A mi-chemin du deuxième mandat d’Anne Hidalgo, Ifop-Fiducial a interrogé les Parisiens pour le Figaro et Sud Radio sur leur perception de la capitale, de l’action de son équipe municipale et de son actualité. L’étude investigue tant les perspectives pour le scrutin municipal de 2026 que la proche votation sur les trottinettes électriques ou encore l’anticipation des Jeux Olympiques.
La satisfaction de vivre à Paris demeure très majoritaire (77%) mais recule nettement depuis le premier mandat d’Anne Hidalgo (-11 points depuis 2018). Point plus alarmant encore, une majorité de Parisiens estiment que la ville évolue plutôt en mal (59%) ces dernières années. « La perception que les Parisiens ont de leur ville reflète un sentiment de déclin de la capitale », analyse Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’Ifop. Celui-ci remarque en outre qu’« Il est spectaculaire de constater que ce ressenti est pour la première fois majoritaire à gauche (52 %) ». Et à titre de comparaison globale, la moitié des habitants de la capitale estimaient que celle-ci évoluait plutôt en bien sous Bertrand Delanoë (50% en 2011, contre seulement 36% qui déclaraient alors que Paris évoluait plutôt en mal).
Dans cette même logique, la part de Parisiens satisfaits du travail accompli par la municipalité ne cesse de reculer depuis le premier mandat d’Anne Hidalgo, chutant à 38% aujourd’hui (contre 52% en 2015 et même 67% sous Bertrand Delanoë en 2011). Dans le détail, le jugement porté sur le bilan de la municipalité est très hétérogène selon les domaines. Si la vie culturelle demeure en tête, culminant à 73% d’opinions positives, un grand nombre d’indicateurs décrochent. C’est le cas des transports en communs (35%, -10 points depuis 2018), de la sécurité des personnes et des biens (29%, -9), de la maîtrise des finances de la ville (23%, -9), de la propreté (17%, -10) ou encore de la circulation (17, – 7). « Dans certains domaines, l’insatisfaction est telle que le clivage gauche-droite s’est très fortement réduit. » précise Frédéric Dabi. Selon lui : « La fracture gauche-droite, avec des écarts d’une vingtaine de points observés dans les enquêtes passées, semble avoir vécu ». Et en amont des Jeux Olympiques et Paralympiques, les Parisiens ne sont plus que 44% à porter un jugement positif sur le rayonnement de Paris en France et à l’étranger (-17 points).
Au sortir de sa performance décevante à de l’élection présidentielle, Anne Hidalgo se trouve également affaiblie dans son fief parisien. Le taux de satisfaction de ses administrés à son égard tombe à 32%, contre 42% en 2018 (et 53% en 2015). Toujours selon Frédéric Dabi : « Ici, également, le clivage gauche-droite s’est largement atténué : il n’y a plus que 5 points de différence entre le jugement des Parisiens vivant dans un arrondissement de gauche par rapport à ceux de droite. » Le directeur général opinion de l’Ifop relève également qu’« Il est rare qu’un élu, trois ans après son élection, perde un bon tiers de son socle. »
Pour autant, aucune personnalité n’émerge comme une alternative incontournable en vue des prochaines élections municipales. Toutefois, si seule une petite moitié de Parisiens estime que Rachida Dati ferait une bonne maire de la capitale (45%), ils la placent en tête des potentiels prétendants à la mairie. « C’est la première fois depuis Jacques Chirac qu’une candidate de droite apparaît si légitime à trois ans du scrutin », rappelle Frédéric Dabi. Derrière elle, seuls Gabriel Attal (40%) et Yannick Jadot (34%) sont perçus comme de possibles bons édiles par plus d’un tiers des Parisiens. Dans ce climat d’incertitude, l’organisation des Jeux Olympiques se pose en enjeu majeur qui influera fortement sur la capacité d’Anne Hidalgo à se représenter devant les urnes en 2026.
Les Parisiens posent justement un regard mitigé sur l’organisation de cet évènement mondial. En effet, si une majorité se révèle optimiste quant à la sécurité des athlètes et du public (63%), au rayonnement de la France et de Paris au travers de la compétition (61%) et à la bonne organisation sportive des compétitions (59%), plusieurs doutes sont soulevés. Ainsi, seul un quart des Parisiens affiche de l’optimisme concernant les transports et la circulation dans Paris pendant la durée de la compétition (25%), le coût et le financement des Jeux (23%) ou l’accessibilité des compétitions pour les spectateurs disposant d’un faible niveau de revenu (20%).
Autre élément d’actualité : les Parisiens voient d’un très bon œil la votation sur le stationnement des trottinettes électriques organisée prochainement par la mairie (85% estiment qu’il s’agit d’une bonne chose). Un souhait qui se trouve surtout être la traduction d’un rejet massif du stationnement des trottinettes en libre-service : 70% des potentiels votants s’y déclarent opposés (dont 90% des seniors mais seulement 55% des moins de 35 ans). Une tendance à néanmoins prendre avec prudence, tant les modalités du scrutin – nombre de bureaux de vote, manque de notoriété, promotion par les marques de trottinettes – annoncent une participation éminemment incertaine et potentiellement biaisée.