Cinq mois après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, l’Ifop publie pour l’Opinion et la Fondation Spinoza une nouvelle vague de son enquête consacrée au climat social français et à l’opinion des Français sur de grands enjeux économiques. Une édition octobre 2017 qui laisse percevoir des évolutions significatives. Si l’état d’esprit des Français reste majoritairement morose (71% négatif contre 78% en juillet 2014), le sentiment de révolte s’effondre et n’a jamais été aussi bas depuis la première mesure effectuée par l’Ifop en 2010 (33% ; -9 points par rapport à 2014). Dans le même temps, la part des Français qui exprime leur confiance dans la situation économique et sociale connait une forte hausse (20% ; +12 points), les plus pessimistes se retrouvant parmi les électeurs votant aux extrêmes, que ce soit les électeurs de la France Insoumise (7% ont confiance) ou ceux du Front National (4% ont confiance).
La confiance dans la situation économique et sociale globale va de pair avec la confiance que les Français accordent à Emmanuel Macron et au gouvernement, notamment pour tenir le cap face aux mouvements sociaux (52%) et pour transformer le pays (47%). Les Français semblent en outre avoir intériorisé les changements à venir : pour 69% d’entre eux, ces réformes auront une ampleur conséquente.
La critique la plus importante sur l’action du gouvernement concerne le rythme trop intense de ses réformes économiques et sociales (38%), ainsi que leur ampleur. Ainsi, près de six Français sur dix craignent que celles-ci n’aillent trop loin (58%), principalement à gauche (71% chez les partisans de la France Insoumise et chez les partisans du Parti Socialiste). L’autre point de crispation concerne la justice. Le sentiment d’injustice est fort et pourrait alimenter l’image d’Emmanuel Macron comme « président des riches » : 68% des Français n’ont pas confiance dans la capacité de l’exécutif à mener une politique juste et équitable.
Les perceptions des Français sont par ailleurs partagées au sujet de thématiques fortement clivantes comme le contrôle des chômeurs ou le SMIC. Près de la moitié des Français considèrent que la mise en place d’un salaire minimum spécifique aux jeunes pourrait faciliter leur embauche (48%), notamment selon les 18-24 ans (53%). Dans le même temps, le salaire minimum reste toutefois un acquis à préserver : près des trois quarts des Français considèrent que le SMIC représente une protection pour les salariés (74%).
Concernant l’assurance chômage, les jugements sont particulièrement tranchés. Les Français considèrent très majoritairement que les responsables politiques font preuve de fatalisme au sujet du chômage (70%), et considèrent que des modèles étrangers plus flexibles, comme ceux appliqués aux Etats-Unis, en Angleterre ou en Allemagne sont des modèles à suivre (59%). Une très large majorité de Français plébiscitent le renforcement du contrôle des chômeurs (84%), ou encore la suppression de l’assurance chômage en cas de refus de deux offres d’emploi (62%). En contrepartie, ils plébiscitent des promesses de campagne d’Emmanuel Macron comme l’instauration de l’indemnisation pour les indépendants (82%) ou les démissionnaires (65%).
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