Où le Rassemblement national a-t-il présenté des listes aux élections municipales ? Y a-t-il des territoires volontairement non investis ou, au contraire, qui illustrent un enracinement pérenne ? À la veille du premier tour, Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach livrent leur analyse.
Sur fond des tensions sociales récurrentes (crise des gilets jaunes, mobilisation contre la réforme des retraites) et d’impopularité persistante du président de la République, l’idée selon laquelle le plafond de verre endiguant la poussée électorale du RN serait en train de céder s’est progressivement installée dans le débat public et ce, avec encore plus d’insistance depuis les dernières élections européennes qui ont vu la victoire de la liste emmenée par Jordan Bardella. A deux ans de la prochaine échéance présidentielle, le scrutin municipal constitue donc un moment important et un test grandeur réelle pour évaluer l’existence et l’ampleur de la dynamique frontiste.
Même si nous sommes en présence d’une élection éminemment locale, des enseignements pourront en être tirés. Soit dans plusieurs dizaines de villes, il se trouvera des majorités absolues ou relatives importantes (dans le cas de triangulaires remportées avec 40 à 45% des voix) pour confier les clés de la mairie à des équipes du RN, et cela signifiera alors que les verrous sont en train de sauter, soit le nombre de villes gagnées se situera entre 10 et 25 sur le millier de communes de plus de 9000 habitants que compte le pays, ce qui viendra relativiser l’idée d’une poussée irrésistible et montrera que le plafond de verre pèse toujours autant puisqu’à part quelques cas isolés, le RN ne peut rallier une majorité d’habitants dans une localité ne serait-ce que pour gérer les affaires communales. […]
Analyse à retrouver également sur le site de la Fondation Jean Jaurès