Ras le bol fiscal, fronde des automobilistes, poursuite du phénomène de « dégagisme » : de nombreuses significations ont été données au mouvement des « gilets jaunes ». On peut également y voir les premiers symptômes de la « démoyennisation » de la société française.
Via ce processus, pendant les Trente Glorieuses et après, moins puissamment, toute une partie des catégories populaires et du bas des classes moyennes, s’est arrimée pleinement à la société française, notamment par le prisme de la consommation. Ils ont pu par exemple se doter d’un équipement pour leur foyer cochant toutes les cases du standard minimum exigé, c’est-à-dire une voiture et de l’électroménager. L’accès aux loisirs et aux vacances était assuré et l’horizon d’une vie, ouvriers et employés pouvaient envisager l’accession à la propriété. S’est ainsi constitué un vaste corps central, rassemblant selon la définition de Valéry Giscard d’Estaing « Deux Français sur trois ». Cette moyennisation s’est notamment illustrée par le règne de l’hypermarché, où chacun allait faire ses courses. Tout le monde ne mettait certes pas la même chose dans son caddie, mais tous se fournissaient dans un même lieu.