Entretien avec Dimitri Boulte, Directeur Général Délégué de la Société Foncière Lyonnaise (SFL), leader sur le segment prime de l’immobilier tertiaire parisien. Il revient sur les grands enseignements de la 3ème édition du baromètre « Paris WorkPlace », mené avec l’Ifop, et mettant cette année pour la première fois en regard les représentations associées au lieu et à l’environnement de travail par les salariés parisiens et londoniens. Bureaux : le match Paris – Londres
Cette année, l’étude se fonde sur l’analyse des perceptions des salariés parisiens et londoniens. Pourquoi avoir choisi de comparer Paris à Londres en particulier, et non pas une autre grande capitale d’Europe ?
SFL étudie tous les ans les attentes et jugements des salariés parisiens sur leur lieu de travail. Le fait de comparer avec une autre population permet de mettre les réponses des Parisiens en perspective.
Y a-t-il une particularité culturelle parisienne dans la manière d’appréhender le lieu travail, l’aménagement des espaces, la vie sociale avec les collègues ? La réponse est plus que positive. Le choix de Londres nous a paru évident : Paris et Londres sont deux « villes-monde » dont l’attractivité économique dépasse de très loin les frontières de l’Europe et qui occupent aussi une place à part dans l’imaginaire collectif mondial.
Quelles différences avez-vous pu observer entre les représentations des salariés parisiens et celles des londoniens ?
Malgré le climat économique morose, malgré l’état d’urgence, malgré les grèves récurrentes, les salariés parisiens se disent très majoritairement attachés à leur ville (77 %). A tel point qu’ils ne veulent pas en bouger : s’ils avaient le choix entre Londres et Paris, seuls 20 % des salariés parisiens choisiraient de travailler à Londres. Inversement 17 % des Londoniens traverseraient la Manche si on leur en donnait l’opportunité. Les deux villes jouissent donc d’une attractivité comparable alors même que les dynamiques en termes d’emploi et de salaires sont plus favorables à Londres. Les Parisiens semblent étonnamment sereins compte-tenu du contexte : 80 % des salariés de Paris-intramuros disent ne pas ressentir d’insécurité sur le trajet du travail, un chiffre qui monte même à 81 % dans les quartiers visés par les attentats de 2015 (10ème et 11ème arrondissements). Le bureau joue un rôle symbolique et social plus important à Paris qu’à Londres.
Les Parisiens recherchent dans leur lieu de travail un moyen de créer du lien social et estiment quasi-unanimement que leurs bureaux impactent la performance de leur entreprise et leur motivation personnelle, quand les londoniens y recherchent un lieu fonctionnel et accessible qui va leur permettre de travailler efficacement en équipe. Autre manifestation des différences culturelles, le niveau d’acceptation de l’open space : 80 % des Londoniens en open space se disent satisfaits de leurs bureaux, contre seulement 54 % des Parisiens.
Il est aussi question dans cette étude de la problématique du bien-être au travail, une notion que l’on aperçoit de plus en plus au sein des entreprises. Quels sont les principaux critères qui peuvent impacter le bien-être au travail ?
On peut d’abord observer que certains éléments n’ont pas d’influence sur le bien-être des salariés : ainsi, d’un point de vue statistique, ni l’âge, ni le sexe, ni le secteur d’activité, ni la fonction occupée, ni la taille de l’entreprise n’ont d’impact significatif sur le bien-être au travail. Pour le dire autrement, le bonheur au travail est théoriquement à la portée de tous les salariés, quels que soient leur entreprise, leur âge ou leur condition.
Les 5 facteurs qui impactent le plus le bien-être au travail sont, dans l’ordre, l’équilibre vie pro / vie privée, la qualité des bureaux, l’ambiance entre collègue, le temps de trajet, le sentiment de sécurité dans le quartier. La bonne nouvelle pour les dirigeants c’est donc que le bien-être peut relever de leur décision : celle de privilégier des quartiers sûrs et accessibles en transports, et d’offrir des bureaux de qualité à leurs collaborateurs.
> En savoir plus sur les enseignements clés du baromètre Paris Workplace 2016
partager