Si la crise sanitaire a modifié nos habitudes de travail, elle a également souligné l’importance des lieux physiques pour échanger, collaborer… et s’engager. Car aujourd’hui plus que jamais, les entreprises de toutes tailles se soucient de leur impact sur leur environnement. Retour sur le 8e baromètre Paris Workplace avec Aude Grant, Directrice Générale Adjointe – Asset management et Investissements chez SFL (Société Foncière Lyonnaise).
Vous consacrez cette édition du Paris Workplace à l’impact sociétal et environnemental des entreprises et de leurs bureaux : pourquoi était-ce le bon moment ?
Après des mois passés à gérer l’urgence de la crise sanitaire et les impacts sur leur business, on remarque que les entreprises ont aujourd’hui ce désir de s’inscrire dans le temps long, de reprendre des décisions quant à leur avenir. Nous avons donc souhaité leur donner des perspectives, et des tendances de long terme. Cette volonté d’assumer une responsabilité sociétale et environnementale est bien sûre antérieure à la crise du Covid-19. Mais de même que les épisodes de confinements ont gommé la frontière entre la vie professionnelle et personnelle, ils ont également faire rejaillir la préoccupation presque intime des salariés pour leur environnement sur l’espace de travail.
Quelle définition donnez-vous des « bureaux à impact » ?
Le bureau à impact, c’est celui qui donne aux salariés les moyens d’agir en faveur de l’environnement, d’être solidaire. Aujourd’hui, cette exigence n’est plus seulement impulsée par les nécessaires politiques RSE des entreprises, mais est une demande de la part des employés. Nous avions anticipé cette demande avant la crise sanitaire, alors que nous concevions l’immeuble Biome, un immeuble réhabilité à l’aide de matériaux bas carbone et issus du réemploi, bénéficiant de nouveaux espaces végétalisés, avec une ouverture sur le quartier… Tous ces éléments doivent faire partie du cahier des charges d’un tel projet, et c’est de plus en plus vrai aujourd’hui.
Quel rôle a joué le Covid dans cette façon d’appréhender l’impact des bureaux ?
Aujourd’hui, nous devons « montrer patte verte », car les entreprises sont très regardantes sur ces sujets : au-delà des certifications environnementales, est-ce que l’offre de restauration est vraiment responsable, quelles économies vais-je vraiment réaliser, quel va être le degré de confort pour mes salariés..? En quelques mois, nous avons vu les mentalités évoluer, s’agissant de la construction comme de l’exploitation. Le Covid-19, et tout le monde a pu l’observer, a également eu un impact sur les mobilités. La place du vélo en ville explose, et cela se traduit par des espaces de parkings adaptés aux mobilités douces qui vont jusqu’à quintupler en taille dans les immeubles tertiaires. Et tout le monde nous les demande !
On parle d’urgence climatique, de crises : dans quelques années, quel devra être le rôle de l’entreprise et plus précisément du bureau face à ces enjeux ?
Il faut être assez modeste, notre étude montre que le bureau n’est pas encore considéré comme le lieu principal de l’action en faveur de l’environnement et de la société. Mais ce qui me frappe, c’est que les grandes entreprises montrent la voie, et demain, tout le monde devra emboîter le pas. Les employés sont très attentifs aux actions de leur employeur, et leurs demandent bien souvent dès l’entretien d’embauche quelles sont leurs activités RSE. Il faut des actions, pas seulement des politiques ! Aux entreprises de trouver des causes sincères, en rapport avec leur expertise et leur raison d’être, afin de pouvoir apporter une vraie valeur ajoutée dans leur engagement auprès de tous.
Nous faisons intervenir beaucoup d’experts dans les pages qui suivent : qu’avez-vous retenu au cours de ces rencontres ?
Cette étude nous a permis de faire un tour d’horizon des pratiques et des attentes en matière de RSE. Ce que l’on remarque au travers des différents entretiens que nous avons menés, c’est que tout le monde peut s’engager. Certains en ont fait le cœur de leur activité, je pense à Yann Bucaille et ses Cafés Joyeux, à Amélie Dumont de la start-up Phénix ou à Guillaume Rossignol de l’ONG JRI. D’autres comme Eutopia intègrent ces engagements à des activités plus traditionnelles comme la finance. Et aujourd’hui, même les très grandes entreprises – nous avons interviewé des dirigeants de Vivendi et de Aéma notamment – nous montrent qu’ils peuvent être des acteurs du changement de manière très concrète. C’est aussi l’un des enseignements des derniers mois : les entreprises ont maintenu un lien très fort avec leurs salariés, les ont accompagnés au plus fort de la tempête. Et aujourd’hui, ils mettent les moyens pour s’engager plus largement auprès de la société.
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