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L’AMBITION A T ELLE UN GENRE ? Enquête auprès des lycéen(e)s sur la confiance en soi dans le cadre scolaire et professionnel

La réforme du lycée a-t-elle eu un impact sur les inégalités de genre traditionnellement observées dans les choix d’orientation et de filières professionnelles ? Retrouve-t-on dans la génération « Metoo » actuellement au lycée des différences hommes-femmes en matière d’ambition professionnelle et de confiance dans leurs capacités à occuper des postes de direction ? Alors que le choix des spécialités se fait désormais dès la fin de l’année de seconde, les disparités (genres, origines sociales…) observables durant cette étape centrale du parcours scolaire des jeunes préfigurent-elles toujours une division genrée du travail, à savoir les spécialités sanitaires et sociales, santé et habillement pour les filles, les mathématiques/IT/industrie pour les garçons ? Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1 000 élèves inscrits dans le second cycle du second degré, cette étude menée par l’Ifop pour Delta Business School révèle la persistance de certaines disparités de genre en matière d’orientation et de filières. Toutefois, dans cette génération à la croisée des diverses modifications structurelles de la société, on observe des écarts pas toujours très conséquents en matière d’ambitions scolaires ou professionnelles, signe que la mentalité des filles évolue !

 

La confiance en soi dans le cadre scolaire : entre « genrification » et déterminisme social

  • Si la confiance en soi dans le cadre scolaire va avoir un impact sur l’épanouissement et les choix des élèves notamment en termes d’orientation, cette étude révèle des disparités de genre et sociales En effet, alors que les lycéens sont 87% avoir confiance en eux (dont 28% « tout à fait »), la situation des lycéennes donne à voir un taux de confiance nettement inférieur (64%, dont 14% de « tout à fait »).
  • Le déterminisme social apparait également comme un facteur impactant dans la vision des lycéen(e)s de leurs capacités scolaires : 50% de ceux issus des catégories aisées déclarent une forte confiance en eux, contre 11% des catégories modestes.

 

L’ambition : une notion de moins en moins genrée et de moins en moins associée à la recherche de pouvoir

  • L’ambition, notion pendant longtemps présentée comme masculine, apparait quant à elle comme de moins en moins genrée. D’abord parce que les hommes et les femmes déclarent des taux d’ambition relativement similaires (87% pour les lycéens et 82% pour les lycéennes). Ensuite car ces derniers sont une nette majorité (68%) à penser que les hommes et les femmes ont autant d’ambition les uns que les autres.

 

  • De plus, l’ambition apparait plébiscitée par les lycéens qui sont une très grande majorité à se reconnaitre dans cette idée. Dans le détail, cette caractéristique semble se renforcer avec l’âge (17% des lycéen(e)s de 15 ans se disent « très ambitieux » contre 28% de ceux de 18 ans) et reste l’apanage des bons, voire très bons élèves (46% des très bons élèves sont très ambitieux contre 5% des mauvais élèves).

 

  • Par ailleurs, quand on regarde l’idéal professionnel de ces lycéen(e)s, les notions de pouvoir, d’admiration et d’argent n’arrivent pas en tête de leurs préoccupations. L’ambition des lycéen(e)s d’aujourd’hui serait davantage de prendre le pouvoir de leur vie en faisant un travail qui leur plait, qui a du sens, tout en pouvant organiser son temps. L’ambition des lycéen(e)s c’est le bonheur, une ambition pour eux et pas pour les autres.

 

La projection dans l’enseignement supérieur : une division encore sexuée de l’orientation des lycéen(e)s

  • Alors que le baccalauréat est de plus en plus accessible (environ 91% de réussite l’année dernière), une écrasante majorité (91%) de lycéen(e)s déclarent souhaiter poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur. Des disparités apparaissent tout de même. D’abord, les filles sont plus nombreuses à être certaines de ce choix (71% veulent « certainement » poursuivre leurs études contre 62% des garçons) manifestant peut-être ici une forme de « syndrome de la bonne élève ». Ensuite, un plafond de verre social semble persister et faciliter la projection dans le supérieur des élèves issus des catégories plus aisés : 81% des lycéen(e)s avec des parents cadres sont certains de vouloir poursuivre après le bac, contre 68% dont les parents sont des employés.

