Le nombre de personnes souffrant de maladie chroniques ne cesse de croitre.
Que cela signifie-t-il pour la santé des Français ?
Question 1 : Selon les derniers chiffres, la France compterait environ 10 millions de malades chroniques. Des Français de plus en plus malades ?
1,3 millions de Français ont nouvellement déclaré l’une des maladies qui donnent doit à une prise en charge à 100 % (régime ALD). On peut ainsi estimer que le seuil de 10 millions de malades chroniques a été franchi : soit plus d’un Français sur 6 touché !
Mais cela ne veut pas dire pour autant que les Français se portent mal. Au contraire : l’allongement de la durée de vie, une meilleure prise en charge de la population âgée, le fait que certaines pathologies à pronostic très sombre se muent, grâce aux progrès de la médecins, en maladies chroniques – tous ces facteurs contribuent tout autant à cette progression que le fait que la base de la définition a été élargie : des 4 maladies initialement incluses, on est passé à plus de 30 ALD aujourd’hui, regroupant un nombre impressionnant de pathologies.
Nous voici donc face à un véritable paradoxe : s’il y a davantage de malades, c’est avant tout grâce au progrès de la médecine et à l’amélioration de la prise en charge des patients.
Bien entendu, des disparités peuvent être fortes, et de nouvelles problématiques émergent. Ainsi, ce sont les femmes de moins de 65 ans qui accusent les améliorations les plus faibles, avec des taux de bronchopneumopathies et cancers du poumons en augmentation constante. En-dehors du tabagisme, d’autres facteurs liés à l’hygiène de vie mais aussi à la pollution environnementale peuvent jouer un rôle péjoratif marqué sur cette population des moins de 65 ans, qui semblent donc moins profiter de l’amélioration de l’espérance de vie.
Question 2 : 6 Français sur 10 malades chroniques, cela parait énorme. Ce chiffre semble en décalage complet avec notre perception de la vie sociale ou de la vie en entreprise, où maladie et handicap sont peu présents…
L’handicap et la maladie sont souvent invisibles et mis à l’écart, surtout en France, si l’on compare la situation avec celle de nos voisins nordiques par exemples.
On connait la difficulté de l’insertion dans le monde de travail des 2,4 millions de personnes âgées de 15 à 64 ans reconnues handicapées. Aussi bien le secteur privé que le secteur public sont loin des 6% imposés par la loi : Les entreprises préfèrent payer des amendes plutôt que d’embaucher des personnes souffrant d’handicap.
La réalité des personnes souffrant de maladie chronique dans l’entreprise reste un sujet très peu couvert. A priori, santé et performance semblent liés. Un salarié souffrant d’une maladie chronique ou d’un handicap semble quasi automatiquement moins performant… Or les études semblent démontrer que cela est loin d’être le cas.
Question 3 : Mais la maladie impacte bien la performance, en entreprise comme ailleurs ?
Cela reste à voir. Dans le cadre de nos études réalisées avec des patients, mais aussi des RH et des médecins de travail, nous avons identifié un réel surinvestissement dans le travail, et une forte fidélité à l’entreprise. Nous avons aussi pu constater le phénomène de sur-présentéisime, un phénomène qui s’inscrit en creux par rapport à l’absentéisme. Les patients atteints d’handicap ou de maladie chronique ont ainsi tendance à compenser une certaine fatigue inhérente à la maladie avec des horaires à rallonge ou du travail le week end, au détriment de leur vie personnelle.
Le grand challenge des entreprises sera : comment prendre en compte des spécificités de ces salariés en situation de maladie chronique ou de handicap sans pour autant entrer dans la stigmatisation ?
La réponse semble résider dans les règles générales : instaurer la flexibilité au niveau des horaires, offrir la possibilité de télétravail, installer une atmosphère bienveillante, bannir autant que possible le stress : autant d’actions bénéfiques non seulement pour ces employées, mais pour l’ensemble des salariés.
Notre rôle est de les soutenir dans cette recherche, en investiguant les attentes et besoin des différents acteurs de la chaine de l’emploi afin d’aider l’identification de nouvelles solutions.
écrit par Christina Bienenfeld
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