A l’heure du déconfinement, la crise économique inquiète de plus en plus les Français. Si au début du mois de mai les Français considéraient déjà la crise économique comme une plus grande menace pour le pays que l’épidémie de coronavirus, cette tendance tend à fortement se confirmer comme le révèle l’étude Ifop pour NO COM réalisée à la fin du mois de mai. Si la crise économique était considérée comme la principale menace pour le pays par 58% des Français, aujourd’hui ils sont 79% (soit 21 points de plus) à le penser, contre 21% à considérer l’épidémie de coronavirus comme un problème plus grave.
Cette tendance se confirme, certes dans une moindre mesure, à l’échelle personnelle puisque 58% des Français ont davantage peur des impacts de la crise économique sur leur vie et celle de leurs proches alors que 42% d’entre eux ont surtout peur d’être infectés par le virus.
En parallèle de cette préoccupation pour l’activité économique, on note un resserrement dans l’arbitrage entre précaution sanitaire et relance économique. Si avant le déconfinement 65% des Français étaient en faveur d’un excès de précaution sanitaire pendant que 35% favorisaient un retour à la normale rapide pour protéger l’économie française, ils sont aujourd’hui 55% à toujours préférer la prudence d’un point de vue sanitaire mais de plus en plus à souhaiter un retour à la normale (45%).
Quand on s’attarde sur le profil des personnes les plus sensibles aux questions économiques, on se rend compte qu’il s’agit des plus impactées dans leur vie personnelle par la crise économique. En effet, parmi les français déclarant être touchés durement par la crise économique, 54% préfèrent une relance économique à un excès de précautions sanitaires contre 46% chez les personnes déclarant de pas être touchées durement par la crise économique. Mais quel pan de la population la crise économique a-t-elle le plus impacté ? Il s’agit sans surprise des classes pauvres et populaires. En effet, 70% personnes issues des classes pauvres contre 38% des moyennes supérieures déclarent être touchées durement par la crise économique. Du point de vue de l’emploi, les chômeurs et dirigeants d’entreprises, dont les indépendants, sont les catégories déclarant le plus être touchés durement par la crise : 65% de chômeurs et 74% dirigeants d’entreprises contre 51% des actifs en activité.
Concernant la confiance envers divers acteurs dans la crise du coronavirus, sans surprise les hôpitaux et autres acteurs sanitaires bénéficient d’une forte confiance de la population malgré une légère baisse par rapport au début du mois de mai (91% pour les médecins, 91% pour les hôpitaux et 86% pour les pharmaciens). Les mairies bénéficient également de la confiance des Français à hauteur de 74% alors que le gouvernement plafonne en dessous des 40% (39% des français font confiance au gouvernement concernant la crise du coronavirus). Les institutions décentralisées bénéficient généralement d’un soutien de la population plus fort par rapport au gouvernement, ce qui se confirme également ici dans la cadre d’une crise d’ordre sanitaire. Quant aux réseaux d’information et de communication comme les médias et les réseaux sociaux, ces deniers sont mis de côtés par les Français qui sont peu à considérer qu’ils remplissent leur rôle durant cette crise : 29% des Français font confiance aux médias et 16% aux réseaux sociaux.
Concernant l’aspect économique de cette crise, les collectivités locales sont encore préférées par les Français, qui sont 71% à croire en leur capacité à faire face aux impacts économiques alors qu’ils ne sont que 39% à faire confiance à l’Etat. Les acteurs privés, et notamment les banques et assurances, ne sont pas perçus par les Français comme un appui stable (34% et 24% des Français font confiance aux banques et aux compagnies d’assurance). La déception des professionnels envers leurs assurances pour les accompagner dans la baisse d’activité s’est d’ailleurs fait ressentir dès les premiers instants de la crise sanitaire et se confirme encore ici après le déconfinement en s’étendant aux représentations de l’ensemble de la population.
Concernant les Etats-Unis, les craintes liées à l’épidémie de coronavirus et les impacts de cette dernière sur la population sont toujours bien présentes. En effet, 61% des Américains considèrent que l’épidémie de coronavirus est la principale menace qui pèse actuellement sur le pays pour seulement 39% qui s’inquiètent davantage pour la crise économique. On retrouve la même dynamique concernant la crainte de la population par rapport aux impacts personnels sur soi et ses proches. On note une inversion de la tendance par rapport aux Français. Cela peut s’expliquer par la différence de gestion de la crise sanitaire et la force de l’épidémie qui touche particulièrement le pays. De plus, la primauté est laissée à la mise en place de mesures de protection sanitaire importantes, ce qui s’inscrit dans la préoccupation accrue des Américains encore craintifs de l’épidémie de coronavirus (seulement 34% des Américains souhaitent un retour à la normale favorisant une relance économique, contre 45% de Français).
Par ailleurs, on retrouve la même hiérarchie qu’en France lorsque l’on demande à la population américaine en quelle entité elle a le plus confiance pour assurer leur rôle dans la crise sanitaire : le pôle santé est en tête avec des taux de confiance compris entre 88% et 93% quand le gouvernement fédéral, les médias et les réseaux sociaux font l’objet d’une confiance moindre. En revanche, si les Américains expriment la même défiance que les Français, ils ne l’expriment pas dans les mêmes proportions puisque les taux de confiance restent largement plus élevés qu’en France. Si le gouvernement fédéral, les médias et les réseaux sociaux sont les entités avec le plus faible taux de confiance exprimé par la population, ce dernier reste cependant élevé avec 52% pour le gouvernement fédéral, 50% pour les médias et pas moins de 40% pour les réseaux sociaux. Autre différence : la grande distribution. Aux Etats-Unis, 82% de la population lui fait confiance pour affronter la crise économique, contre 51% en France.