L’Ifop et la Monnaie de Paris présentent les résultats de la quatrième édition du baromètre annuel mesurant l’attachement des Français aux paiements en espèces. Découvrez les résultats de cette enquête exclusive à travers l’interview de Marc Schwartz, Président-Directeur général de la Monnaie de Paris
Pourriez-vous nous expliquer l’importance de la monnaie dans le quotidien des Français, telle qu’elle ressort de cette quatrième édition du baromètre, ainsi que le rôle, à la fois symbolique et pratique, qu’elle continue de jouer dans la société actuelle ?
Cette édition 2024 du baromètre montre, une nouvelle fois, que les Françaises et les Français sont très attachés aux espèces, avec un niveau stable d’une année sur l’autre à environ 80%. Au-delà de la confiance que les Français lui accordent, on voit bien que le cash ne se limite pas à son usage transactionnel. Les échanges qu’il permet, comme son caractère matériel, tangible, en font un instrument de lien social au quotidien. Les Français privilégient par exemple les espèces pour donner de l’argent de poche à des enfants (67%) ou aider des personnes dans le besoin (54%).
Face à une utilisation encore largement répandue des espèces, notamment pour les transactions chez les petits commerçants et pour la gestion budgétaire, quels sont selon vous les principaux défis et opportunités pour maintenir cette habitude dans un monde de plus en plus numérique ?
Les pouvoirs publics ont pour mission de garantir l’accès aux espèces partout sur le territoire, et leur acceptation dans les points de vente, car c’est la seule forme de monnaie dotée du cours légal dans la zone euro. La stratégie nationale des moyens de paiement, qui vient d’être adoptée sous l’égide de la Banque de France retient d’ailleurs comme principe la préservation de l’universalité des espèces qui doivent demeurer un moyen de paiement facilement accessible pour tous ceux qui souhaitent les utiliser, et toujours accepté. Cela n’est pas incompatible avec un usage croissant des moyens de paiement électroniques comme la carte sans contact ou les smartphones. Mais cela exige une grande vigilance sur le maillage territorial des points d’accès aux espèces (notamment les DAB) et sur l’approvisionnement en espèces des commerçants.
Alors que plus de 80% des Français se disent inquiets de la disparition éventuelle des espèces, comment cette perception pourrait-elle influencer les politiques publiques ou les stratégies des acteurs économiques pour garantir l’accessibilité et l’utilité des paiements en espèces à l’avenir ?
La progression des moyens de paiements dématérialisés est réelle, mais notre enquête montre aussi que 7 Français sur 10 continuent à utiliser les espèces au quotidien. La monnaie fiduciaire repose sur des valeurs profondes : la confiance qu’elle inspire (95 %), le respect de la vie privée (90 %), et sa fiabilité (90 %). En période de crise, comme celle de 2023 marquée par des tensions internationales et l’inflation, le cash a confirmé son rôle de valeur refuge et de stabilisateur. La Monnaie de Paris collabore quotidiennement avec d’autres institutions afin de défendre l’accessibilité au cash pour tous et la pluralité des moyens de paiements. Face aux inquiétudes des Français et plus largement des Européens vis-à-vis la disparition du cash, nous saluons l’engagement des autorités européennes en faveur du cours légal des espèces, permettant ainsi l’accès à la monnaie physique et son acceptation universelle.
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