En partenariat avec

Entretien 27/02/2024

“La Fondation pour l’Enfance appelle à faire du numérique un véritable sujet de santé publique afin de susciter une prise de conscience généralisée.”

 

La Fondation Pour l’Enfance, a fait appel au pôle Opinion & Stratégies d’Entreprise pour la seconde édition du baromètre sur L’impact du numérique sur les enfants de moins de 6 ans . 

 

 

Clémence Lisembard, Responsable des opérations chez Fondation pour l’Enfance,  revient sur les principaux constats de l’étude et partage les solutions envisagées pour une meilleure maîtrise du numérique auprès des jeunes enfants.

 

 

 

Question 1 : Vous venez de dévoiler les résultats de la 2ème édition du baromètre croisé entre parents et professionnels de la petite enfance sur l’impact du numérique sur le développement des jeunes enfants. Quels ont été les enjeux particuliers ou les évolutions depuis la première édition ? Pourriez-vous également nous rappeler le rôle spécifique que joue la Fondation pour l’Enfance sur ces thématiques ?

 

La Fondation pour l’Enfance, créée il y a plus de 45 ans, a pour mission principale la lutte contre les violences faites aux enfants.

Depuis près de 10 ans, la Fondation pour l’Enfance s’engage pour permettre aux familles de préserver des interactions et des liens familiaux forts, grâce notamment à une meilleure maîtrise du numérique. En effet, nous constatons que les parents connaissent très peu les besoins fondamentaux des enfants ainsi que les stades de leur développement. Nous créons donc des outils efficaces, simples et utiles pour les accompagner dans leur parentalité.

Nous agissons à travers des actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publiques, des parlementaires. Nous sensibilisons le grand public ainsi que les professionnels de la petite enfance aux sujets que nous portons.

Tous nos positionnements, nos recommandations sont validées par un comité scientifique composé de médecins, de sociologue, neurologue, spécialistes de la petite enfance.

 

Cette édition du baromètre propose cette année encore un regard croisé parents/professionnels mais pour 2024 nous avons décidé d’interroger les sage-femmes et les puéricultrices (200 sage-femmes et 100 infirmières puéricultrices), à la place de médecins généralistes et pédiatres en 2023.

 

L’étude apporte des enseignements majeurs. Tout d’abord, 96% des parents ont conscience que l’usage des écrans impacte le développement de leur enfant (70% estimant que cela les impacte fortement). Pourtant, ils ont tendance à sous-évaluer les répercussions de leurs propres pratiques sur ce développement (56%). En conséquence de quoi, leur disposition à modifier leurs comportements pour éviter l’exposition des enfants demeure timide : seule la moitié des parents consent à faire évoluer ses pratiques. Les professionnels de la petite enfance sont nombreux à alerter sur les risques qui y sont liés : 98% des professionnels estiment que les pratiques numériques excessives des parents peuvent nuire à la relation du parent avec son enfant.

 

2/3 des parents interrogés (64%) observent des conséquences négatives (impatience, énervement) liées à l’utilisation des écrans par leur enfant.

Ce qui est important à noter c’est que la moitié des parents sont également témoins de ces répercussions lorsqu’ils utilisent eux-mêmes les outils numériques à proximité de leur enfant (56%). Parmi eux, 52% rapportent des troubles du comportement, 36% des troubles de l’attention (en hausse de 8 points par rapport à 2022), et 33% des problèmes de sommeil (versus 25% en 2022).

 

 

 

Question 2 : La seconde édition du baromètre met en évidence un constat alarmant : 72% des professionnels interrogés estiment que les parents ne sont pas suffisamment informés sur les étapes du développement du jeune enfant et 68% soulignent le manque d’information sur les impacts du numérique sur ce dernier. Pouvez-vous partager votre commentaire et expliquer en quoi ces données sont révélatrices de tendances préoccupantes ?

 

Face au double constat d’une généralisation rapide des smartphones et tablettes au sein des familles, et du manque de données sur les liens entre usages numériques et développement du tout jeune enfant, nous avons dès 2015 recherché des informations sur ces questions à travers le monde. Différentes alertes, notamment en Grande Bretagne ou sur le continent nordaméricain, pointaient des désordres développementaux chez de jeunes enfants de maternelle en lien avec des usages écrans précoces. En parallèle, des praticiens en France lançaient, avec un alarmisme parfois excessif, des mises en garde sur l’usage des « écrans ».

