Entretien avec Anne-Laure Marchal, Directrice d’Études au sein du département Opinion & Stratégies d’Entreprise de l’Ifop, en charge du dernier baromètre Paris Workplace 2016, qui compare cette année la façon dont les salariés perçoivent leur bureau à Londres et à Paris.
Que nous apprennent les journées types comparées des Londoniens et des Parisiens ?
Les Londoniens perdent beaucoup de temps dans les transports, ils y passent 24 minutes de plus que les Parisiens chaque jour, mais se rattrapent au moment du repas, puisqu’ils passent aussi 24 minutes de moins que les Parisiens en pause déjeuner (48 minutes contre 1 h 12). Le plus frappant reste néanmoins le temps moyen passé au bureau. 18 minutes de plus chaque jour pour les Londoniens, à la fin de l’année cela représente l’équivalent de 8 jours de travail en plus.
Le bureau est considéré comme un lieu d’intégration sociale à Paris. Qu’en est-il à Londres ?
Aussi étrange que cela puisse paraître pour un Français, les Londoniens viennent essentiellement au travail pour… travailler. Au-delà de la boutade, il y a une vraie différence culturelle dans l’approche du travail et des relations entre collègues. Pour les Britanniques, le bureau n’est pas en soi un espace de socialisation : on arrive, on bosse et on apprécie peu les digressions en réunions. Il y a moins de relations interpersonnelles donc moins besoin d’intimité, l’absence de bureaux cloisonnés n’est pas problématique. Les liens se nouent ailleurs, au pub ou à l’occasion d’événements festifs qui ont cette fonction bien précise de socialisation.
À Paris, les apartés et les conversations personnelles font partie de la vie au travail et remplissent une fonction essentielle. Du coup, si la généralisation des bureaux ouverts nuit à l’intimité des échanges, il est important d’aménager des espaces de convivialité au sein de l’entreprise. Les moments forts de la vie entre collègues se déroulent d’ailleurs en France pendant la journée de travail, à l’occasion des repas.
Pour quel résultat ? Les moments de convivialité ont-ils un vrai impact sur l’ambiance au bureau ?
Les Parisiens sont réputés râleurs, pourtant sur sur ce plan-là l’enthousiasme est quasi unanime puisque 85 % des salariés jugent qu’il y a une « bonne » ou une « très bonne » ambiance entre collègues au bureau. Et les rares à regretter une mauvaise ambiance sont aussi ceux, en toute logique, qui déjeunent le moins régulièrement avec des collègues.
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