1 / Les Français ne font pas confiance au gouvernement pour lutter contre le sexisme en général et contre les violences sexistes en politique particulier
Alors que ces dernières années, nombre de ministres macronistes ont fait l’objet d’accusations en la matière (ex : Nicolas Hulot, Gérald Darmanin, Damien Abad…), force est de constater que le gouvernement actuel souffre d’un net déficit de confiance pour lutter contre les agissements sexistes, le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles en politique : 58 % des Français ne lui font pas confiance pour lutter dans ce domaine.
De même, l’opinion publique lui exprime majoritairement sa défiance pour lutter contre le harcèlement de rue (54%), le harcèlement sexuel au travail (53%) ou les violences conjugales (52%).
Seule sa capacité à améliorer la santé sexuelle des femmes suscite la confiance d’une majorité de Français (57%), sans doute en raison des diverses décisions prises dans ce domaine (ex : allongement de délais de l’IVG à 14 semaines, contraception gratuite pour les femmes de moins de 25 ans, projet de constitutionalisation de l’avortement).
2 / La défiance des Français est quasi-générale à l’égard du personnel politique pour défendre les droits des femmes en général
Mais cette défiance à l’égard du gouvernement n’est pas spécifique : elle affecte la quasi-totalité du personnel politique, y compris des personnalités connues pour leur engagement en faveur des femmes.
Si la large défiance qui affecte Éric Zemmour (72%) dans ce domaine n’a rien d’étonnant compte tenu des positions ultra-conservatrices de l’auteur du Premier Sexe, il est intéressant de noter qu’une nette majorité de Français (60%) ne font pas non plus confiance à Jean-Luc Mélenchon pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, sans doute en raison des affaires d’agressions sexistes ou sexuelles qui ont impliqué des membres de son parti ces derniers mois (Taha Bouhafs, Éric Coquerel…).
Et le leader de La France Insoumise suscite plus de méfiance dans ce domaine que des leaders situés plus à droite comme Emmanuel Macron (52%), François Bayrou (52%), Rachida Dati (51%) ou Éric Ciotti (50%).
Plus surprenant, une personnalité comme Clémentine Autain, pourtant très engagée dans diverses luttes féministes, suscite elle aussi plus de défiance (32%) que de confiance (19%) pour défendre les droits des femmes et lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Ce manque de crédibilité auprès du grand public tient sans doute à son manque de notoriété et son engagement politique à la gauche radicale mais aussi à son exposition médiatique dans l’affaire impliquant Taha Bouhafs et le Comité de suivi contre les Violences Sexistes et Sexuelles de la France Insoumise.
3/ Aucun parti n’est jugé crédible pour lutter contre le sexisme en politique, y compris des formations qui se veulent exemplaires comme EELV et LFI
Quel que soit leur action dans ce domaine, aucune formation politique ne suscite aujourd’hui la confiance d’une majorité de Français pour lutter contre les agissements sexistes, le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles en politique.
A noter que là aussi, la France Insoumise suscite un fort sentiment de défiance pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles en politique : 67% des Français ne lui font pas confiance, soit un jugement encore plus sévère que celui mesuré pour des formations pourtant moins sensibles à ces sujets comme le Rassemblement national (63%) ou Les Républicains (66%). Cela tient sans doute aux récentes critiques que la France Insoumise a subi sur sa manière de régler en interne les accusations de violences sexuelles.
François Kraus, directeur du pôle « Politique / Actualités » de l’Ifop
Contact : 0661003776 – francois.kraus@ifop.com