En matière de géographie électorale, les résultats de la dernière élection présidentielle ont montré que si le clivage gauche/droite continuait d’être plus ou moins structuré sur une base régionale, la prise en compte du lieu de résidence et plus particulièrement de la distance à la grande agglomération la plus proche ou la moins éloignée apparaissait aussi importante pour bien appréhender le vote.
Au cours des trente dernières années, la géographie sociale de notre pays a été en effet profondément modifiée sous l’effet de l’étalement urbain et de la péri-urbanisation. Des pans entiers des catégories populaires ont progressivement quitté les grandes agglomérations pour s’installer dans les zones pavillonnaires du péri-urbain par un phénomène de relégation subie (la hausse de l’immobilier dans les métropoles les conduisant à s’installer ou à devenir propriétaires dans des zones plus abordables et donc toujours plus éloignées des centres) ou choisie (on fuit la grande ville, sa banlieue et ses nuisances notamment la délinquance).
Parallèlement à cela, les grandes villes ont vu s’accroître la population issue de l’immigration dans leurs quartiers populaires et concentrent un nombre très important de cadres et professions intellectuelles. Dans ce nouveau paysage social, le « gradient d’urbanité » c’est-à-dire la distance qui sépare la commune de résidence de la grande agglomération (de plus de 200 000 habitants) la plus proche a une incidence électorale de plus en plus forte. C’est notamment le cas pour le FN dont le vote est fortement (et de plus en plus) structuré selon ce critère.
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