L’édition 2020 du baromètre d’image des agriculteurs mené par l’Ifop pour Dimanche Ouest France réaffirme le retour de la confiance des Français envers les agriculteurs. En 2019, le monde agricole renouait un lien positif avec les consommateurs, lien qui se stabilise aujourd’hui et tend à s’ancrer plus durablement.
Après plusieurs scandales alimentaires et agricoles, les agriculteurs faisaient l’objet d’une défiance de la population française. Cibles d’« agribashing », ces derniers ont su se mobiliser et communiquer autour de leurs conditions de travail difficiles, notamment des nombreux cas de suicides dans la profession mais aussi sur les efforts déployés par la profession en matière environnementale, afin de redorer leur image. Ce travail n’a pas été sans conséquence puisque les Français ont depuis quelques années une meilleure image des agriculteurs.
Malgré de très légères baisses, 2020 vient confirmer les avancées de 2019 puisque 72 % des Français déclarent pouvoir faire confiance aux agriculteurs (pour 74 % en 2019). Cette tendance se confirme sur presque tous les qualificatifs proposés : 65 % des Français les trouvent « modernes » (68 % en 2019) ; 64% les trouvent « respectueux de la santé » (moins 1 point par rapport à 2019) ; 55% pensent qu’ils sont « respectueux de l’environnement » (moins 2 points) ; 54 % « compétitifs » (idem en 2019) ; 34% « assistés » (moins 1 point) ; et seulement 20 % « égoïstes » (moins 1 point).
Cette stabilisation de l’image positive dont bénéficient les agriculteurs est d’autant plus marquante qu’elle se fait également autour d’items clivants structurant l’actualité comme la question de la protection de l’environnement et du bien-être animal : 55 % des Français considèrent aujourd’hui que les agriculteurs sont « respectueux de l’environnement », et ils sont aussi considérés comme « soucieux du bien-être animal » par 68 % de la population.
Dans la logique de cette dynamique favorable aux agriculteurs, les Français déclarent également être davantage prêts à « payer plus chers les produits agricoles pour assurer un revenu correct aux agriculteurs » (72 % aujourd’hui pour 70 % en 2019). Le facteur revenu est alors en prendre en considération, mais dans une mesure moindre que ce à quoi l’on pourrait s’attendre. En effet, le revenu n’est au départ pas un critère de différenciation dans la volonté de payer des produits agricoles plus chers, il le devient seulement quand il s’agit d’augmenter considérablement les prix (6 % des catégories socio-professionnelles supérieures sont prêts à payer leurs produits 15 % de plus contre 3 % des catégories socio-professionnelles inférieures).
Un autre enseignement que nous pouvons tirer de ces résultats est l’ancrage de la consommation du bio en France. Depuis les années 2000, le nombre de Français déclarant consommer du bio n’a pas cessé d’augmenter. Non seulement les Français sont toujours plus nombreux à acheter du bio, mais ils en consomment de plus en plus régulièrement : aujourd’hui 21 % des Français déclarent consommer du bio « très souvent » contre 6 % en 2008, 11 % en 2011 et 19 % en 2019. Ces adeptes du bio sont généralement issus de catégories socio-professionnelles supérieures et sont prêts à agir pour un meilleur revenu des agriculteurs.