 

  • Au-delà de ce net mouvement du lycée vers les études supérieures, l’observation plus approfondie des choix des élèves en matière d’orientation révèle des disparités de genre à deux niveaux : de nombreuses études le montrent, les lycéennes ont tendance à moins s’orientent vers les filières scientifiques, ce qu’on dit moins, c’est que quand elles le font c’est dans le secteur médical ou paramédical qu’on les retrouve. En effet, 19% d’entre elles souhaitent se diriger vers les disciplines de santé, contre 6% des garçons. Le choix de ces métiers dits du « care », est l’illustration de dynamiques sociales observées à l’âge adulte et qui se jouent dès le lycée.

 

Les lycéen(e)s et le monde professionnel : l’affranchissements de la doctrine « travailler pour vivre et vivre pour travail » ou l’avènement de l’entrepreneuriat.

  • La figure de l’entrepreneur séduit fortement les lycéen(e)s, et aussi bien les filles que les garçons : 86% d’entre eux se sentent capables de créer un jour leur entreprise. Ce résultat est peut-être le reflet du succès de l’image du self made man/woman ou de la business woman/man véhiculée par certains influenceurs et célébrités sur les réseaux sociaux.

 

  • La création d’entreprise apparait également comme un moyen pour les lycéen(e)s de mieux répondre à leurs attentes à l’égard du travail, plus en adéquation avec l’entrepreneuriat qu’avec le salariat. Nous observons depuis quelques années, et encore plus depuis la crise du covid, une remise en question de la figure tutélaire du sacrosaint CDI. De nombreuses enquêtes d’opinion l’ont déjà montré, les jeunes actifs n’hésitent pas à démissionner et à se réorienter, et ces enjeux semblent se jouer dès le lycée. En effet, parmi les perspectives de carrière imaginées par les lycéen(e)s on retrouve en tête « faire un métier qu’on aime (85%), la notion de sens (81%) ou encore le souhait « d’être respecté(e) » (78%), bien devant l’argent (48%), la notoriété (23%) ou le pouvoir (21%).

 

Le point de vue de Louise Jussian, chargée d’étude sénior au pôle Genre, sexualité et santé sexuelle de l’Ifop :

 

« Cette étude montre que le genre est une variable importante qui peut conditionner tant l’orientation des études que les attentes et craintes exprimées vis-à-vis de sa future vie professionnelle. Moins sûres d’elles dès le lycée, les femmes auront tendance, comme le soulignent d’autres enquêtes, à solliciter moins d’augmentations, à s’autocensurer et à se heurter à un plafond de verre dans leur carrière. Les jeunes filles interrogées ont tout à fait conscience de ces problématiques lorsqu’elles sont plus de 8 sur 10 à dire qu’elles veulent être respectées dans leur vie professionnelle et y trouver la confiance et la reconnaissance des compétences qu’elles ne s’accordent pas toujours. Plus globalement, les lycéens partagent les aspirations largement exprimées aujourd’hui par les jeunes salariés : faire avant tout un métier qu’on aime et qui a du sens. Aspirations qui conduisent la majorité d’entre eux à souhaiter créer leur propre entreprise afin d’être maitres de l’organisation de leur vie professionnelle et personnelle. Enfin, au-delà du genre, le déterminisme social reste très fort : les jeunes issus des classes le plus aisées sont aussi ceux qui ont le plus confiance en eux, le plus d’ambition et la plus forte volonté de créer leur entreprise. »

 

 

Étude Ifop pour Delta Business School réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 22 au 30 novembre 2022 auprès d’un échantillon national représentatif de 1 006 lycéen(e)s, représentatif de la population lycéenne.

 

 

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Les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 006 lycéen·nes, représentatif de la population lycéenne âgée de 15 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon de lycéen·nes a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, académie, niveau d’études). Les critères d’échantillonnage et de redressement ont été déterminés à partir de des statistiques officielles du ministère de l’Education (RERS 2020) pour l’ensemble de population scolarisée dans le second cycle du second degré (lycée)
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto administré en ligne du 22 au 30 novembre 2022.

Vos interlocuteurs

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Louise Jussian Cheffe de groupe - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 006 lycéen·nes, représentatif de la population lycéenne âgée de 15 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon de lycéen·nes a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, académie, niveau d’études). Les critères d’échantillonnage et de redressement ont été déterminés à partir de des statistiques officielles du ministère de l’Education (RERS 2020) pour l’ensemble de population scolarisée dans le second cycle du second degré (lycée)
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto administré en ligne du 22 au 30 novembre 2022.

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