A l’occasion du 50e anniversaire de la promulgation de la loi Veil, l’Ifop pour le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis a réalisé une étude pour connaître les perceptions et les conditions d’accès à l’IVG en Seine-Saint-Denis.
Les habitantes du département de Seine-Saint-Denis semblent tout aussi optimistes que les Françaises s’agissant des conditions d’accès à l’IVG près de chez elles, plus de 8 sur 10 d’entre elles l’estimant facile. Elles font néanmoins part de certains préjugés à l’égard du territoire : par rapport au reste de la France, il serait plus difficile pour les femmes y résidant d’avoir recours à l’avortement. En réalité, ce n’est pas tant un manque de structures et de professionnels que les Séquano-Dionysiennes déplorent, mais bien un déficit d’information en la matière. Ainsi, elles en appellent à une meilleure valorisation de l’existant, qui en plus d’améliorer concrètement l’accès à l’IVG au sein du département, pourrait éventuellement lever les a priori négatifs sur l’accès aux soins en général sur ce territoire.
Les chiffres clés :
I. Les habitantes de Seine-Saint-Denis jugent l’accès à l’IVG tout aussi facile que le reste des Françaises, mais partagent tout de même des a priori négatifs quant aux conditions d’avortement sur leur territoire
- 8 habitantes sur 10 estiment qu’il est facile d’accéder à l’avortement aujourd’hui près de chez elles (80%) : une proportion similaire à celle de l’ensemble des femmes en France (76%)
- Pour autant, lorsque le département de la Seine-Saint-Denis est évoqué, une part non négligeable partage le sentiment que ce territoire est défavorisé en matière d’accès à l’IV : un quart des habitantes du territoire déclarent qu’il est plus difficile d’accéder à l’avortement dans leur département (24%)
- En outre, les femmes interrogées sont significativement plus nombreuses à identifier des freins dans leur département (97%, vs 90% pour l’ensemble des femmes). Trois obstacles sont significativement plus prononcés au sein du département (vs le territoire national) : la peur du jugement ou de remarques (59%, vs 48% pour les femmes sur le territoire national), les temps d’attente pour consulter un professionnel de santé (48%, vs 38%) et le manque d’information sur l’avortement (43%, vs 32%)
II. Le manque d’information sur l’avortement : un autre préjugé ?
- Bien que les habitantes du département pointent particulièrement du doigt un déficit d’information en matière d’IVG sur leur territoire, elles semblent tout autant – si ce n’est plus informées – sur les conditions d’accès à l’avortement que les Françaises : plus de 8 Séquano-Dyonisiennes sur 10 estiment être bien informées pour entamer leur parcours dans le cas d’une grossesse non désiré.
- Néanmoins, les doutes sur leurs connaissances émergent au fil de l’enquête : les habitantes sont finalement peu nombreuses à connaître la possibilité d’avorter dans les différentes structures près de chez elles, à l’exception des hôpitaux (64% estimant que c’est possible). Elles sont seulement 40% à savoir qu’elles peuvent réaliser leur IVG au sein du Planning familial et moins de 26% dans le reste des structures.
III. Des attentes axées sur l’information et le soutien
- Une des priorités est d’apporter de la rassurance, un soutien psycho-social pour prendre en charge les aspects émotionnels (63%). A même hauteur quasiment, émerge un besoin d’améliorer les informations sur le droit et le parcours de l’avortement (62% considèrent que c’est une action prioritaire).
- In fine, il s’agit davantage de faire mieux connaître les structures existantes que de les développer. Alors que 6 femmes interviewées sur 10 jugent prioritaire l’amélioration de l’information (62%), elles ne sont comparativement qu’un tiers à souhaiter que d’autres centres se développent (35%) ou que d’autres médecins soient formés à la pratique (34%).