Plus de 40 ans après la découverte du VIH, l’épidémie en France est aujourd’hui contenue, mais pas encore vaincue (200 000 personnes vivent avec le VIH, 24 000 l’ignorent). Grâce aux progrès thérapeutiques, les personnes séropositives, sous traitement, ont une espérance de vie similaire aux personnes séronégatives et ne transmettent plus le VIH, même lors d’un rapport sexuel non protégé par un préservatif. Alors que la science offre des progrès encourageants, cette enquête montre que la sérophobie qui marqua l’atmosphère des années 80/90, mêlant idées reçues, violences et discriminations envers les personnes séropositives, est loin d’avoir disparu de la société française.
Quarante ans après sa création, AIDES en tant que première association de lutte contre le sida et les hépatites en France et en Europe, a souhaité effectuer cette enquête afin de mieux savoir comment le rapport des Français au VIH/sida et aux personnes séropositives a évolué.
CHIFFRES CLÉS
1) LES FRANÇAIS FACE AU VIH : LE GRAND RELACHEMENT ?
1 – La proportion de Français qui considèrent que les risques d’être contaminé par le virus du sida ne sont pas importants est passé de 14% en 1988 à 40% aujourd’hui.
2 – Les moins de 25 ans sont une majorité (51%) à considérer que les risques d’être contaminé au VIH ou d’être malade du sida aujourd’hui sont faibles.
3 – La peur d’atteindre le stade sida est minoritaire : elle ne concerne que 38% des Français.
2) LE VIH, UN VIRUS COMME UN AUTRE ?
4 – De moins en moins de Français sont capables de faire la distinction entre une personne séropositive et une personne malade du sida : si 61% des Français connaissaient cette différence en 1988, ils sont moins de la moitié aujourd’hui (49%).
5 – Les trois quarts des Français (77%) pensent encore que l’on peut être contaminé par le virus du sida lors d’un rapport sexuel non protégé avec une personne séropositive sous traitement. Un quart des Français (24%) ignore qu’une personne séropositive sous traitement peut avoir une espérance de vie équivalente à celle d’une personne séronégative.
3) CÔTOYER DES PERSONNES SÉROPOSITIVES RESTE UNE SOURCE DE MALAISE, MEME SI ELLES FONT MOINS L’OBJET DE REJET
6 – Les personnes séropositives et personnes au stade sida sont encore considérées comme une minorité à exclure de la société par une partie de la population : l’isolement des malades du sida est soutenu par 11% de la population (contre 23% en 1988) et celui des personnes séropositives par 8% de la population.
7 – Si 91% de Français continueraient de voir un de leurs amis s’ils apprenaient sa séropositivité, cette bienveillance s’arrête lorsque la relation est plus intime : moins de la moitié des Français (46%) continueraient de fréquenter une personne avec laquelle ils avaient des relations sexuelles s’ils apprenaient sa séropositivité. Par ailleurs, 21% des Français (soit un Français sur cinq) seraient mal à l’aise à l’idée de savoir que l’enseignant de leur enfant est séropositif.
8 – Malgré la baisse des comportements de la volonté d’exclure les personnes porteuses du virus du sida, la sérophobie n’a pas pour autant disparue : 16% des Français indiquent encore aujourd’hui être mal à l’aise à l’idée de côtoyer une personne séropositive.
9- Les Français semblent en partie conscients des discriminations subies par les personnes séropositives : 78% d’entre eux pensent que les personnes séropositives sont victimes de discriminations et 37% pensent que les personnes vivant avec le VIH sont victimes de discriminations de la part des professionnels-les de santé.