85% des Français de 18 ans et plus possèdent au moins un produit d’épargne dans un établissement bancaire ou financier, une proportion stable depuis août 2020.
Dans le détail cette année, 58% en possèdent plusieurs et 27% un seul. Parmi eux, la quasi-unanimité y place de l’argent et 42% le font de manière mensuelle. C’est notamment particulièrement le cas des 25 à 34 ans, des cadres et des professions intermédiaires, des catégories aisées (plus de 2 500 euros nets par mois) et des foyers avec deux enfants.
Tout comme les années passées, les Français épargnent avant tout pour parer à tout imprévu…
Globalement, la majorité des répondants concernés indiquent épargner pour faire face aux situations compliquées (75%), que ce soient les petits imprévus du quotidien ou bien une éventuelle situation exceptionnelle. Dans des proportions moindres mais non négligeables, 45% mettent de l’argent de côté pour financer un projet futur (à long terme comme à court terme) ou bien à des fins d’organisation pour dissocier leurs économies de leur compte courant.
A noter, on observe des écarts selon l’âge des répondants : les moins de 35 ans sont ainsi majoritaires à privilégier les économies pour un projet d’avenir (59% vs 40% des plus de 35 ans), là où leurs ainés sont plus nombreux à épargner pour faire face à tout évènement extraordinaire (77% vs 68% des moins de 35 ans).
… et sont frileux à l’égard des placements à risque. L’épargne responsable reste par ailleurs minoritaire et l’apanage des jeunes générations.
La majorité des épargnants ont recours à des produits sans risque même avec un faible rendement (69%) et seulement 22% choisissent des produits risqués avec un rendement espéré plus conséquent. 9% utilisent quant à eux des produits plus responsables pour l’environnement et pour la société, quelque que soit leur rendement, une proportion stable depuis avril 2022. C’est surtout le cas des moins de 35 ans et des étudiants.
En lien avec cette frilosité observée à l’égard du risque, deux placements continuent de dominer largement les comportements d’épargne des répondants : un ou plusieurs livrets réglementés (81% des épargnants y ont eu recours en 2023) et un contrat d’assurance vie ou de capitalisation (29%).
Pour répondre à la crainte que leur future pension de retraite ne soit pas suffisante, de nombreux actifs optent ou ont l’intention d’opter pour un plan d’épargne retraite.
L’écrasante majorité des actifs (84%) estiment nécessaire d’épargner par eux-mêmes pour compléter leur future pension de retraite, notamment depuis l’entrée en vigueur de la réforme des retraites en septembre 2023 ; ils sont même 43% à l’estimer « tout à fait » nécessaire, une proportion identique à celle de l’an dernier. Dans ce contexte, le PER apparait comme un placement stratégique à leurs yeux, 41% ayant l’intention d’en ouvrir un et 14% l’ayant déjà fait.
Parmi les actifs les plus enclins à ouvrir un PER figurent les moins de 35 ans, les étudiants, les catégories modestes (entre 900 et 1300 euros nets par mois) et les foyers avec enfant(s). Les 50-64 ans et les catégories aisées sont quant à eux significativement plus nombreux à avoir déjà souscrit à un PER.
45% des actifs français ne souhaitent pas souscrire à un PER. En cause ? L’arbitrage avec d’autres priorités financières, l’échéance de la retraite qui apparait comme trop lointaine ou trop proche selon l’âge des répondants, et un manque criant d’informations sur le sujet.
Les actifs réfractaires au PER l’expliquent avant tout par leurs autres priorités financières (c’est le cas pour 36% d’entre eux au total). Ils le justifient ensuite dans des proportions similaires par le frein que représente pour eux le blocage des fonds jusqu’à leur retraite (28%), par des doutes sur les avantages fiscaux du produit (26%), et par le fait qu’il est selon eux trop tard pour souscrire un PER (23%, un chiffre qui grimpe à 42% chez les 50-64 ans).
A noter, ils sont également un quart à expliquer qu’ils ne se projettent pas encore sur leur départ à la retraite et ne se sont pas renseignés sur le sujet, un chiffre à mettre en lien avec le niveau de connaissance des actifs quant au montant de la pension de retraite qu’ils percevront : seulement 28% d’entre eux indiquent le connaitre, et 6% « précisément », des résultats stables par rapport à l’an dernier. Logiquement, la notoriété progresse avec l’âge des répondants mais sans jamais atteindre un seuil de connaisseurs majoritaires. Ainsi, à peine 4 seniors (de 50 à 64 ans) sur 10 déclarent cerner le montant de leur future pension de retraite, échéance qui se rapproche pourtant pour eux.
Les indicateurs relatifs à l’investissement responsable restent peu connus du grand public, un quart d’entre eux seulement déclarant en connaitre au moins un.
