A l’occasion d’un déplacement médiatisé en Corse et de plusieurs déclarations et portraits dans la presse, Manuel Valls a récemment envoyé de nouveaux signaux concernant sa disponibilité à occuper l’hôtel de Matignon. Interrogé par l’Ifop pour Sud-Ouest Dimanche, un peu moins d’un Français sur deux (45 %) déclare que le ministre de l’Intérieur ferait un bon Premier ministre.
Sur ce type de question, il est généralement difficile pour un ministre de franchir la barre des 50 % car les sympathisants de l’opposition, par réflexe partisan, émettent traditionnellement un jugement négatif. Ce score de 45 % est donc en soi assez élevé et on rappellera qu’en août 2010, quand des rumeurs insistantes de remaniement agitaient le monde politique suite à une déclaration de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde obtenait sur la même question 42 %, Michèle Alliot-Marie, 41 % et Jean-Louis Borloo seulement 30 % .
L’hypothèse d’un Manuel Valls à Matignon séduit largement la base socialiste puisque 73 % des sympathisants socialistes estiment qu’il ferait un bon Premier ministre (à titre de comparaison Christine Lagarde ne rassemblait « que » 64 % des sympathisants UMP en août 2010). Ce chiffre montre que la ligne de fermeté républicaine du locataire de la place Beauvau ne choque pas l’électorat socialiste, qui apparaît en demande d’autorité et n’est plus gêné par un discours musclé en matière de sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine. Ce positionnement a plus de mal à passer dans le reste de la gauche et il s’agit là d’un clivage important. Néanmoins, même traditionnellement moins adeptes de ce genre de discours, 43 % des sympathisants du Front de Gauche et 42 % de ceux d’Europe Ecologie pensent que Manuel Valls ferait un bon Premier ministre. Cette proportion est quasiment la même dans l’électorat UMP (40 %), signe que le ministre de l’Intérieur bénéficie d’un certain crédit à droite et plus encore au centre : 56 % des sympathisants de l’UDI et 61 % de ceux du Modem seraient séduits par ce scénario.
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