À l’occasion de son cinquantième anniversaire, l’association ECTI a mené une enquête d’opinion pour mieux comprendre les enjeux et les dynamiques du bénévolat de compétences des seniors. Louis Laurent-Mazerolle, président d’ECTI, partage son analyse des résultats et les ambitions de l’association pour l’avenir.
Question 1 : Pourriez-vous nous présenter ECTI, son rôle ainsi que ses principales missions ?
ECTI est la plus ancienne et l’association de référence du bénévolat de compétences senior en France et à l’international. Nos adhérents, au nombre d’environ 1 800, sont d’anciens dirigeants, cadres ou professionnels expérimentés dans tous les secteurs d’activité. Ils ont choisi de mettre leur expérience en partage afin d’accompagner les entreprises, les collectivités territoriales, les acteurs de l’enseignement et de l’économie sociale et solidaire dans l’accomplissement de leurs projets.
Les bénévoles d’ECTI interviennent généralement pour des missions de courte durée et à des conditions qui n’entrent pas en concurrence avec le secteur marchand. Il peut s’agir d’aider une PME à structurer sa stratégie, d’accompagner un créateur d’entreprise, d’assister une communauté de communes pour son plan communal de sauvegarde, de conseiller des étudiants pour leur entrée dans la vie active ou d’épauler une personne en difficulté pour accéder à un emploi.
ECTI présente la particularité d’intervenir aussi à l’international pour le développement de projets économiques, éducatifs et culturels.
A la faveur de notre cinquantième anniversaire, nous avons souhaité mesurer la perception du bénévolat de compétences par les Français de plus de 50 ans. Quelle connaissance en ont-ils, sont-ils prêts à s’y engager et quels sont les leviers et les freins qui favorisent ou limitent l’engagement ?
Question 2 : Le rapport indique que seulement 26 % des Français de 50 ans et plus ont déjà entendu parler du bénévolat de compétences, et parmi eux, 8 % savent précisément de quoi il s’agit. Quels sont, selon vous, les principaux freins à la notoriété de cette forme d’engagement, et quelles actions pourraient être mises en place pour mieux la promouvoir auprès de cette population ?
Effectivement, le bénévolat de compétences souffre d’un fort déficit de notoriété en raison de sa confusion avec le bénévolat associatif ou caritatif. Dans le cas du bénévolat de compétences, il s’agit de transmettre des connaissances et savoir-faire professionnels, contrairement au bénévolat associatif où l’on donne essentiellement son temps et sa bonne volonté.
Mais le sondage a démontré qu’une fois cette définition exposée, 38% des Français de 50 ans et plus se déclarent intéressés par le bénévolat de compétences. Si on les ajoute aux 8% qui le pratiquent déjà, cela porte à 46% la proportion de Français sensibles à cette forme de partage d’expérience professionnelle.
Le bénévolat de compétence gagne donc à être connu et il gagnerait encore plus à être reconnu. Notre association, reconnu d’utilité publique, développe de nombreux partenariats avec les instances économiques et sociales pour démontrer l’intérêt de la transmission de l’expérience, en particulier pour l’insertion professionnelle et le soutien à l’économie. Auprès du grand public, cela passe beaucoup par l’exemple, le témoignage et la proximité. Notre association, largement décentralisée, renforce sa communication pour mieux faire connaître les bienfaits du bénévolat de compétence en le démontrant.
Question 3 : Parmi les leviers identifiés pour encourager le bénévolat de compétences, la flexibilité dans l’organisation et le remboursement des frais engagés ressortent comme des facteurs majeurs. Comment ECTI envisage-t-elle d’intégrer ces attentes dans son fonctionnement pour attirer de nouveaux bénévoles ? Ces données influencent-elles vos priorités stratégiques pour les prochaines années ?
Nous souhaitions effectivement identifier à la fois les freins et les leviers pouvant favoriser l’engagement dans le bénévolat de compétences. Nous sommes satisfaits de constater que pour une très large majorité de Français de plus de 50 ans le fait de pouvoir choisir à la fois son domaine d’intervention et le temps à y consacrer, tout en étant remboursé de ses frais, constituent de fortes incitations à passer à l’acte. Nous sommes satisfaits car c’est que nous proposons au sein d’ECTI grâce à notre organisation décentralisée avec des délégations autonomes dans lesquelles les adhérents peuvent choisir leurs missions et le temps à y consacrer. De plus, notre modèle économique, qui repose sur une participation demandée aux bénéficiaires, permet de couvrir les frais de mission et de structure sans recours au financement public.
Il nous faut sans doute mieux faire connaître à la fois notre mode de fonctionnement et l’état d’esprit qui nous anime. Nous le faisons régulièrement à la faveur de rencontres avec les nouveaux adhérents lors de séminaires baptisés « connaissance d’ECTI ». Nos efforts portent aussi sur la recherche de nouveaux adhérents et de nouvelles missions dans un cadre élargi et diversifié.
Afin de guider nos orientations pour les prochaines années, nous avons constitué un conseil stratégique qui a ouvert un certain nombre de pistes sur lesquelles nous allons nous engager prochainement. Elles portent à la fois sur le développement de la notoriété et de l’attractivité de nos activités pour en démontrer toute l’utilité sociale et humaine.
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