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La position de l’opinion publique sur la GPA et les questions LGBT dans la campagne des élections européennes

Alors que le débat sur la GPA a été relancé par la révision d’une directive du Parlement européen et les critiques de Marion Maréchal envers une personnalité y ayant eu recours, l’Ifop et ADFH publient une enquête qui montre plus que jamais le décalage entre un milieu politique très réservé sur le sujet et une opinion publique désormais très largement favorable à une évolution législative.

 

… Marion Maréchal et la GPA, le grand désaveu ?

 

Avec ses propos dénonçant l’absence de mère des enfants d’un designer français nés via GPA (« Où est la maman ?», X, 23 avril), Marion Maréchal a suscité une indignation dans les rangs de la gauche et du centre (ex : Clément Beaune, Élisabeth Borne, Olivier Dussopt, Ian Brossat…) qui pousse à se poser la question du soutien dont la candidate dispose dans la bataille d’opinion qui se joue sur ce sujet.

 

1 – Or, la candidate Reconquête est loin d’être soutenue dans l’opinion : à peine 29% des Français approuvent ses propos selon lesquels la GPA serait une pratique « monstrueuse et honteuse » (CNews), contre 55% qui ne partagent pas son point de vue et 16% qui n’ont pas d’avis sur le sujet. Et dans le détail, aucune catégorie de la population ne partage majoritairement son point de vue, exception faite des catholiques pratiquants (64%) et des ex-électeurs Pécresse à la présidentielle (56%).

 

2 – Dans ce contexte, la nièce de Marine Le Pen apparaît très logiquement comme la candidate aux élections européennes la plus hostile aux droits des LGBT : 58% des Français jugeant la candidate Reconquête opposée aux avancées des droits des LGBT, soit davantage que Jordan Bardella (49%) et François-Xavier Bellamy (26%). A noter toutefois que sur le sujet des LGBT, son image est très similaire à celle d’Eric Zemmour en 2022, perçu lui aussi à l’époque comme le plus anti-LGBT (59%).

 

… Une adhésion massive au principe de GPA, des avis plus partagés sur ces modalités

 

Ce désaveu tient au fait que sur le principe, la légalisation de la GPA ne suscite plus aujourd’hui beaucoup de résistance en dehors des électeurs zémmouriens et, dans une moindre mesure, des électeurs RN et LR.

 

3 – Au cours des dix dernières années, l’opinion publique a en effet évolué très largement en faveur du principe d’une légalisation de la GPA, le soutien au recours aux mères porteuses étant désormais nettement majoritaire aussi bien pour les couples hétéros (71%, contre 60% en 2014) que pour les couples gays (56%, contre 41% en 2014).

 

4 – Cette décrispation de l’opinion sur un sujet qui fut agité comme un chiffon rouge par la droite conservatrice lors des débats sur la loi Taubira (2012-2013) et sur la PMA (2021) va de pair avec une amélioration de l’image des mères porteuses : près des trois quarts des Français (72%) en ont aujourd’hui une bonne image, contre moins des deux tiers il y a dix ans (64% en 2014).

 

5 – La ligne de fracture porte en réalité moins sur le principe de la GPA que sur ses modalités : le principe d’une rémunération des mères porteuses étant de plus en plus rejeté si l’on juge par la proportion croissante de personnes qui estiment qu’une mère porteuse ne pourrait pas être rémunérée pour une GPA : 61% aujourd’hui, contre 52% en 2022.

 

… Une acceptation croissante du principe d’homoparentalité

 

6 – Confirmant les tendances observées par le CEVIPOF, ces résultats montrent que l’opinion publique est de moins en moins clivée sur la question de l’adoption par des couples de même sexe : la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe est jugée positivement par une majorité de répondants (71%), y compris parmi les sympathisants LR (53%) et les sympathisants RN (64%).

 

7 – Autre indice de la tolérance à l’égard des modèles parentaux sortant de la « norme hétéro » : les deux tiers des Français (68%) estiment qu’un couple homosexuel vivant avec ses enfants constitue une famille à part entière, soit +7 points depuis octobre 2014 (61%). Les familles homoparentales sont reconnues par une large majorité des électeurs RN (60%) et même par la moitié des électeurs de Marion Maréchal (48%), signe que l’électorat nationaliste est sans doute plus progressiste sur ces sujets que ses représentants…

 

 

Le point de vue de François Kraus de l’Ifop :

 

Cette étude confirme le hiatus entre l’opinion des Français sur la GPA, qui y est structurellement de plus en plus ouverte, et le mutisme d’une classe politique qui, à quelques exceptions, ne défend pas cette cause. L’impact du discours sur la « marchandisation des corps » semble toutefois porter ses fruits avec une opinion de plus en plus hostile à la rémunération des mères porteuses, signe que sa position sur le sujet peut encore fluctuer en fonction du contexte, du degré de mobilisation sociale ou de l’ampleur du débat public sur le sujet.

Documents à télécharger

Les résultats Le communiqué de presse

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

La représentativité de l’échantillon global a été assurée par la méthode des quotas au regard :
- De critères sociodémographiques : sexe de l’individu ; âge de l’individu ;
- De critères socioprofessionnels : profession de l’individu ;
- De critères géographiques : région et taille de l’unité urbaine de la commune résidence
Ces quotas ont été définis à partir des données de l’INSEE pour la population âgée de 18 ans et plus résidant en métropole (Enquête Emploi 2020).

Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 26 au 29 avril 2024.

Vos interlocuteurs

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Hugo Lasserre Chef de Groupe - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

La représentativité de l’échantillon global a été assurée par la méthode des quotas au regard :
- De critères sociodémographiques : sexe de l’individu ; âge de l’individu ;
- De critères socioprofessionnels : profession de l’individu ;
- De critères géographiques : région et taille de l’unité urbaine de la commune résidence
Ces quotas ont été définis à partir des données de l’INSEE pour la population âgée de 18 ans et plus résidant en métropole (Enquête Emploi 2020).

Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 26 au 29 avril 2024.

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