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Enquête sur la rencontre en ligne et la digitalisation de la vie sexuelle à l’heure du covid 19

Le boom des rencontres en ligne à l’heure du covid-19

 

1) Les sites de rencontre jouent désormais un rôle prépondérant dans la formation des couples

  • Près d’un quart (22%) des Français(es) ayant trouvé un partenaire depuis la fin du 1er confinement (mai 2021) l’ont rencontré sur une application de dating, soit deux fois plus que ce l’Ifop observait quelques mois avant la crise du Covid-19 (11% en janvier 2020). Et cette accentuation de la digitalisation de la formation des couples transparaît aussi dans le nombre croissant d’individus ayant rencontré un partenaire sur des sites web (ex : réseaux sociaux, forums…) dédiés à autre chose qu’aux rencontres (17% en juin 2021, contre 10% en janvier 2020).
  • Au total, les espaces de sociabilité numérique – dédiés ou non aux rencontres – ont été à l’origine de plus d’un tiers des relations (39%, +18 points depuis janvier 2020) nouées entre la fin du 1er (mai 2020) et celle du 3ème confinement (mai 2021), soit nettement plus que d’autres modes de rencontre comme les espaces de travail/d’études (9%, -8 points), les soirées « privées » entre amis (16%,- 9 points) ou des lieux de sociabilité publics « ouverts » comme les bals, les bars, les boites de nuit (10%,- 5 points).

 

2) Le recours aux applis de rencontre progresse sans pour autant devenir une « pratique de masse »

  • Très logiquement, le rôle accru des applications de rencontre dans la formation des couples est allé de pair avec une hausse significative (+6 points) du nombre de profils « actifs » sur les plateformes de dating: la proportion de Français(es) admettant en avoir fréquenté au moins une au cours des 12 derniers mois ayant précédé l’enquête est passée de 9% en janvier 2020 à 15% en juin 2021.
  • Ce regain de fréquentation ne s’est pas pour autant traduit par une explosion du nombre de Français(es) ayant déjà fait l’expérience du dating en ligne dans leur vie (30%, +1 point), ce qui inciterait à penser que, pour l’essentiel, la hausse de fréquentation mesurée durant la crise sanitaire a moins été le fruit d’une « ruée » de nouveaux venus que le produit d’un « retour » de Français(es) qui en avaient déjà fait l’expérience avant le Covid.
  • De même, alors que ces applis ont pu apparaître comme le seul moyen de nouer de nouveaux contacts durant la crise, la disposition à s’inscrire sur un site de rencontre reste un phénomène très minoritaire dans la population n’en ayant jamais fait l’expérience – 28% en juin 2021, contre 33% avant le 1er confinement (janvier 2020) – mais aussi très genrée si l’on juge par le gender gap existant entre hommes (52%) et femmes (37%) actuellement inactifs/ves sur ces plateformes.

Un quart de siècle après le lancement du premier site de rencontres en France (1997), leur fréquentation s’y est donc banalisée au point d’avoir doublé en dix ans : 30% des Français(es) en ont déjà fait l’expérience en 2021, contre 16% en 2011. Cette fréquentation reste cependant une pratique minoritaire, très typée en termes d’âge et d’orientation sexuelle, et qui est loin de s’être « massifiée » autant que les sites de rencontre ont pu l’affirmer dans leur communication durant la crise sanitaire.

 

 

3) Un usage des sites de rencontre qui ne se réduit à la recherche de plan d’un soir…

  • Contrairement à certains clichés tendant à présenter les membres des « applis de dating » comme des individus uniquement intéressés par des relations d’un soir, cette enquête montre qu’au cours de la crise sanitaire (mai 2020-mai 2021), ces applications de rencontre ont été davantage activées dans l’optique d’une relation sérieuse (62%) que pour une relation d’un soir (56%). La proportion d’utilisateurs y ayant recherché un(e) partenaire pour une aventure purement sexuelle a même stagné (-3 points) par rapport à que ce l’Ifop mesurait quelque mois avant la crise (59% en janvier 2020).
  • L’analyse du profil de ces utilisateurs d’applis à des fins purement sexuelles met en évidence un clivage de genre très fort : les femmes, généralement plus réticences à assumer une sexualité en dehors d’une relation stable, étant deux fois moins nombreuses (35%) que les hommes (67%) y avoir recherché une aventure purement sexuelle. Symptomatique de la plus forte romantisation de la sexualité féminine, les réponses des femmes sur le sujet s’avèrent riches d’enseignement lorsque l’on sait qu’elles sont plus nombreuses (68%) que les hommes (60%) à rapporter y rechercher des relations amoureuses.
  • La plus forte tendance de l’étude n’en reste pas moins l’explosion du nombre d’individus admettant avoir recherché sur ces plateformes « une personne avec qui flirter en ligne mais sans chercher à se rencontrer en vrai »: 58% en juin 2021, contre 37% en janvier 2020. Confirmant l’idée selon laquelle ces sites peuvent constituer des espaces de flirt à part entière, dénués de tout perspective de rencontre In Real Life, cette étude met donc en lumière à quel point ces plateformes ont pu servir de sources de liens et de soutiens durant la crise, notamment pour les personnes confinées seules.

