Pour la troisième fois depuis 2022, l’Ifop s’associe à Bayard, Boursorama Banque, La financière de l’échiquier ainsi que Vives pour mener une étude au sujet du rapport qu’ont les femmes avec l’argent et l’investissement financier. Cette enquête a été réalisée du 18 au 23 janvier 204, auprès d’un échantillon de 1004 femmes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population féminine française, avec un échantillon parallèle de 502 hommes.
1. Les femmes, en 2024, restent plus prudentes que les hommes quand il s’agit de gérer leurs finances. Elles ont davantage tendance à épargner, et sont moins nombreuses à investir dans des produits financiers plus risqués.
- 80% des femmes interrogées déclarent épargner et 75% le font dès que cela est possible pour elles (contre 72% des hommes, qui le font à 68% quand ils le peuvent).
- Dans le même temps, 11% des femmes investissent en Bourse soit plus de deux fois moins que les hommes (24%). Il en va de même pour les investissements socialement responsables (ISR), attirant un peu plus de 2 hommes sur 5 contre 1 femmes sur 5 (22% et 12% respectivement).
- Ainsi, quand on leur demande ce qu’elles feraient d’une importante entrée financière, leur premier réflexe serait de placer cet argent (à 48%, contre 41% des hommes). A l’inverse, 12% des hommes placeraient la somme en Bourse, ce qui représente encore une fois plus du double des femmes à faire ce choix (5%).
- L’aversion au risque est donc une caractéristique importante quand il s’agit de définir le rapport des femmes à l’argent : 93% vont dans ce sens, 68% étant « tout à fait d’accord » avec l’idée de ne pas souhaiter associer l’argent au risque (contre 85% et 44% respectivement pour les hommes).
2. Liée à un rapport au risque différent, une impression de méconnaissance des actions financières plus risquées, une approche plus pragmatique et quotidienne de l’argent
A. Ressenti de méconnaissance chez les femmes
Le manque de connaissance financière constitue la deuxième raison évoquée par les femmes refusant d’investir dans un produit boursier (après le manque de revenus) et la première par celle qui ne veulent pas d’un ISR.
- Ressenti qui ne semble pas être justifié par rapport au niveau d’information des hommes
Pourtant, le niveau d’information des femmes et des hommes sur l’argent est globalement similaire : les répondantes sont autant – si ce n’est plus – au fait de leurs propres finances (rentrées d’argent, dépenses, impôts), et ont reçu autant de conseils que les hommes de la part de leur banquier et ou leurs amis (davantage même de la part de leurs parents).
Même au niveau de l’identification plusieurs de produits d’investissement, (assurance vie, PEA, PER, SICAV), aucune différence significative n’est observée entre hommes et femmes (en dessous de 6 points d’écart).
- Une manière de s’informer qui varie toutefois entre hommes et femmes
Ce sont les sources d’information financière peuvent cependant varier : alors que les femmes sollicitent principalement leur banque (43%), les hommes diversifient davantage leurs références : internet, émissions TV, réseaux sociaux ou encore podcasts. Ils sont aussi plus susceptibles que les femmes à discuter placements financiers et bourse avec leur entourage (17% VS 10%).
En outre, l’envie de se former pour mieux comprendre les enjeux financiers est plus importante chez les hommes (44%) que chez les femmes (36%).
B. Une approche plus concrète et quotidienne de l’argent
Un autre frein peut résider dans la représentation que se font les femmes des enjeux financiers. Pour elles, l’argent représente avant toute chose « une nécessité pour vivre » (à 86% VS 76% pour les hommes). Les hommes, même s’ils partagent cette idée, associent l’argent à des enjeux plus divers, comme un moyen de peser dans la société (9% VS 5%) ou bien un domaine qui est – en soi – passionnant pour eux (8% VS 3%).
D’autre part, les femmes rapportent plus que les hommes ressentir l’impact de l’inflation sur différents enjeux : leur confiance en l’économie et en l’avenir en général, mais aussi sur leurs habitudes de consommation au quotidien (sur ces points, on note des différences de 10 points entre les cibles). Les aspects de confiance étant assez clé quand il s’agit d’investir, cela peut expliquer la moindre propension des femmes à parier sur ses propres finances.
C. Un rapport à l’argent mis en tension quand la progression de carrière est moins fluide
Il est difficile d’analyser le rapport des femmes à l’argent et laisser de côté les spécificités de progression de carrières. Interrogées sur situations liées à leur évolution professionnelle, les femmes actives (51% de l’échantillon) déclarent systématiquement se sentir moins à l’aise que les hommes :
- Quand 2 hommes sur 3 se sentent en mesure d’obtenir une promotion, ce n’est le cas que pour 1 femme sur 2.
- De même, 54% des hommes se sentent en confiance pour demander une augmentation, contre 37% des femmes.
- Les écarts vont presque du simple au double lorsqu’il s’agit de lancer sa propre entreprise: 31% des hommes seraient prêts à changer de statut, contre 18% des femmes.
Plus généralement, les hommes se disent plus à même de connaître leur valeur salariale (et ainsi négocier leur évolution) que les femmes (54% VS 43%).
3. Au sein du couple, les femmes ont rarement le plus haut salaire et sont plus responsables des dépenses courantes
Toutes ces différences de rapport à l’argent entre hommes et femmes sont particulièrement structurantes au sein du couple (lorsqu’il est hétérosexuel) :
D’un côté, 3 hommes sur 4 déclarent toucher le revenu le plus élevé au sein du foyer (74% VS 33% des femmes). [A noter que l’idée d’une situation inverse (que ce soit la femme qui gagne le plus) mettrait mal à l’aise 19% des femmes elles-mêmes]
De l’autre, la répartition des dépenses au sein du foyer telle qu’elle est décrite par les répondants est très spécifique :
- Les femmes sont 52% à être en charge des dépenses courantes (30 points de plus que les hommes) ;
- Les hommes, eux, sont 42% à prendre en main les placements financiers (13 points de plus que les femmes)
- Ils sont deux fois plus à décider des achats ou décisions relatives à l’immobilier (33% contre 15% pour les femmes).
Ainsi, la distribution traditionnelle des dépenses résulte de, mais renforce aussi l’éloignement des femmes de l’investissement financier.
