Réalisée une semaine après l’entrée officielle dans la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, la quatrième vague du baromètre Ifop-Fiducial pour Paris-Match / Europe 1 / Public Sénat révèle les enseignements suivants sur le rapport de force électoral, à presque 50 jours du premier tour :
1. Un net resserrement de l’écart entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Comme lors des enquêtes précédentes, François Hollande se place en tête du premier tour avec 28,5% des intentions de vote. Néanmoins, le fait majeur de cette vague réside dans le net resserrement de l’avance du candidat socialiste sur Nicolas Sarkozy : de 6,5 points fin janvier au lendemain de la séquence du Bourget, puis 5 points mi-février, l’écart entre les deux prétendants n’est plus que 1,5 point. Ce resserrement tient d’abord à l’érosion du score de François Hollande (en baisse de 1,5 point) et à la progression des intentions de vote en faveur de Nicolas Sarkozy (+2 points). Avec 27%, le candidat de l’UMP recueille un score jamais atteint lors des enquêtes précédentes et bénéficie d’un double phénomène. D’une part le champ électoral s’éclaircit à droite du fait du ralliement sur la candidature Sarkozy de Christine Boutin, Hervé Morin et Frédéric Nihous. D’autre part, le président sortant, au-delà de la consolidation de son électorat traditionnel (41% chez les personnes âgées de plus de 65 ans, contre 23% pour François Hollande), progresse et ce pour la première fois, dans des segments de population constituant « la France du travail » : + 3 points chez les 35-49 ans et les professions intermédiaires, +4 points parmi les cadres et les professions libérales. Pour autant, Nicolas Sarkozy, encore en-deçà de son étiage du 22 avril 2007 (31,1%), n’est aujourd’hui pas parvenu à invalider l’exception de cette campagne électorale, à savoir un président sortant devancé par le principal candidat d’opposition.
2. Un second tour qui demeure le reflet de l’anti-sarkozysme. Le resserrement de l’avance de François Hollande sur Nicolas Sarkozy ne se traduit pas par un mouvement analogue au second tour. Celui-ci demeure favorable au candidat socialiste qui l’emporterait toujours très largement face au candidat de l’UMP (56,5% contre 43,5%), et ce dans la plupart des catégories de population. Nicolas Sarkozy n’arrive en tête que dans les segments les plus traditionnels de la droite : personnes âgées de plus de 65 ans, artisans-commerçants. A presque 50 jours du scrutin, le président sortant pâtit d’un retard inédit sous la Vème République. Il se trouve confronté à la double difficulté électorale rencontrée au second tour depuis le début du quinquennat par tout candidat ou liste de droite, à savoir de faibles réserves de voix et des reports insuffisants des électeurs du centre et du Front National. A peine 28% de l’électorat François Bayrou et 39% des électeurs frontistes se reporteraient sur Nicolas Sarkozy (respectivement, 45% et 26% iraient au second tour vers François Hollande). A cette double difficulté, il convient d’ajouter le poids déterminant de l’anti-sarkozysme : 61% des personnes s’apprêtant à voter pour François Hollande au second tour le feraient par rejet du président sortant, 39% seulement souhaitant avant tout l’élection du candidat socialiste.
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