Depuis 2019, l’Ifop réalise – à l’initiative du Labo de la Fraternité – un baromètre sur la fraternité en France. Voici les résultats de la vague de 2024 :
- Les Français se pensent a priori plutôt fraternels
De prime abord, la fraternité est une valeur importante aux yeux des Français : près de 4 Français sur 5 se disent prêts à agir en faveur de la fraternité (78%) une majorité déclare avoir réalisé un geste fraternel au cours du mois passé (60%). Pour les répondants, le principe de fraternité se définit avant tout comme le fait de traiter tous les individus avec respects, quelle que soit leur origine ou leur statut. Dans le même esprit, 74% seraient – en théorie – disposés à interagir davantage avec des personnes différentes d’eux-mêmes.
- Mais cette fraternité semble s’arrêter aux personnes qu’ils connaissent et dont ils se sentent proches, restant hypothétique pour les autres
Pour autant, la fraternité dans ce qu’elle implique concrètement (à savoir, les liens avec des personnes en dehors de son cercle proche) n’est pas si ancrée dans la vie des Français. Seuls 25% ressentent de la responsabilité d’apporter son aide aux personnes en difficulté (qu’ils les connaissent ou non), et la proportion de ceux qui ne ressentent aucune responsabilité envers quiconque est passée de 15% en 2019 à 21% en 2024.
En parallèle, la part de ceux qui font part de méfiance envers des inconnus ne cesse d’augmenter pour atteindre 79% cette année (contre 62% en 2019). Il n’est ainsi pas surprenant que, parmi les 3 valeurs de la devise de la France, la fraternité soit largement devancée aux yeux de ses compatriotes : seuls 9% d’entre eux la citent en premier (contre 65% pour la liberté).
- La diversité à part entière suscite en outre de plus en plus de défiance
Autre paradoxe, lorsque l’on demande aux répondants de choisir un mot qualifiant au mieux leur pays, 85% d’entre eux ont choisi le mot « diversité ». Pour plus de la moitié, la diversité évoque la pluralité d’origines ethniques ou linguistiques (52%), bien davantage que les différents milieux sociaux (33%) ou nationalités (31%).
Cela ne signifie pas pour autant que les Français soient en adhésion avec ce que cette valeur implique. 3 sur 4 estiment que cela crée des problèmes (76%) et près de 3 sur 5 en sont inquiets (57%) – des chiffres qui s’accentuent fortement au cours des dernières années (+7 et +6 points respectivement en seulement un an).
- Pourtant, la fraternité est nécessaire pour les Français
Malgré ce constat d’une crainte grandissante, la fraternité est non seulement jugée utile aujourd’hui (pour 84% des sondés), elle est sous-estimée selon 61% dans notre société. La nécessité de liens fraternels est d’autant plus probante que plus d’un Français sur deux rapporte se sentir seul, au moins de temps en temps (55%, dont 15% souvent). Par ailleurs, le lien (notamment celui du couple) est fortement corrélé au niveau de bien-être selon nos résultats : parmi les personnes en couple, 92% se disent heureux contre 70% des personnes célibataires.
Les bénéfices potentiels de la fraternité sont d’ailleurs largement reconnus : 82% de répondants estiment que des liens fraternels jouent un rôle pour la santé mentale (dont pour 42% un rôle important). Ces actions pourraient même agir en faveur du sentiment de sécurité, selon 71% des personnes interrogées.
- Et des leviers existent pour l’avenir
Parmi les acteurs ayant les moyens d’agir en faveur de la fraternité, la société civile se démarque à 57% ; les autres instances, comme les médias, le gouvernement ou l’école, sont moins adjuvantes mais pourraient l’être.
Par exemple, parmi les leviers d’action prioritaires, les sondés ont d’abord retenu le fait d’intégrer systématiquement un engagement civique bénévole dans les parcours scolaires et professionnels. Une telle initiative engagerait l’ensemble des parties prenantes mentionnées.
Une nette majorité de Français s’accorde ainsi à dire que la fraternité sera centrale dans la société de demain (71%), même si créer des liens avec autrui apparaît comme plus difficile aujourd’hui.