À un an des élections municipales de mars 2020, le climat politique à Paris telle qu’elle ressort de l’enquête Ifop-Fiducial pour le JDD et Sud Radio demeure marquée par une forte incertitude. Plus que jamais, le rapport de force électoral parisien obéit au phénomène d’une recomposition politique toujours en cours après le « big bang » de l’élection présidentielle et des législatives de 2017.
Pour autant, l’analyse des intentions de vote de premier tour fournit des indications significatives sur la situation des forces en présence.
En premier lieu, cette enquête vient confirmer le rétablissement de la Maire de Paris après « l’annus horribilis » connue en 2018. En effet, à la différence de l’enquête Ifop-Fiducial menée il y a un an, la liste de la majorité municipale conduite par Anne Hidalgo (23% à 25% des intentions de vote voire 29% dans les arrondissements de gauche) émerge systématiquement en tête du rapport de force électoral et devance de 2 à 4 points la République en Marche. Ce regain est à relier d’une part à une meilleure mobilisation par Anne Hidalgo de son socle électoral du 1er tour de 2014 et d’autre part à la capacité de la liste de la majorité sortante à « mordre » sur les électorats présidentiels. En effet, respectivement un gros tiers de l’électorat Mélenchoniste et près de 3 électeurs Macron sur 10 expriment une intention de vote en sa faveur.
La République en Marche, en position de force dans l’enquête de mars 2018 (29% à 32% d’intentions de vote) marque le pas en perdant la « pole position » dans les intentions de vote. Cela tient, contexte national d’impopularité présidentielle oblige, à une difficulté plus importante à mobiliser l’électorat présidentiel d’Emmanuel Macron (43% contre 60% il y a un an).
S’agissant de la course pour obtenir l’investiture LREM, les résultats de cette enquête testant 3 des 6 prétendants indiquent un avantage en faveur de Benjamin Griveaux. Avec 22% des intentions de vote, l’actuel porte-parole du gouvernement réalise un meilleur score que Mounir Mahjoubi ou Cédric Villani (20% chacun). Toutefois, cet écart sondagier semble insuffisant pour « tuer le match » des ambitions parisiennes, en cours dans le parti présidentiel.
A un an du scrutin, la droite parisienne qui pourtant détient 9 arrondissements de la capitale, n’apparait pas aujourd’hui en situation de se mêler à l’affrontement gauche – LREM, devancée de huit points par la liste de la majorité municipale et de cinq points par la liste conduite par Benjamin Griveaux. Testée pour la première fois depuis l’annonce de sa candidature, Rachida Dati recueille 16% des intentions de vote. Ce score lui permet d’une part de faire mieux que Florence Berthout, présidente du groupe LR au conseil de Paris et d’autre part de devancer nettement la liste Agir conduite par le député du 18ème Pierre-Yves Bournazel (7%).
Enfin, spécificité de l’histoire électorale parisienne, les forces tribuniciennes ne semblent pas en mesure de se mêler à la bataille de l’Hôtel de Ville : avec 8% des intentions de vote, la liste LFI conduite par Danielle Simonnet ne parvient à rassembler qu’un tiers de l’électorat présidentiel de Jean-Luc Mélenchon. Néanmoins, un tel score autoriserait la France Insoumise à se maintenir au deuxième tour dans quelques arrondissements, notamment du Nord-Est parisien, et pourrait gêner le rassemblement de la majorité municipale.
Le Rassemblement National obtenant 6% à 7% des intentions de vote se situe à un niveau quasi équivalent à son résultat de 2014. L’annonce surprise d’un ralliement du RN à la liste « Aimer Paris » de Serge Federbush ne devrait pas modifier sensiblement cette situation de tripartition du champ politique parisien entre la majorité municipale, LREM et les Républicains mais confirme le caractère plus que jamais mouvant et éclaté de l’offre électorale parisienne.
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