La coopérative de santé Welcoop, a sollicité le pôle Opinion pour mener une enquête auprès des séniors et de leurs proches, visant à analyser leur perception du bien vieillir, du risque de chute et du rôle des pharmaciens dans l’accompagnement des seniors.
Dominique Pautrat, Président du Directoire de La Coopérative Welcoop, partage les conclusions essentielles de cette étude.
Question 1 : Pouvez-vous nous présenter la coopérative Welcoop. Quelles sont les raisons qui ont conduit à la réalisation de cette étude sur la prévention du risque de chute auprès des seniors ?
Née en 1935, La Coopérative Welcoop est une coopérative de santé proposant une palette d’expertises, aux pharmaciens mais aussi à tous les professionnels et établissements de santé : des logiciels métiers, un laboratoire de médicaments génériques, une activité de prestation à domicile, de dispositifs médicaux et produits de santé, une plateforme logistique et de l’importation parallèle de médicaments. Fort de cette capacité d’action, La Coopérative a identifié six enjeux de santé publique, dont le vieillissement de la population, auxquels elle entend proposer des solutions concrètes au service du patient et de l’efficience du système de santé.
En 2023, nous avons élaboré un plan antichute, un dispositif clef en main de sécurisation des personnes âgées à domicile, en réponse au plan gouvernemental du même nom vu le défi sanitaire et économique que représentent 2 millions de chutes par an. Notre plan met au cœur le pharmacien, meilleur coordinateur de santé, particulièrement bien placé sur le sujet vu sa connaissance fine des patients, notamment âgés.
Cette étude menée avec l’IFOP répond à la démarche de prendre en compte les parties prenantes, les personnes âgées et leurs proches aidants, pour être pertinent et plus efficace dans la réponse que nous voulons déployer à grand échelle. Elle confirme le déni autour des chutes et souligne l’importance de la communication, de l’information et de la formation des professionnels de santé. Elle met en lumière le rôle que peut jouer le pharmacien pour accompagner son patient dans la prévention et lui proposer des solutions concrètes, y compris jusqu’au domicile, lieu à risques.
Question 2 : Selon l’étude, le risque de chute et de malaise sont les deux sources principales d’inquiétude pour les seniors comme leur entourage. Pour y pallier, le contact humain reste privilégié aux systèmes de téléassistance : 9 répondants sur 10 encouragent le contact régulier avec des proches (89 % des 65 ans et plus, 95 % des proches). Quelle analyse faites-vous de ce constat ?
Le contact humain est clef ; et l’un des enjeux dans la prévention des chutes est bien la solitude et le manque de contacts humains. Si les aidants font une assistance remarquable, tout le monde n’a pas cette chance d’avoir un proche pour endosser ce rôle.
La technologie peut être perçue en première intention comme complexe. Mais dans la prévention, elle peut être d’une aide précieuse et même vitale, quand elle se rend accessible et invisible. Cette technologie existe, pour détecter les signaux faibles de désocialisation, de dénutrition, de manque d’activité physique… et générer, avant l’accident, l’intervention du proche, d’un professionnel de santé ou d’une aide à domicile. La technologie n’a de sens que si elle peut permettre plus de contact humain, en suscitant une assistance, à la bonne personne, au bon moment, surtout en anticipation de la chute ou du malaise ! Mais il y a encore de la pédagogie à faire pour présenter les atouts de la technologie.
Le mur auquel on fait face pour gérer le risque de chutes des personnes âgées est le nombre de personnes à traiter dans les années à venir. On ne pourra pas surmonter ce défi si on n’équipe pas les personnes à risque, massivement, mais de manière ciblée, d’outils technologiques à même de les prendre en charge de manière convenable, efficace et indolore.
Question 3 : Au regard de ces résultats, quels vont être les défis à venir pour prévenir le risque de chute auprès des séniors et favoriser l’accompagnement du « bien vieillir » ?
Il faut changer de paradigme dans la santé, et passer du curatif au préventif. C’est un enjeu sociétal autant qu’économique.
Dans cette nouvelle perspective, mettre le pharmacien au cœur du dispositif de prévention des chutes des personnes âgées est essentiel. Ils sont les plus à mêmes d’organiser cette prise en charge globale : d’identifier les patients à risques dans leur patientèle qu’ils connaissent si finement, et de sécuriser le domicile des patients qui le nécessitent.
Le ciblage, le conseil et accompagnement personnalisé qui passent par la relation humaine et la connaissance que le pharmacien a de son patient sont les premiers actes fondateurs de la prévention.
Il faut généraliser cette mission, accompagner le pharmacien et sensibiliser tous les professionnels de santé, les personnes âgées et leurs proches sur le sujet. C’est le sens de notre plan antichute, que nous mettons à disposition des pharmaciens, « en open source », via des kits gratuits téléchargeables ou un accompagnement plus complet (voir le site dédié : https://plan-antichute.fr/). Notre démarche est un appel à la mobilisation des 20 000 pharmaciens.
Il est en outre crucial que le pharmacien, dans le cadre de ses nouvelles missions, se voit confier par les pouvoirs publics le suivi longitudinal des patients de plus de 75 ans et soit pleinement reconnu dans cette mission de santé publique.
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