1. A quelques jours du scrutin en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Thierry Mariani, la tête de liste du Rassemblement National continue sa poussée et prend encore de l’avance au premier tour par rapport au président sortant, Renaud Muselier. Avec 41% d’intentions de vote, soit plus que le score de Marion Maréchal Le Pen il y a six ans, Thierry Mariani s’assure un socle électoral solide chez les électeurs RN de 2015 (87%) et parvient à capter 18% de ceux de la droite. C’est grâce à cette forte base et à sa capacité à rassembler de manière quasi homogène toutes les catégories de la population que le candidat parvient à se hisser en tête des intentions de vote au premier tour, et peut-être également en tête du second. En effet, dans l’hypothèse d’une triangulaire, le RN pourrait conquérir la région Sud (44% d’intentions de vote contre 36% pour Renaud Muselier), et même si une configuration en duel lui serait davantage préjudiciable, le rapport de forces observé aujourd’hui reste en sa faveur. C’est l’un des principaux enseignements de ce sondage, pour la première fois Thierry Mariani arriverait en tête d’un second tour en duel avec 51% des intentions de vote, même si ce résultat se situe toujours dans la marge d’erreur.
2. Renaud Muselier, plus que jamais candidat à sa réélection, reste stable par rapport à notre dernier sondage Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro (34%) mais semble de moins en moins en capacité de s’imposer au premier tour. Toutefois, il bénéficie, contrairement à son principal concurrent, d’une certaine réserve au centre et à gauche, réserve qu’il se doit de mobiliser s’il souhaite l’emporter. En effet, le président sortant souffrirait, en cas de triangulaire, d’une fuite significative des électeurs de droite (33% des sympathisants LR pourraient voter pour le candidat RN), signe de la porosité de ces électorats. Si le candidat de la droite bénéficie certes de 58% de satisfaction, ce taux s’avère en dessous de celui mesurer dans d’autres régions où les présidents sortants apparaissent dans de meilleures conditions de réélection.
3. Une gauche en grande difficulté. Alors que dimanche prochain ne se déroulera que le premier tour du scrutin, on semble pourtant déjà assister à un duel entre la droite et l’extrême droite avec une gauche absente de la bataille pour la présidence de la région Sud. La liste de Jean-Laurent Félizia progresse de deux points (17%) mais n’apparait toujours pas en capacité de troubler le match et peine à mobiliser d’autres électeurs que les jeunes et les cadres. La gauche avait annoncé de pas vouloir rejouer 2015, et se maintenir au second tour, pour autant le rapport de forces actuel semble interroger cette décision.
4. Dans un contexte où la sécurité se hisse comme l’un des thèmes de cette campagne (bien qu’il ne s’agisse pas d’une compétence régionale), la lutte contre la délinquance et le terrorisme apparaissent prioritaires pour les habitants de la région Sud (respectivement 74% et 73%), et notamment pour les électorats de Renaud Muselier et Thierry Mariani. La gauche étant traditionnellement plus en retrait sur ces problématiques, on retrouve bien dans cette question des thèmes prioritaires la structuration de l’électorat d’un territoire majoritairement à droite où Marine Le Pen arrivait en tête du premier tour en 2017 avec 28,17% des suffrages.
« A moins d’une semaine du premier tour, la situation en Provence Alpes Côte d’Azur tourne de plus en plus nettement à l’avantage du Rassemblement National. Avec 41% des intentions de vote, Thierry Mariani dépasse pour la première fois le score obtenu par Marion Maréchal au scrutin régional de 2015. Au cœur de la dynamique RN, réside la capacité de cette liste à attirer une part croissante d’électeurs de droite (37% des Fillon 2017 vs 33% lors de notre enquête précédente).
La liste de Renaud Muselier résiste toutefois à cette poussée frontiste mais ne pourrait l’emporter au second tour que dans la configuration d’un duel. Ce dernier tournant aujourd’hui de peu à l’avantage de Thierry Mariani. »
Frédéric Dabi, Directeur général de l’Ifop