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Entretien 25/09/2024

“75% des élèves en situation de handicap à l’école présentent des troubles qui impactent directement ou indirectement les apprentissages…C’est tout l’enjeu du développement de pédagogies inclusives et des formations qui doivent être menées.”

 

 

Le collectif d’associations “Ma place c’est en classe” a de nouveau fait appel au pôle Opinion Ifop pour réaliser une étude approfondie sur les perceptions concernant l’inclusion des élèves en situation de handicap.

 

 

Emmanuel Guichardaz, Responsable des projets de scolarisation à la Fédération Trisomie 21 France, présente les conclusions clés de cette enquête et les actions à envisager pour renforcer l’inclusion scolaire.

 

 

Question 1 : La deuxième vague de l’enquête sur l’opinion des parents et des enseignants concernant l’inclusion des élèves en situation de handicap révèle que 93 % des enseignants ont déjà accueilli un élève en situation de handicap, mais seulement 20 % d’entre eux ont bénéficié d’une formation spécifique. Face à ce constat, quelles mesures concrètes pourraient être envisagées pour renforcer les compétences des enseignants en matière d’inclusion scolaire ?

 

Un grand plan de formation est nécessaire. Il a été annoncé par le Président de la République lors de la Conférence nationale du handicap d’avril 2013. Depuis, on ne voit pas grand-chose venir… L’une des pistes les plus intéressantes est de former ensemble, les professionnels du médico-social (les IME), ceux de l’Education nationale et plus généralement tous les acteurs qui participent du parcours de scolarisation de l’enfant. Cela s’appelle des formations « croisées », il y en a dans quelques régions, mais il faudrait l’étendre à tout le territoire.

 

 

Question 2 : 64 % des enseignants estiment que le recrutement d’aides humaines supplémentaires est essentiel pour mieux accompagner les élèves en situation de handicap. Cependant, les moyens actuels semblent insuffisants. Comment les acteurs du système éducatif peuvent-ils répondre à ce besoin croissant ?

 

Il y a un paradoxe : le nombre d’aides humaine n’a cessé de croître d’année en année, pour atteindre aujourd’hui près de 80 000 ETP, soit 130 000 personnes physiques. 6 élèves sur 10 sont accompagnés à l’école élémentaire, 8 sur 10 en maternelle. Pourtant, les demandes ne sont pas toutes satisfaites. Il faut se pencher sérieusement sur cette question : nous savons par exemple que des élèves bénéficient d’un accompagnement « faute de mieux », parce qu’ils n’ont pas trouvé de place dans les dispositifs de l’Éducation nationale (ULIS) ou dans ceux du médico-social (SESSAD, IME…). Les AESH sont aussi parfois mobilisés pour des missions qui ne sont pas de leur responsabilité, comme celle de l’adaptation de la pédagogie de l’enseignant. La demande vient aussi des enseignants qui se sentent démunis pour faire face à des situations qu’ils ne maîtrisent pas. Il faut donc mettre tous ces sujets sur la table, pour faire que chaque élève bénéficie d’un accompagnement adapté, et ce n’est pas toujours un AESH…

 

 

Question 3 : Au-delà des préoccupations concernant leurs conditions de travail, les enseignants soulignent des disparités dans la qualité de l’inclusion des élèves en situation de handicap selon le niveau scolaire. En effet, seulement 31 % des enseignants considèrent l’inclusion réussie au lycée, contre 53 % en maternelle. Quelles actions prioritaires faut-il envisager pour améliorer l’inclusion des élèves dans les établissements du secondaire ?

 

Pour comprendre cette situation, il faut savoir que 75% des élèves en situation de handicap à l’école présentent des troubles qui impactent directement ou indirectement les apprentissages : troubles du développement intellectuel, trouble du psychisme, troubles spécifiques des apprentissages… La scolarisation devient donc plus difficile pour ces élèves au fur et à mesure que l’on avance dans le cursus scolaire. C’est tout l’enjeu du développement de pédagogies inclusives et des formations qui doivent être menées.

 

 

À la lumière des résultats de cette deuxième vague, comment ces données vont-elles orienter les futures stratégies du collectif « Ma place c’est en classe » en faveur d’une école plus inclusive ?

 

Les études que Ifop a réalisées à notre demande visent à sonder les enseignants. Ceux-ci admettent que la scolarisation des élèves en situation de handicap est un droit, mais ils disent aussi que c’est une source de difficultés. Nous avons décidé l’aller à leur rencontre, via leurs organisations représentatives. Il est important de travailler ensemble à lever les obstacles. Notre collectif, qui accueille déjà parmi ses membres les deux principales fédérations de parents d’élèves, y est prêt.

Vos interlocuteurs

Marion Chasles-parot Directrice de clientèle - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Laureline Michaud Chargée d'études - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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