Nous avons alerté différentes instances publiques de l’Enfance, des médias et du numérique sur la nécessité d’améliorer la connaissance des parents sur ces questions, et encouragé les décideurs publics à engager plus de recherches, et à produire des recommandations officielles des autorités de santé. Entre promesses d’un meilleur développement et risques de troubles graves du développement, il nous paraissait important de faire émerger une voie équilibrée et argumentée sur l’usage familiale des nouveaux écrans nomades.

 

Les préconisations se sont multipliées depuis 2015, avec l’espoir de mieux accompagner les parents. La petite enfance et les conditions de développement du très jeune enfant sont devenues une préoccupation plus marquée inscrite dans une politique publique.

Pourtant, nous avons l’impression qu’ils n’ont jamais été aussi perdus. C’est d’ailleurs ce que montre notre baromètre : 2 parents sur 3 estiment que les consignes données sont trop éloignées de la réalité (66%), ou trop générales et donc peu adaptées aux particularités de chaque enfant (64%). La moitié des parents en vient même à contester leur fondement puisque 56% jugent qu’elles sont basées sur les opinions de chacun plutôt que sur des démonstrations scientifiques et 40% les jugent trop alarmistes.

 

 

 

Question 3 : Face aux conclusions du baromètre, quelles actions concrètes la Fondation pour l’Enfance recommande-t-elle pour sensibiliser les familles et les professionnels de la petite enfance à l’importance d’un usage raisonné des écrans chez les enfants de 0 à 6 ans ? Envisagez-vous des mesures spécifiques pour sensibiliser et soutenir les parents, ainsi que pour promouvoir une utilisation plus responsable des écrans chez les tout-petits ?

 

 

Ce qui est intéressant de noter c’est qu’en dépit de la sous-évaluation des risques liés à l’exposition aux écrans des enfants, et de la remise en cause des recommandations qui leurs sont faites, la moitié des parents semblent prêts à revoir certaines de leurs pratiques pour éviter la surexposition de leur enfant, en particulier en instaurant des temps d’activité commun sans écran (56%), en pensant à éteindre la télé pendant le repas (51%) ou en ne consultant pas leur téléphone tant que leur enfant est présent (47%). Nous souhaitons donc poursuivre nos travaux en prévention et en accompagnement des parents notamment en proposant des ateliers de sensibilisation aux parents concernant l’usage des écrans.

 

La Fondation pour l’Enfance appelle à faire du numérique un véritable sujet de santé publique afin de susciter une prise de conscience généralisée. Celle-ci doit passer par la diffusion de messages précis et non-culpabilisants sur les bonnes pratiques à adopter pour favoriser un usage raisonné des écrans. Alors si nous appelons à renforcer les campagnes d’informations et de sensibilisation, il nous semble urgent que ces campagnes valorisent la fonction parentale, et ne se limitent plus à interdire « tout écran avant 3 ans », injonction qui nous parait hors de portée de la plupart des familles, notamment en situation de fragilité (fratrie multiple, monoparentalité, conditions de vie difficiles,.).

Les réponses apportées aux difficultés des parents pour établir un lien constructif avec leur enfant réclament une approche modulée, non culpabilisante, non strictement sanitaire qui puisse rassurer les parents sur leurs compétences, qui réponde à leurs besoins, notamment d’avoir confiance en eux.

 

 

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur La Fondation pour l’Enfance : cliquez ici.

Vos interlocuteurs

Marion Chasles-parot Directrice de clientèle - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Lisa Roure Chargée d’études - Opinion & Stratégies d’Entreprise

plus d'entretiens

Pour télécharger ce document, veuillez remplir le formulaire ci-dessous :
  • votre adresse mail professionnelle, si applicable
  • Si applicable
  • Hidden
  • Les données que vous nous communiquez dans ce formulaire seront traitées et conservées uniquement afin de répondre à votre demande et de conserver une preuve du traitement de celle-ci. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. https://www.ifop.com/politique-de-confidentialite/
    Nous serons ravis de garder le contact avec vous et vous invitons à vous abonner à nos communications. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Inscription newsletter

Retrouvez toute l’actualité d’IFOP – nos publications à la une, à ne pas manquer et pleins d’autres… - dans notre newsletter mensuel envoyé chaque fin de mois.

Déposez
votre brief

S'inscrire à notre newsletter

Consultez nos précédentes éditions

Recent Posts

Top Categories