuel, leur opinion est plus mitigée concernant la préparation à l’entrepreneuriat. En effet, 65% d’entre eux considèrent que leur formation les a préparés à la création d’entreprise, dont seulement 18% se sentant “très bien préparés”. Il est intéressant de noter que les jeunes issus de formations CAP et BEP se déclarent les mieux préparés à l’entrepreneuriat (76%), suggérant que ces cursus pourraient servir de modèles pour améliorer la formation à l’entrepreneuriat dans d’autres filières.
Le point de vue de François Legrand, Directeur d’études à l’IFOP
L’insertion professionnelle des jeunes et l’adéquation entre formation et emploi sont des préoccupations majeures depuis de nombreuses années. Les efforts consentis en matière de professionnalisation des cursus, de développement de l’alternance et de l’apprentissage semblent porter leurs fruits, comme en témoigne la satisfaction élevée des jeunes quant à leur poste actuel et à leur formation. Cependant, les résultats de l’étude mettent également en lumière de nouveaux défis. L’attrait pour l’entrepreneuriat, la quête de sens au travail et l’importance accordée à l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle dessinent les contours d’une génération aux attentes renouvelées. Ces nouvelles aspirations appellent une adaptation des pratiques tant dans le monde de l’entreprise que dans celui de la formation. L’intérêt marqué pour l’entrepreneuriat (71%) souligne la nécessité de renforcer les dispositifs d’accompagnement et de formation dans ce domaine, tout en travaillant à lever les freins identifiés comme la peur de l’échec et l’accès au financement. La valorisation des expériences pratiques, dont celles offertes par les Junior-Entreprises, apparaît comme un levier crucial pour répondre à ces attentes. Ces opportunités permettent non seulement d’acquérir des compétences concrètes, mais aussi de développer la confiance nécessaire pour se lancer dans l’entrepreneuriat ou s’épanouir dans sa carrière.
