Réalisée à un mois du premier tour de l’élection présidentielle et à l’issue d’une semaine marquée par les drames de Montauban et Toulouse, la sixième vague du baromètre Ifop-Fiducial pour Paris-Match/ Europe 1 / Public Sénat révèle les enseignements suivants sur le rapport de force électoral :
1. Une incertitude sur l’ordre d’arrivée de premier tour entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. A l’instar de la précédente enquête, Nicolas Sarkozy arrive en tête du premier tour avec 28,5% des intentions de vote et devance François Hollande qui recueille 27%. L’écart de 1,5 point entre ces deux candidats est inchangé par rapport à la dernière vague d’enquête. Il demeure ténu et traduit l’incertitude s’agissant de l’ordre d’arrivée le 22 avril prochain. En effet, Nicolas Sarkozy, s’il se rapproche de son socle électoral de la dernière élection présidentielle (31,1%), reste stable et n’a pas tiré profit depuis notre dernière enquête de l’éclaircissement de l’offre électorale à droite (retrait de la candidature de Dominique de Villepin). Néanmoins, dans le sillage de la droitisation de sa campagne, il poursuit le rassemblement de son camp. Il obtient par exemple 44% des intentions de vote chez les personnes âgées de 65 ans et plus (+9 points), 47% des artisans et commerçants. Dans le même temps, bien qu’il soit parvenu à stopper l’hémorragie de son score de premier tour, François Hollande subit des reculs auprès de segments spécifiques (-7 points chez les 25-34 ans, -3 points parmi les 65 ans et plus, -5 points chez les employés), compensés par des progressions chez les 35-49 ans (31%, +6) et parmi les salariés du secteur public (35%, +5), segments de la France du travail, particulièrement critiques sur le bilan socioéconomique du président sortant.
2. Le second tour : la question clef des reports de voix des électorats. Au second tour, les intentions de vote demeurent très favorables à François Hollande qui pointe à 54%, contre 46% pour le président sortant. Toutes les catégories sociodémographiques restent acquises au candidat socialiste, à l’exception des personnes âgées de 65 ans et plus (40% le choisissent, contre 60% pour Nicolas Sarkozy) et les artisans et commerçants (40% – 60%). Même si l’avance sur Nicolas Sarkozy reste très importante, le candidat socialiste subit une érosion d’un demi-point par rapport à la dernière mesure. Cette évolution ne s’explique pas au regard des rapports de force de premier tour (ces derniers indiquent toujours un score pour la droite parlementaire à un niveau particulièrement bas : 29,5% contre 43% pour la gauche), mais bien par des reports de voix du premier au second tour plus favorables à Nicolas Sarkozy. Ainsi le président-candidat bénéficie au second tour du soutien de 43% des électeurs de François Bayrou au premier tour, soit 9 points de plus que lors de la dernière vague du baromètre ; dans le même temps, les reports de voix des électeurs centristes en faveur de François Hollande reculent nettement (32% contre 41% mi-mars). Mais surtout, le candidat socialiste enregistre un déclin significatif du report de voix des électeurs de Jean-Luc Mélenchon : « seuls » 79% d’entre eux (contre 90% il y a deux semaines) choisiraient François Hollande, une part croissante s’orientant vers l’abstention (16%). Manifestement, tout se passe comme si le vote mélenchoniste de premier tour avait tendance à « s’autonomiser » et à moins constituer que par le passé un tremplin vers le vote Hollande au second. Quant aux électeurs de Marine Le Pen, ils se reportent toujours davantage vers Nicolas Sarkozy (39%) que vers François Hollande (31%).
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