Le tri des déchets : une pratique adoptée, mais encore perfectible
En 2024, la question de trier ses déchets ne fait quasiment plus débat pour la majorité des Français, mais la manière de le faire correctement reste une préoccupation. Si 90 % des répondants considèrent le tri comme une pratique facilement intégrée à leurs habitudes, près de la moitié (46 %) continuent d’avoir des doutes au moment de jeter certains déchets, malgré une baisse significative par rapport à décembre 2023 (-8 pts). C’est le cas notamment pour des déchets spécifiques tels que les barquettes en polystyrène, les caoutchoucs de bocaux ou les restes de peinture, même si les doutes sur ces gestes ont diminué. Ce n’est donc pas tant la logistique ou le geste de tri en lui-même, qui semblent maîtrisés pour les déchets les plus courants, que la nature spécifique des déchets qui suscitent l’interrogation. Ces incertitudes montrent donc que le défi ne réside plus dans l’adhésion au tri, mais dans sa mise en œuvre efficace.
Un accès croissant à l’information pour guider les gestes
Le niveau d’information des Français sur les bonnes pratiques de tri connaît une nette amélioration. Désormais, 62 % des répondants déclarent avoir suffisamment d’informations pour bien trier leurs déchets et 57 % disent savoir à qui s’adresser pour avoir des conseils sur le tri, des chiffres en hausse par rapport à décembre 2023 (+11 pts et +9 pts respectivement). Il en va de même pour le tri des biodéchets : 52 % des Français s’estiment suffisamment informés sur les bonnes pratiques à adopter, contre 45 % en 2023.
Cette progression pourrait refléter les efforts des collectivités et des acteurs impliqués dans la sensibilisation au tri, puisqu’environ 2/3 des Français ont le sentiment que leur collectivité agit suffisamment pour favoriser le tri des déchets de la part des habitants. En outre, la plupart des Français (72 %) considère qu’il y a suffisamment de poubelles dédiées au tri de leurs déchets pour leur foyer ou leur immeuble. C’est légèrement moins le cas concernant les poubelles près de chez eux (conteneurs d’apport volontaire), malgré une progression par rapport à l’année dernière (+4 pts). Parallèlement, les principaux déchets pour lesquels il manquait des poubelles ou conteneurs – les déchets électriques / électroniques et les vêtements -, demeurent en tête de liste mais présentent une baisse significative de citations.
Au regard de ces résultats encourageants, il est à noter que cette perception d’amélioration est corrélée au niveau d’information de la population sur les pratiques de tri : en effet, les moins sensibilisés sont plus prompts à pointer une insuffisance de dispositifs et demandent davantage de soutien pédagogique.
Enjeux et attentes des Français autour de la gestion des déchets
La gestion des déchets reste un sujet essentiel aux yeux des Français pour qui, en outre, le métier d’éboueur est majoritairement reconnu comme indispensable à la société (72 %).
L’information sur les dispositifs réglementaires et sur les bonnes pratiques reste un enjeu clé. Bien que le tri des biodéchets soit devenu obligatoire en 2024, seuls 59 % des Français déclarent en être informés, un chiffre stable par rapport à l’année dernière. Cette stagnation met en lumière la nécessité d’intensifier les efforts de sensibilisation pour accompagner les citoyens dans l’adoption de nouvelles. En outre, une majorité de Français (69 %) se déclare prête à utiliser une application numérique pour mieux gérer leurs déchets, signe d’une demande croissante pour des outils facilitant ce geste au quotidien.
A l’inverse, certaines orientations liées à la gestion des déchets peinent à convaincre. En l’occurrence, plus de la moitié des répondants (58 %) s’opposent à la redevance incitative. En outre, seuls 25 % estiment indispensable le fait que les camions de collecte soient électriques, 57 % estimant que cet enjeu est important mais pas prioritaire. Pour autant, 76 % des répondants pensent que leurs efforts en matière de tri des déchets contribuent réellement à la préservation écologique. Cela souligne qu’il y a bien une conscience écologique ancrée, mais que les attentes des Français ne se situent pas prioritairement sur ce type de mesure.
Focus sur les biodéchets
En ce qui concerne les biodéchets, les résultats révèlent une progression notable. Environ 62 % des foyers déclarent les trier, contre 54 % en 2023. Cette pratique génère moins d’appréhensions (28 %, soit -6 pts vs 2023), et toutes les craintes liées à celle-ci, notamment les mauvaises odeurs et la présence d’insectes (qui restent fortement exprimées avec plus de 60 % de citations), tendent à diminuer. Encore plus encourageant : 72 % estiment que l’intégration du tri des biodéchets dans leurs habitudes quotidiennes se fera sans difficulté majeure. Cette amélioration s’explique en grande partie par les pratiques des ménages vivant dans des maisons ou ayant accès à un jardin, où les initiatives individuelles sont plus accessibles.
Cependant, seul un tiers des Français rapportent l’existence de dispositifs spécifiques de tri des biodéchets dans leur commune, et seuls 13 % utilisent les dispositifs de collecte spécifiques proposés par leur commune, ce qui souligne une marge de progression pour les initiatives locales. Les habitants urbains et ceux résidant en appartements se montrent plus réticents, souvent en raison de contraintes logistiques ou d’un manque de dispositifs adaptés.
Les préférences des citoyens quant aux solutions de collecte des biodéchets révèlent une diversité d’opinions quant à leur efficacité. Les composteurs individuels sont plébiscités par 35 % des participants, suivis des bacs de collecte individuels ou partagés (26 %) et des bornes publiques (23 %). Toutefois, ces choix sont conditionnés par le type d’habitat : les composteurs dominent lorsqu’on vit en maison, tandis que les bacs partagés et les bornes en points d’apport volontaire sont favorisés en milieu urbain. Ces résultats soulignent l’importance de développer des solutions adaptées à chaque contexte de vie.
Conclusion
L’étude met en relief des avancées significatives dans les pratiques de tri et la gestion des déchets en France, avec une adhésion majoritaire au tri et une meilleure information des citoyens. Les attentes des Français se concentrent sur l’efficacité des services et la praticité, avec une demande accrue d’information pour mieux agir. Si les freins diminuent globalement, des efforts restent nécessaires pour accompagner cette pratique et répondre aux besoins particuliers des territoires, notamment pour optimiser le tri des déchets spécifiques et développer des dispositifs adaptés, en particulier pour les biodéchets en milieu urbain.