A moins de deux ans du prochain scrutin présidentiel, la dernière enquête d’intentions de vote Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio livre les enseignements suivants :
+ la confirmation d’un paysage politique dominé par Emmanuel Macron et Marine le Pen.
Les deux candidats s’étant opposés lors de la derniere élection présidentielle dominent toujours nettement le rapport de force électoral de premier tour avec une avance d’une quinzaine de points sur le candidat LR.
En dépit des critiques sur sa gestion de la crise du Covid-19, Emmanuel Macron voit les intentions de vote en sa faveur progresser par rapport au scrutin de 2017, ce qui constitue un cas de figure inédit pour un président de la République depuis 2002.
Pour autant, avec un socle de 26% à 28% selon les configurations testées, le chef de l’état ne parvient pas à décrocher Marine Le Pen. L’écart d’intentions de vote entre les deux prétendants se situe en effet dans la marge d’erreur, la présidente du RN émergeant même en tête dans hypothèse de configuration avec Xavier Bertrand.
Parvenant à faire revenir sur son nom, 90% de son socle électoral de 2017 (contre 75% s’agissant d’E. Macron), Marine Le Pen obtient des scores très élevés chez les 50-64 ans (37%), les ouvriers (55%) et parmi les salariés du secteur privé (38%).
+ Un espace politique étriqué pour les candidats potentiels de la droite républicaine.
Avec 12% d’intentions de vote, les deux candidatures testées dans cette enquête pour LR – Xavier Bertrand et François Baroin – recueillent un résultat identique qui ne leur permettrait pas de se mêler à la “bataille” pour la qualification au second tour. Notons cependant la progression de deux points de Xavier Bertrand comparé à la dernière mesure Ifop / JDD.
Plus que jamais, la droite républicaine pâtit d’un espace politique amoindri par la capacité du couple exécutif à capter une part non négligeable de son électorat traditionnel. Ainsi, c’est Emmanuel Macron qui parvient en tête dans l’électorat âgé de plus de 65 ans (32% vs 19% pour Xavier Bertrand ou 22% en faveur de François Baroin). De la même manière, près de 30% de l’électorat présidentiel de François Fillon expriment une intention de vote pour le locataire de l’Elysée.
+ Une gauche morcelée qu’EELV ne domine pas.
Les résultats encourageants enregistrés par la gauche au premier tour du scrutin municipal ne semblent pas de nature à modifier la situation nationale observée lors des précédentes enquêtes. Aucune candidature testée ne parvient en effet à troubler le duel E. Macron / M. Le Pen.
En dépit de la percée écologiste des dernières européennes, confirmée par les succès enregistrés dans de nombreuses villes le 15 mars, la candidature Jadot ne dépasse pas les 8% d’intentions de vote, toujours reléguée derrière l’éventuelle troisième candidature de Jean-Luc Mélenchon (11% à 12%). Pour autant, le leader de la France Insoumise se situe à un niveau très éloigné de 2017, ne reprenant qu’une moitié de son socle de la dernière élection présidentielle.
+ Un duel de second tour Macron Le Pen serré.
La réédition du second tour de 2017 marquée par une écrasante victoire du candidat Macron apparaît peu probable à deux ans du scrutin de 2022.
Au contraire, on observe un resserrement net de l’écart entre les deux finalistes de la dernière présidentielle. Avec 45% d’intentions de vote, Marine Le Pen reste devancée par Emmanuel Macron mais progresse de 11 points par rapport à 2017.
Ce score, déjà enregistré en novembre dernier dans un sondage IFOP / JDD, lui permet d’émerger en tête chez les 50-64 ans et parmi les catégories populaires.
Enfin, le “50-50” observé dans le salariat interpelle dans un contexte de remontée croissante du chômage et de choc économique post-Covid.
Frédéric DABI
Directeur Général Adjoint IFOP