Allant à rebours de la tendance au « revenge dating » popularisée par certaines applications, cette étude confirme les enseignements d’autres études récentes de l’Ifop, à savoir que la crise du Covid s’est davantage accompagnée d’un besoin de sécurité affective et sexuelle que par l’envie de multiplier les conquêtes. Dans les aspirations maritales des célibataires, le « safe saxe » semble donc avoir largement primer sur les pulsions de « grande déglingue » sexuelle envisagée par certains auteurs (J. Peltier).

 

 

4) Même si les expériences sexuelles sans engagement sont en nombre croissant, notamment chez les femmes

  • La recherche de l’amour n’empêche pas un usage très « sexualisé » de ces espaces de sociabilité numérique si l’on en juge par la proportion croissante de la population rapportant y avoir « eu un rapport sexuel avec une personne sans chercher ensuite à la revoir » (53%, +7 points depuis 2015), sachant que cette croissance est plus forte chez les femmes (+12 points) que chez les hommes (+5 points).
  • De même, l’étude montre une hausse significative (+9 points depuis 2015, à 61%) du nombre d’utilisateurs ayant déjà retrouvé un partenaire à leur domicile – également plus significative dans la gent féminine (+13 points, à 49%) que masculine (+8 points, à 71%) –, hausse à laquelle la fermeture des lieux habituels de « date » (ex : bars, restaurants…) durant la crise sanitaire n’est sans doute pas étrangère.
  • Si un gender gap conséquent persiste dans l’utilisation de ces applis à des fins sexuelles, la tendance semble donc plutôt être à un rapprochement des attitudes sexuelles entre les deux sexes, très symptomatique d’une approche plus hédoniste de la sexualité féminine, qui marque une forme d’affranchissement à l’égard des risques d’opprobre pesant sur toute femme n’inscrivant pas son activité sexuelle dans le cadre socialement « acceptable » du couple.

S’il est difficile de savoir si ces évolutions sont le fruit de la crise du Covid-19 au sens strict ou de tendances pré-existantes, force est de constater que ces sites restent un environnement propice au recrutement de partenaires occasionnels, notamment pour des femmes qui peuvent y multiplier les rencontres sexuelles sans risquer l’opprobre pesant encore sur celles assument une sexualité en dehors de tout cadre conjugal.

 

 

5) Une crise qui a aussi accéléré la digitalisation de la sociabilité sexuelle des Français(es)

En restreignant les contacts physiques, les différentes formes de huis clos imposés durant la crise sanitaire ont aussi favorisé une numérisation croissante de la vie sexuelle.

  • Entre l’instauration du 1er confinement (février 2020) et la sortie du 3ème huis clos (mai 2021), le nombre de Français(es) ayant déjà eu un rapport sexuel virtuel a explosé dans l’ensemble de la population adulte (33%, +7 points) comme dans la jeunesse âgée de 18 à 34 ans (52%, + 8 points). Et chez les jeunes, cette hausse a été plus marquée dans la gent féminine (ex : + 10 points), comme si la crise avait pu y lever les freins « culturels » à ce type pratiques. En une demi-douzaine d’années, le nombre d’adeptes de ce type de sexualité virtuelle a ainsi été multiplié par cinq chez l’ensemble des Français (33%, contre 6% en 2014) comme chez les jeunes (52%, contre 10% en 2014).
  • De même, on observe aussi une hausse significative des échanges d’images à caractère sexuel comme l’envoi de nudes (+ 13 points chez les jeunes de 18 à 34 ans, à 42%) ou de dickpic (+ 11 points chez les jeunes de 18 à 34 ans, à 25%), très symptomatique d’une numérisation accrue des manières de s’exciter et/ou de manifester son intérêt pour un partenaire. L’usage des webcams à des fins d’exhibition sexuelle reste plus confidentiel mais il a également doublé chez les jeunes entre février 2020 (16%) et juin 2021 (28%). Il n’en reste pas moins une pratique très genrée, nettement plus répandue chez les hommes, les jeunes et homosexuels : 13% des hommes, contre seulement 3% des femmes déclarant avoir regardé au cours des douze derniers mois une personne s’exhiber en direct devant sa webcam.

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Les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès de deux échantillons de 3 004 personnes (en ligne) et de 1 002 personnes (par téléphone) chacun représentatif de la population française âgée de 18 à 69 ans.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas ( âge, profession de la personne interrogée, statut marital) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto administré en ligne du 7 au 10 juin 2021 et par téléphone du 19 au 20 juin 2021

Votre interlocuteur

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

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L’enquête a été menée auprès de deux échantillons de 3 004 personnes (en ligne) et de 1 002 personnes (par téléphone) chacun représentatif de la population française âgée de 18 à 69 ans.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas ( âge, profession de la personne interrogée, statut marital) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto administré en ligne du 7 au 10 juin 2021 et par téléphone du 19 au 20 juin 2021

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