- Valérie Pécresse domine les intentions de vote du premier tour de l’élection régionale. Créditée de 34% des intentions de vote, la présidente sortante réussit à progresser par rapport à son score du premier tour de l’élection de 2015 (30%) grâce à un soutien particulièrement fort de sa base (75% de ses électeurs de 2015 voteraient pour elle en 2021) et de catégories traditionnellement participationnistes aux différentes élections comme les seniors (49%). Dans une région relativement peu favorable à la droite par le passé, la président de la région peut compter sur une part importante de soutiens venus du centre mais également de la gauche (respectivement 28% des électeurs d’Emmanuel Macron et 14% d’électeurs de Benoît Hamon voteraient pour elle en 2021).
- Jordan Bardella réussirait pour la première fois à faire du Rassemblement national le principal « challenger » du candidat en tête au premier tour. Pourtant positionné loin derrière la présidente sortante (17 points), et en recul par rapport à l’élection de 2015 (-1,7 pts), le candidat du Rassemblement national serait crédité de 17% des intentions de vote grâce à une mobilisation exceptionnelle de son électorat : 89% des électeurs du FN en 2015 voteraient cette année pour la liste de Jordan Bardella et 87% d’entre eux se déclarent sûrs de leur choix à plus d’une semaine du vote. Cette forte mobilisation au premier tour, notamment au sein de catégories favorables au parti comme les ouvriers (38%) et les catégories modestes (23%) contraste cependant avec les faibles réserves de voix pour la liste RN dans la perspective du second tour : le Rassemblement national stagnerait autour de 19%/20% dans les différentes hypothèses d’une quadrangulaire.
- La République en marche dépasse à peine le seuil de qualification et ne réussit pas à peser sur l’élection.La liste de la majorité présidentielle, pourtant portée par les 28,6% qu’Emmanuel Macron avait obtenu dans cette région lors de l’élection de 2017, peine à émerger dans cette campagne et plafonne à 13% des intentions de vote à quelques jour du vote. En cause, se fait jour le défaut de mobilisation de l’électorat machiniste présidentiel autour de la figure de Laurent Saint-Martin : seuls 39% des électeurs du président de la République voteraient pour la liste de La République En Marche alors qu’un gros quart (28%) opterait pour celle portée par Valérie Pécresse. Ainsi, même maintenue au second tour, la liste de Laurent Saint-Martin n’entame pas les chances de la présidente sortante de l’emporter en cas de quadrangulaire.
- Divisée, la gauche se neutralise dès le premier tour de l’élection.L’éparpillement des candidatures à gauche pénalise les listes qui représentent ces courants, compliquant leur chance de se qualifier au second tour par le jeu des marges d’erreur de notre sondage. La liste d’Audrey Pulvar atteint 11% des intentions de vote, un score identique à celle de Clémentine Autain, talonnée par la liste écologiste portée par Julien Bayou (10%). L’ordre d’arrivée des candidatures de gauche reste donc à ce stade de la campagne incertain et ne permet pas, à quelques jours du scrutin d’envisager de dynamique de vote « utile » qui bénéficierait à l’une ou l’autre des candidatures.
- Valérie Pécresse donnée gagnante en cas de quadrangulaire au second tour.Dans ce cadre, la liste conduite par Valérie Pécresse arriverait en tête dans toutes les configurations de quadrangulaire testées, avec 37 à 38% des suffrages, reléguant ses premiers poursuivants sous la barre symbolique des 30% et permettant à la présidente de la région capitale de rempiler pour un deuxième mandat. La liste d’union de la gauche, rassemblant de La France insoumise à Europe Ecologie Les Verts, en passant par le Parti Socialiste, parviendrait à se placer en seconde position devant le Rassemblement national en réunissant de 27 à 29% des voix selon la tête de liste mais reculerait fortement par rapport à son score de 2015 où elle avait réuni 42% des voix et manqué la victoire d’un peu moins de 2 points. Dans les différentes hypothèses testées, c’est Audrey Pulvar qui rassemblerait le mieux les électeurs de gauche et obtiendrait un meilleur score que Clémentine Autain ou Julien Bayou, grâce à un positionnement perçu comme plus central.
“A moins d’une semaine du scrutin, Valérie Pécresse domine nettement le rapport de force électoral. En progrès par rapport à l’élection régionale précédente, la Présidente sortante capitalise sur un bon bilan à la tête de la “région capitale » (68% de satisfaits) et sur un socle solide lui permettant de rallier des électeurs au-delà de la droite. Surtout, Valérie Pécresse bénéficie d’une offre électorale marquée par des oppositions éparpillées qu’il s’agisse d’une gauche divisée en trois listes au potentiel électoral équivalent, l’empêchant d’enclencher une dynamique, ou bien qu’il s’agisse de LREM très loin du score présidentiel d’Emmanuel Macron. Enfin, même largement devancé par la liste Pécresse (17 points d’écart), le RN, en émergeant en deuxième position, tire son épingle du jeu dans une région pourtant peu favorable au mouvement frontiste”.
Frédéric Dabi
Directeur Général Opinion