Parmi les deux indicateurs les plus présents à l’esprit figurent les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), connus par 21% des répondants (8% voyant précisément de quoi il s’agit) et le Label ISR (Investissement Socialement Responsable), connu par 20% d’entre eux (8% voyant là aussi précisément de quoi il s’agit). Le Label Greenfin et la notation SFDR (articles 6, 8 et 9) sont en bas de classement et appréhendés par respectivement 12% et 11% des répondants seulement. On retrouve parmi les plus informés sur ces sujets les moins de 35 ans, les cadres, les étudiants, les habitants d’Ile-de-France et les catégories aisées.
Les investissements responsables restent minoritaires en France en raison d’abord d’une trop faible circulation de l’information à leur sujet, puis d’un besoin de réassurance à l’égard de la sécurité de leur rendement et du caractère éthique des projets financés.
Les répondants n’investissant pas ou peu dans les produits responsables le justifient principalement par leur manque d’informations sur le sujet (53% mentionnent ce motif au total). Viennent ensuite la crainte que ces placements soient trop risqués (28%) et la peur d’être victime de greenwashing et d’investir dans des placements qui ne soient finalement pas vertueux pour l’environnement (25%). Dans le détail, les employés soulignent davantage leur manque de connaissance sur le sujet et redoutent particulièrement le degré de risque de ces investissements, là où les cadres et les catégories aisées évoquent davantage le greenwashing comme argument dissuasif.
Environ un répondant concerné sur cinq (19% au total) est réellement réticent en affirmant que l’investissement responsable ne l’intéresse pas. C’est particulièrement le cas des 65 ans et plus.
Les Français ayant utilisé différents placements en 2023 sont plus ou moins autonomes dans leur gestion de ces derniers.
Parmi les répondants ayant eu recours aux placements d’assurance-vie, de PER, de PEA ou de SCPI en 2023 (soit 36% de l’échantillon), un peu moins de la moitié (48%) ont choisi en toute autonomie les produits sur lesquels leur argent a été placé. 52% à l’inverse ont eu recours à un professionnel pour les aider : 35% parce qu’ils estimaient ne pas avoir les connaissances nécessaires pour placer leur argent de manière autonome, et 17% par manque de temps, les résultats étant assez homogènes selon les catégories de population.
Seuls 3% des épargnants ont préféré placer leurs économies dans des sociétés civiles de placement immobilier en 2023 ; ceux qui se sont orientés vers des livrets réglementés ne l’ont pas fait pour les rendements générés, mais bien plutôt par intérêt, confort et sécurité.
Interrogés sur leur préférence envers les livrets réglementés plutôt qu’envers des placements plus risqués, les répondants concernés sont largement majoritaires à estimer ne pas avoir les connaissances nécessaires pour placer leur argent sur les marchés financiers ou dans les SCPI (82%), à craindre de perdre de l’argent en investissant dans ces placements (81%) ou encore à estimer que ceux-ci manquent de transparence (80%). Le manque de connaissance reste donc ici aussi déterminant.
A noter, les répondants relèvent également leur manque d’intérêt vis-à-vis des marchés financiers ou des SCPI (71%), et leur sentiment de ne pas être suffisamment rémunérés avec l’argent placé sur leurs livrets réglementés (52%), signe que ce ne sont pas les bénéfices financiers escomptés par ces placements sécurisés qui dictent leur choix.
Les femmes ont des comportements d’épargne différents des hommes et se sentent systématiquement moins informées qu’eux sur les placements et leurs modalités.
Elles sont ainsi moins nombreuses à posséder plusieurs produits d’épargne (55% vs 60%) et privilégient davantage des produits sans risque même avec un faible rendement (75% vs 62%), là où les hommes sont plus attirés par les investissements à risque. Elles ont donc logiquement favorisé les livrets réglementés en 2023, tandis que les hommes sont plus nombreux à avoir investi dans un contrat d’assurance-vie ou de capitalisation, un PEA ou encore une SCPI.
Seulement 20% des femmes actives déclarent connaitre le montant qu’elles percevront une fois à la retraite (contre 36% des hommes) et elles relatent davantage la nécessité d’épargner par elles-mêmes pour se constituer un revenu supplémentaire à leur pension de retraite. Elles sont également, à leurs dires, moins au fait des indicateurs relatifs à l’investissement responsable : 19% d’entre elles en connaissent au moins un, contre 34% des hommes.
Pourtant, et malgré un niveau d’information systématiquement inférieur à celui des hommes, parmi les femmes ayant opté pour des placements d’assurance-vie, de PER, de PEA ou de SCPI en 2023, la même proportion d’entre elles ont choisi en toute autonomie les produits sur lesquels placer leur argent (47% des femmes, et 49% des hommes). Ces résultats tendent à démontrer que le manque d’information des femmes sur les sujets financiers testés n’est pas vérifié dans les actes, et qu’elles sont autant capables que les hommes de gérer leur épargne de manière éclairée : ce manque d’information provient donc surtout d’un sentiment d’illégitimité et d’autocensure des femmes que l’on observe dans d’autres enquêtes.