L’inflation demeure un point de crispation majeur chez les Français, 92% (Enquête Ifop-Fiducial pour Sud Radio réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 6 mars 2024 sur un échantillon de 1206 individus, représentatif de la population française de 18 ans et plus) se déclarent inquiets quant à cette dernière. Chez les plus modestes, cette crise sévit particulièrement. L’Ifop, pour la Tablée des chefs, a réalisé une étude mesurant la précarité alimentaire et l’éducation à l’alimentation sur un échantillon de 900 individus, représentatif des Français de 18 ans et plus vivant avec un SMIC ou moins.
Parmi ces Français, le budget alimentaire mensuel moyen est passé d’environ 311 euros en 2023 à environ 346 euros cette année. Une écrasante majorité de cette population (88%) déclare favoriser le « fait-maison », plus économique. 79% ont notamment augmenté leur consommation de produits génériques ou de marque distributeur et 77% ont même réduit leurs achats alimentaires, dont 40% depuis la période de hausse des prix. La crise inflationniste a donc fait doubler la proportion de Français modestes devant réduire leur consommation alimentaire.
Concrètement, 79% des sondés ont arrêté de consommer certains produits car ils sont désormais trop chers : la viande (76%), les produits alimentaires transformés (74%) ou encore le poisson (71%). 50% ont réduit les quantités servies à la maison et 38% ont supprimé certains repas (petits-déjeuners, gouters, dîners).
Ces changements contraints de pratiques alimentaires ne sont pas sans inquiéter les personnes qui ont dû s’y résoudre par manque de moyens financiers. Ainsi, 69% redoutent que cela ait un impact négatif sur leur santé physique et/ou mentale à long terme, ce chiffre s’élève même à 77% chez les moins de 35 ans.
82% des sondés jugent par ailleurs que depuis la hausse des prix, il est plus difficile (dont 40% déclarent même qu’il est « beaucoup plus difficile ») de nourrir correctement leurs enfants. Les Français modestes assument offrir une alimentation plus sucrée (51%), plus salée (45%) et/ou plus grasse (44%) à leurs enfants faute de moyens. Dans ce contexte, 87% des personnes interrogées se disent favorables à la mise en place de cours de cuisine à l’école pour apprendre à manger sainement avec un budget limité.
Particulièrement sensibles à la hausse des prix de l’alimentaires, les Français vivant avec le SMIC ou moins ont massivement repéré l’essor d’un nouveau phénomène : la shrinkflation. 80% des sondés l’ont ainsi remarqué sur des produits qu’ils ont l’habitude de consommer et signe que cette pratique est répandue, 52% déclarent même qu’ils l’ont remarqué sur « beaucoup de produits ». 49% déclarent acheter moins souvent ces produits et 33% ont même arrêté de les acheter. Le boycott ou la réduction de la fréquence d’achat concerne donc 8 consommateurs modestes sur 10, en réponse à cette stratégie commerciale qui a manifestement heurté la population.