Réalisée peu avant la tenue du Salon de l’Agriculture, la quinzième vague du baromètre Ifop -Dimanche Ouest France sur l’image des agriculteurs révèle une accentuation de la dégradation des représentations associées aux exploitants agricoles déjà amorcée en 2013. Si l’image reste globalement positive, on note des chutes assez marquées, notamment sur les dimensions santé et environnementale.
Ainsi, alors que plus de deux Français sur trois considèrent toujours que les agriculteurs sont modernes (68%, stable), on observe une forte érosion de la confiance qu’ils leur accordent, tant en tant que consommateur que s’agissant de leur santé. En dépit de l’absence de scandale alimentaire majeur depuis celui de la viande de cheval début 2013, la représentation des agriculteurs comme des professionnels en qui les consommateurs peuvent avoir confiance est toujours largement majoritaire (67%), mais enregistre une baisse de 3 points depuis 2014 et de 13 points depuis 2013, soit un niveau qui n’avait plus été observé depuis 2009. La part de Français estimant que les agriculteurs sont respectueux de leur santé suit une trajectoire similaire, atteignant elle aussi un nouveau plancher (52%) et présentant une diminution conséquente depuis 2 ans (-7 points depuis 2014, -17 points depuis 2013). L’émergence de ces préoccupations est probablement due à l’appropriation progressive d’un discours diffus s’agissant des risques alimentaires pesant sur la santé des Français, même en l’absence de crises particulières.
Probablement encore marqués par les débats réguliers sur l’état et le devenir de la PAC, les Français se montrent relativement critiques sur la capacité des agriculteurs à s’imposer dans le jeu économique mondial. Un peu plus d’une personne interrogée sur deux (52%) estime que les agriculteurs sont compétitifs (-12 points depuis 2012) et une proportion similaire (47%) les juge « assistés » (+3 points depuis 2014).
Le respect de l’environnement constitue un autre point de crispation formulé par les Français à l’égard des agriculteurs, alors que la profession s’est vue interdire l’épandage aérien en septembre dernier. Seuls 44% considèrent que ce trait d’image s’applique bien aux exploitants agricoles, soit une baisse de 5 points depuis 2014 et de 12 points depuis 2012. Il faut remonter à l’été 2009 et à la crise laitière pour retrouver un niveau de critique aussi élevé sur cette dimension.
Outre ce reflux plus ou moins important enregistré sur les dimensions positives associées aux agriculteurs, on note une légère augmentation de la proportion de Français les jugeant négativement. Ainsi, un peu moins d’un interviewé sur trois (29%, +3 points depuis 2014) les voient comme « égoïstes ». Les évènements qui ont émaillé la fin d’année, comme les violences commises dans le Finistère en septembre (incendie d’une perception) ou en novembre à Nantes ont semble-t-il affecté la perception des Français, qui sont désormais 20% à estimer que les agriculteurs sont « violents » (+4 points depuis 2014).
Globalement, cette baisse de la perception positive des agriculteurs se retrouve au sein de l’ensemble des catégories de la population française, même si les femmes se montrent généralement moins sévères que les hommes pour l’ensemble des traits d’image testés.
Néanmoins, en dépit du reflux observé sur les traits d’image des agriculteurs, la part de Français disposés à payer leurs produits plus chers pour assurer un revenu correct aux agriculteurs est stable et majoritaire. 55% affirment être prêts à consentir cet effort, dont 39% pourraient payer leurs produits 5% plus chers. Un peu plus d’une personne sur dix (13%) pourrait payer un supplément de 10% quand seuls 3% seraient prêtes à payer plus de 15% supplémentaires. Dans le détail, les cadres et professions libérales (72%), les personnes âgées de 65 ans et plus (62%), ainsi que les habitants de l’agglomération parisienne se montrent les plus prompts à débourser davantage pour assurer un revenu corrects aux agriculteurs.
partager