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Séduction et galanterie à l’ère Post #Metoo

7 ans après le premier tweet #Metoo et sa version française #Balancetonporc, quels impacts ces derniers ont pu avoir sur les pratiques de séduction, plus particulièrement sur la « séduction à la française », sur la galanterie ? Cette enquête Ifop pour ELLE menée en août 2024 auprès d’environ 1000 personnes révèle des évolutions significatives dans les pratiques de séduction et la perception de la galanterie en France depuis le mouvement #MeToo. En comparant ces résultats aux données d’enquêtes antérieures (2017, 2021), on observe des changements notables dans les comportements et les attitudes, reflétant une société en pleine mutation dans ses rapports de genre.

 

LE PREMIER PAS, DE LA PRATIQUE A LA PERCEPTION : VERS UNE LENTE MARCHE VERS L’EGALITE DANS LA SEDUCTION

L’enquête révèle une transformation graduelle des dynamiques de séduction, avec une tendance vers plus d’égalité dans les initiatives, mais aussi une persistance de certains schémas traditionnels. Cette évolution s’inscrit dans un contexte plus large d’empowerment féminin, où les femmes revendiquent une plus grande autonomie dans leurs choix et leurs actions.

 

1.1 Le “premier pas” n’est plus l’apanage des hommes, mais les mentalités évoluent lentement

Chez les femmes, le premier pas est donc perçu comme étant de moins en moins une pratique réservée aux hommes. Si elles étaient 41% en 2021 à penser que les hommes faisaient plus souvent le premier pas que les femmes, c’est le cas pour seulement 28% d’entre elles aujourd’hui, contre presque le double pour les hommes (45%). Elles sont aussi deux fois plus nombreuses aujourd’hui (13%) par rapport à 2021 (6%) à penser que les femmes font plus souvent le premier pas que les hommes. Au total, un peu plus de la moitié des Français (54%) pensent que les hommes et les femmes font à peu près aussi souvent le premier pas en 2024.

 

1.2 Initiatives en séduction : les femmes prennent de plus en plus les devants, notamment dans les catégories socio culturelles et professionnelles plus élevées.

En 2024, un tiers des Françaises indiquent faire régulièrement le premier pas, c’est 5% de plus par rapport à 2021. Cette tendance peut être interprétée comme étant une manifestation de l’empowerment féminin. Un phénomène où les femmes s’approprient de plus en plus le droit de prendre l’initiative dans les relations amoureuses et défient ainsi les normes traditionnelles de passivité féminine. De ce fait, cette tendance concerne plus particulièrement les femmes ayant un niveau de diplôme élevé (c’est le cas de 41% de celles ayant un niveau supérieur au baccalauréat contre 22% pour celles ayant un niveau inférieur) et celles étant cadres (53% contre 25% pour les ouvrières). Près de la moitié des femmes s’estimant très féministes (47%) sont aussi plus nombreuses à faire le premier pas comparativement à celles ne s’identifiant pas comme féministes (28%)

 

#METOO REDESSINE PETIT A PETIT LE PAYSAGE DE LA SEDUCTION

 

2.1 Le consentement devient la pierre angulaire des rapports de séduction

L’augmentation du nombre de Français indiquant que dans un rapport de séduction, le consentement entre deux personnes sexuellement majeures doit être « explicite et formulé très clairement » (78% en 2024 contre 70% en 2017) témoigne de l’impact profond de l’omniprésence des débats sur le consentement et la mise en avant des violences sexuelles qu’a entraîné le mouvement #MeToo. Cependant, l’on constate que cet impact reste encore limité pour une partie de la population : un peu plus d’un quart des personnes âgées de plus de 65 ans (27% contre 19% des jeunes) et des hommes (29% contre 16% des femmes) pensent que ce dernier doit rester implicite. Les plus de 65 ans sont aussi les plus nombreux pour qui « Insister après un premier refus » et « Embrasser une personne par surprise » sont davantage apparentés à de la séduction qu’à du harcèlement ou de l’agression sexuelle (23% dans les deux cas).

 

2.2 La drague à l’ère post-#MeToo : davantage d’expression pour les femmes et d’introspection chez les hommes

Les personnes ayant été célibataires et en situation de séduction ces huit dernières années indiquent avoir changé leur façon de séduire depuis #MeToo. