Pour la 3e année consécutive, l’Ifop a conduit pour Aéma Groupe la 3e édition de son baromètre de l’Observatoire de la protection, complété cette année d’un volet européen.
Suite au nouveau résultat, Pascal Michard, Président d’Aéma Groupe, Jean-Louis Grosse Delasalle, et Patrick Brothier, tout deux, Vices Présidents d’Aéma Groupe, partagent avec nous les enseignements de cette troisième édition du baromètre.
Question 1 : Perspectives européennes sur la prévention : le baromètre 2024 met en évidence des différences significatives dans la perception de la prévention entre les Français et leurs voisins européens. Comment interprétez-vous ces divergences et quel impact pourraient-elles avoir sur votre approche globale de la prévention au sein d’Aéma Groupe ?
PASCAL MICHARD : Dans une ère marquée par l’incertitude et la complexité croissante des défis sociétaux, la prévention devient un principe nécessaire à la pérennité de nos modèles.
Cette année, l’Observatoire de la Protection d’Aéma Groupe a décidé, au travers de son baromètre, de mettre l’accent sur la question de la culture de la prévention.
En effet, l’étude issue de ce baromètre révèle que seuls 56% des Français déclarent vaguement se représenter ce qu’est la prévention. Ces enseignements viennent souligner la pluralité de préoccupation avec nos voisins européens qui, également interrogés sur la thématique de la culture de la prévention dans le cadre des travaux de l’Observatoire de la protection menés en 2024, affirment avoir une représentation beaucoup plus nette de celle-ci (70% des Italiens et 64% des Polonais disent très bien se représenter la prévention).
Ces divergences s’expliquent, d’une part, par une perception de la prévention surtout limitée à la santé – soulignons ici que cette perception “santé” est partagée par l’ensemble des pays européens interrogés – et d’autre part par d’importantes disparités entre nos systèmes de santé à l’échelle européenne. En l’occurrence, si les Polonais doivent compter sur un système préventif, les Français sont quant à eux davantage familiers d’un modèle de santé plus curatif.
À l’heure où le métier d’assureur et d’acteur de la protection doit être repensé, Aéma Groupe se doit d’être à l’écoute des problématiques sociétales prédominantes de nos concitoyens, français et européens, afin de proposer des solutions concrètes, en cohérence avec les besoins de la société.
L’Observatoire de la Protection vient nourrir cette approche puisqu’il constitue un espace de réflexion unique permettant de construire une vision prospective de l’avenir. Forte de sa gouvernance mutualiste et de son ancrage territorial, la démarche d’Aéma Groupe s’inscrit naturellement au service d’un mode d’action dont la solidarité est l’idéal et la prévenance sa preuve. La prévenance nous pousse à anticiper les risques afin d’améliorer l’accompagnement des parcours de vie de nos sociétaires, adhérents et clients.
Question 2 : Préoccupation en santé mentale chez les jeunes : la santé mentale émerge comme une préoccupation majeure chez les jeunes adultes. Le Sénat l’a décrétée grande cause nationale. Quel(s) rôle(s) les assureurs ont-ils à jouer dans l’amélioration du bien-être mental de cette population ? En France, par rapport à d’autres pays européens.
PATRICK BROTHIER : La notion de santé mentale telle qu’interrogée par le baromètre de l’Observatoire de la protection Aéma Groupe 2024 doit être comprise dans son assertion la plus large. Elle ne traite pas nécessairement des pathologies psychiatriques et psychiques lourdes mais pose davantage la question du mal être et de la confiance en soi.
En l’occurrence depuis 3 ans, la santé mentale ne cesse de progresser dans le classement des sources d’appréhension et de stress pour soi-même et ses proches des 18 – 24 ans, prenant la tête de ce classement en 2024.
Un double mouvement dont les dynamiques s’opposent est en cours : d’une part la société et ses mouvements constituent une source d’angoisse et de stress de plus en plus importante, à l’origine de troubles mentaux notamment chez les jeunes en France. Cette angoisse est partagée à l’échelle européenne, puisque la santé mentale figure dans la quasi-totalité des top 3 des sources d’appréhension et de stress des citoyens interrogés et concerne l’ensemble des catégories d’âge des 5 pays interrogés. D’autre part nous assistons en France à une libération de la parole chez les jeunes leur autorisant à être plus à l’écoute d’eux-mêmes et de leur santé mentale.
En tant que composante essentielle de la santé, nécessaire à l’épanouissement physique, émotionnel, personnel, professionnel et social, la santé mentale constitue l’un des enjeux majeurs porté par AESIO mutuelle.
Nous avons à ce titre créé en 2018 la première fondation d’entreprise dédiée à la question de la santé mentale et intervenons prioritairement sur les deux axes suivants : la sensibilisation au bien être mental et l’accompagnement des personnes en souffrance psychique via le soutien opérationnel et financier de projets offrant des réponses concrètes aux difficultés induites par une santé mentale altérée. Si la levée des tabous apparaît nécessaire pour l’ensemble des catégories d’âge, l’action et l’écoute sont quant à elles particulièrement attendues par les jeunes.
Question 3 : Transitions justes : les Français expriment de fortes préoccupations quant à leur pouvoir d’achat, loin devant le sujet de la sécurité financière à plus long terme qui domine dans les 5 autres pays européens. Dans un contexte environnemental et climatique porteur d’anxiété, quel(s) rôle(s) peuvent jouer les assureurs face aux attentes françaises d’une transition environnementale également socialement juste ?
JEAN-LOUIS GROSSE DELASALLE : Depuis le lancement du baromètre de l’Observatoire en 2021, le pouvoir d’achat est en tête des sources d’appréhension et de stress pour les Français. Plus encore, nous le trouvons dans le top 3 des préoccupations majeures pour la société.
L’enquête européenne conduite en 2024 dans le cadre des travaux menés par l’IFOP pour l’Observatoire de la protection révèle en revanche que les citoyens des 5 pays européens interrogés (Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, Suède) se montrent nettement plus préoccupés par la question de la sécurité financière, reléguant le pouvoir d’achat en queue de classement.
La notion de pouvoir d’achat comporte une dimension courtermisme, correspondant au reste à consommer ou à vivre chaque mois. La sécurité financière quant à elle est à comprendre dans une dimension de plus long terme, une notion regardant davantage l’avenir.
En parallèle, ces préoccupations financières pour soi-même et ses proches émergent dans un contexte de changement climatique qui inquiète. Dès l’édition 2023 du baromètre de la protection, les résultats pointaient un fort sentiment d’éco-anxiété au sein de la société française. Le changement climatique est arrivé en 2eme position des préoccupations majeures des Français pour la société en 2024, ainsi que dans l’ensemble des top 3 des préoccupations pour la société des citoyens européens interrogés.
Ces résultats interpellent forcément les assureurs mutualistes que nous sommes. Fin du mois ou fin du monde : l’enjeu du juste prix, de l’accessibilité des besoins indispensables de protection des Français, ne peuvent être séparés d’une forte dimension collective.
Il y a donc avant tout dans ces questions de transition une idée de passage à l’échelle : passer de l’individu au collectif, du besoin de protection individuelle au besoin sociétal. Notre conviction : c’est en partant de l’écoute des besoins individuels de nos sociétaires au plus près de leurs territoires que nous formulerons ensemble nos réponses à ces enjeux.
Question 4 : Défis du vieillissement et de la dépendance : les inquiétudes liées au vieillissement, à la dépendance et à la perte d’autonomie sont en augmentation par rapport à 2023. Quelles sont pour vous les implications directes pour les services de protection future ?
PASCAL MICHARD : Les inquiétudes à l’égard du vieillissement, et plus particulièrement de la dépendance et de la perte d’autonomie, sont grandissantes et ont atteint un niveau record d’après l’édition 2024 du baromètre de l’Observatoire de la Protection. Exacerbées par un contexte de vieillissement démographique, le besoin d’accompagnement a notamment connu une hausse significative de 11 points entre 2023 et 2024.
En effet, le centre d’observation de la société (créé par le bureau d’études Compas en 2011) révèle que plus d’1,5 millions de Français seraient aujourd’hui en situation de dépendance. Cette donnée vient confirmer la nécessité d’un soutien accru des institutions, et plus particulièrement des assureurs mutualistes qui jouissent d’une réelle confiance de la part des Français (âgés de 65 ans et plus notamment) comme le souligne les résultats de l’édition 2024 du baromètre.
Influencée par une approche essentiellement curative du système de santé, la représentation du vieillissement souffre encore aujourd’hui d’une image négative en France. En effet, s’il est un sujet qui les préoccupe, seuls 23% des Français déclarent placer régulièrement de l’argent sur un contrat de prévoyance ou d’épargne en vue de leurs retraites quand 45% des Français reconnaissent faire attention à leur mode de vie (source : Baromètre de la protection 2024 Aéma Groupe).
Face à ces constats, il devient urgent de faire évoluer les mentalités et de sensibiliser les Français au sujet du vieillissement et notamment de la dépendance et de la perte d’autonomie.
Afin d’apporter des réponses éclairées, constructives et humaines face à ces enjeux de protection, Aéma Groupe, au travers de ses marques, s’appuie notamment sur l’engagement communautaire et l’innovation technologique afin d’agir autant que possible avant que les problèmes ne se posent.
À titre d’exemple, AESIO Mutuelle envisage notamment l’utilisation d’outils connectés, tels que ceux développés pour la surveillance cardiaque, visant à renforcer la prévention des risques de santé. Cette approche de la santé publique vise non seulement à responsabiliser les individus, mais également à créer un cadre mutualisé au sein duquel les solutions de santé sont coconstruites avec et pour les citoyens, assurant ainsi une meilleure appropriation des politiques de santé.
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