En 1938, Jean Stœtzel, universitaire normalien et agrégé de philosophie crée le premier institut de sondages en France : l’Ifop ou Institut Français d’Opinion Publique qui restera jusqu’en 1963, date de la création de la SOFRES, le seul institut d’enquêtes de l’hexagone.
La naissance de l’Ifop est clairement liée à une influence américaine : professeur détaché à l’Université Colombia de New York de1 937 à 1938, Jean Stœtzel y fait la connaissance de George Gallup, à l’origine du lancement – à partir de la campagne présidentielle de 1936 – et de la popularisation des sondages aux Etats-Unis . Il est séduit par le succès de Gallup et par la méthode utilisée (un échantillon représentatif d’électeurs américains plutôt que des votes de paille tels ceux organisés pendant la campagne électorale par le Literary Digest qui annonçait la défaite de Roosevelt).
Il revient en France avec l’idée de la création de l’Ifop et le souhait de voir ses enquêtes publiées dans la presse, à l’instar de celles de George Gallup dans le New York Times. Aujourd’hui, il ne reste que peu de traces des enquêtes de l’Ifop réalisées dès après la création de l’institut, dans la période 1938-1945. Selon Hélène Riffault qui fut la fidèle collaboratrice de Jean Stœtzel, l’occupation en est la cause principale : « S’il n’existe plus d’archives sur les premières enquêtes de l’Ifop, c’est parce que Jean Stœtzel les a détruites, craignant une perquisition ».
Néanmoins, au-delà de ces aléas historiques, la naissance de l’Ifop est intimement liée à deux moments historiques au cours desquels les travaux de l’institut ont été révélés au grand public : la crise et les accords de Munich en septembre 1938 (sujet sur lequel nous reviendrons dans le prochain numéro de notre série Ifop Collectors) puis la libération de Paris en août 1944.
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