L’étude Ifop pour Le Point sur l’auto-positionnement des Français sur un axe gauche-droit révèle un phénomène assez rare pour être noté. Si les résultats de ce genre d’étude sont habituellement relativement stables d’une vague à l’autre, cette fois-ci des variations émergent et on relève un phénomène de droitisation de l’électorat national. Plusieurs éléments explicatifs combinés peuvent justifier une telle évolution : d’abord l’actualité sécuritaire occupe actuellement une place importante dans l’espace médiatique (le décès de George Floyd et ses répercussions, les incidents de Dijon, …). Ensuite, le vieillissement de la population et l’affaiblissement des centristes accéléré depuis 2017 interviennent également. Si après l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron 24% des personnes interrogées se positionnaient sur la note 5, soit au centre, ils ne sont plus que 15% aujourd’hui. Cela est à mettre en perspective avec une forme de « turn over » opéré au sein de l’électorat macroniste. La gauche, déçue de l’action présidentielle, quitte les rangs de La République En Marche alors que la nomination d’un deuxième Premier ministre anciennement Républicain vient ancrer le mouvement du Président à droite de l’échiquier politique.
Cette étude révèle également qu’une faible proportion des électeurs se positionnent à gauche. Ils sont seulement 13%, soit 10 points de moins qu’en 2017. La perte de vitesse de La France Insoumise et de son leader accentue ce vide représentatif dont souffre la gauche depuis la « chute » du Parti Socialiste. Toutefois la montée du vote Vert constaté lors des dernières élections municipales pourrait interférer dans cette dynamique décroissante.
Enfin, un des enseignements de cette étude réside dans l’infirmation de la thèse selon laquelle le clivage gauche/droite aurait complètement disparu du paysage politique Français. Si ce dernier s’est affaibli il revêt pour autant toujours du sens dans l’esprit des électeurs et reste structurant dans leur positionnement politique.