Baromètre JNA la santé auditive au travail – Vague 4
La perception d’une gêne causée par le bruit recule chez les actifs, mais les télétravailleurs restent davantage concernés par cet enjeu que la moyenne
En septembre 2021, moins d’un actif français sur deux (49%) se dit gêné par le bruit et les nuisances sonores sur son lieu de travail. Ce chiffre, s’il reste conséquent et problématique, passe pour la première fois sous la barre symbolique des 50% depuis 2017 (-4 pts vs 2020 et -10 pts vs 2019). Dans le détail, 16% des actifs disent souffrir du bruit « souvent » et 33% « de temps en temps ».
Comme observé lors des vagues précédentes, certains profils sont davantage concernés par cet enjeu que d’autres :
- Les secteurs de l’industrie (67%) et du BTP (53%)
- Les catégories populaires (53%) et notamment les ouvriers (62%)
- Les Parisiens (56%)
- Les jeunes (52% des moins de 35 ans)
Le grand enseignement de l’enquête 2020, qui révélait une expérience accrue du bruit et des nuisances sonores chez les télétravailleurs, se confirme cette année : 56% des actifs en télétravail 4 à 5 jours par semaine disent souffrir du bruit au travail, et 59% de ceux en télétravail 2 à 3 jours par semaine (soit +10pts et +13pts vs ceux qui sont continuellement présents sur site).
Le télétravail demeure donc un facteur différenciant dans le vécu des actifs, et ne concerne qu’un tiers d’entre eux (35%), chiffre similaire à celui enregistré en 2020 (34%). Plus précisément, 9% travaillent entre 5 et 4 jours par semaine en home office, 15% entre 3 et 2 jours et 11% un jour ou moins, des résultats stables par rapport à l’année dernière. La pratique du télétravail s’est donc pérennisée, et concerne davantage les cadres (66%), l’agglomération parisienne (46%) et les entreprises de plus de 1000 salariés (40%). Au total, l’ensemble des actifs français pratiquent en moyenne 0,9 jour de télétravail par semaine.
Le retour sur site des télétravailleurs semble aller de pair avec un retour des nuisances sonores perçues comme naturelles, voire inévitables, au travail en présentiel
Le site de travail demeure le lieu où les nuisances sonores sont les plus prégnantes : 47% des actifs qui expérimentent le télétravail estiment que le bruit les gêne davantage en présentiel contre 17% en télétravail. Ce constat est partagé par toutes les catégories de population, mais est plus fort chez les salariés, les femmes et les actifs travaillant dans les plus grandes entreprises. Les indépendants sans salariés, quant à eux, ainsi que les moins de 35 ans, les catégories populaires et foyers avec enfant vivent plus difficilement que la moyenne le bruit en télétravail. Cela peut s’expliquer par une promiscuité plus difficile à supporter dans les foyers nombreux, ou par un réflexe moindre de protection auditive chez ces populations lorsqu’elles sont en télétravail.
Interrogés ensuite sur l’évolution de leur sensibilité au bruit depuis le retour en présentiel, une majorité relative de télétravailleurs (45%) déclarent qu’elle n’a pas changé, 13% n’étant pas concernés par la situation. Parmi ceux qui ont observé un changement, 30% considèrent que leur sensibilité au bruit a augmenté, soit presque trois fois plus que ceux pour qui elle a diminué. Ce phénomène touche davantage les femmes, les cadres et les personnes travaillant dans les entreprises de plus de 250 salariés. Le retour sur site des télétravailleurs s’accompagne donc d’une acuité plus forte quant aux les bruits « parasites » propres au travail sur site : la présence des collègues, les conversations informelles, le matériel informatique (photocopieuse, machine à café…).
Le sentiment que le bruit fait partie de l’environnement de travail et du dynamisme collectif est d’ailleurs identifié comme l’un des principaux freins à la réduction du bruit au travail, cité en premier par 18% des actifs français (35% au total). Dans les mêmes proportions, 17% voient comme obstacle premier un certain fatalisme, l’idée qu’on ne peut pas y faire grand-chose (32% au total), 15% le manque d’informations sur les impacts du bruit sur la santé (29% au total), et 17% le manque de civilités et de solidarité chez certains collègues (28% au total), associant ainsi les nuisances sonores à la responsabilité individuelle, et par là-même à des maux pouvant être contenus ou atténués.