Ayant fait de la « transformation » du pays leur mantra, le président de la République et le gouvernement ont affiché leurs objectifs pour l’action publique et l’administration, résolument orientés vers le numérique. Invocation de la « start-up nation » d’un côté, « zéro papier » à l’horizon 2022 dans les échanges entre les services publics et les usagers de l’autre, l’exécutif entend donc pousser plus avant la dématérialisation, et par-là même l’agilité et la célérité d’une administration qui souffre traditionnellement d’une image de lourdeur, voire de pesanteur.
A l’heure de ces déclarations d’intentions, Acteurs Publics a souhaité s’intéresser à la perception que se font les Français de l’innovation dans l’action publique qui, outre le numérique, comprend également la capacité à agir de manière nouvelle. Dans cette perspective, le sondage réalisé par l’Ifop montre que les Français demeurent dubitatifs sur le caractère innovant des administrations et de la mise en œuvre des politiques publiques, l’innovation semblant être circonscrite à des domaines d’actions et des types d’institutions bien précis.
En matière d’action publique, l’Etat n’est pas synonyme d’innovation.
Environ un tiers des Français (31%) considèrent aujourd’hui qu’en matière de fonctionnement des administrations et de mise en œuvre des politiques publiques, l’Etat est « innovant » (dont 3% l’estimant « très innovant »). A contrario, 69% des personnes interrogées considèrent la puissance publique soit « pas vraiment innovante » (52%), soit « pas du tout innovante » (17%). Ce regard critique sur la machine étatique semble corrélé à la taille d’unité urbaine de résidence : les habitants des zones rurales jugent ainsi l’Etat moins innovant (28%) que dans les communes urbaines de province (30%) et surtout l’agglomération parisienne (40%). Au niveau politique également, un clivage se dessine entre les sympathisants de La France Insoumise (19%) et du Front National (24%), qui se montrent parmi les plus sceptiques quant au caractère innovant de l’Etat, et ceux de La République en Marche, nettement plus confiants (60%).
Au sein du gouvernement, l’innovation est avant tout incarnée par les Finances et le Développement durable.
Invités à désigner les deux domaines d’action gouvernementale dans lesquels ils estiment que les politiques publiques sont les plus innovantes, les Français répondent avant tout les Finances publiques (34% de citations au total) puis l’Ecologie et le Développement durable (30%). S’ensuivent l’Education et l’enseignement supérieur (25%), la Diplomatie (24%) et la Sécurité publique (23%), qu’environ un quart des Français considèrent représenter l’innovation dans l’action gouvernementale, devant les Armées (19%). Derrière la Culture (15%) et la Santé publique (13%) dans la hiérarchie des résultats, Justice (9%) et Agriculture (7%) viennent fermer le classement et apparaissent, aux yeux des Français, comme les domaines d’action les moins innovants. Dans le détail, on notera que les Finances publiques sont particulièrement citées comme domaine innovant de référence par les hommes (40%), les personnes âgées de 50 à 64 ans (39%), les cadres et professions intellectuelles (45%), les habitants de la région parisienne (39%) et les sympathisants de La République en Marche (43%).
Parmi les institutions publiques, les grandes métropoles apparaissent comme le fer de lance de l’innovation.
Outre les domaines d’action, les Français ont également pu se prononcer sur les trois institutions qui, selon eux, incarnent le plus l’innovation dans la sphère publique. Un trio de tête se détache, dominé par les grandes métropoles (37% de citations au total), dont l’essor de ces dernières années semble emporter avec lui l’image de l’innovation, devant le gouvernement (31%), pilote des grandes politiques publiques, et les communes (28%), perçues comme le principal acteur de proximité auprès des citoyens. Pour un quart à 20% des Français, grands opérateurs publics (25%), intercommunalités (23%), conseils régionaux (23%), entreprises publiques (21%) et conseils départementaux (20%) font également figure de porteurs de l’innovation dans l’action publique, devant les universités (19%), les services de l’Etat sur le territoire (18%) et l’Assemblée nationale (17%). En queue de peloton, et en écho aux résultats précédemment observés, arrivent la Sécurité sociale (13%), le Sénat (11%) et les ministères centraux (10%).
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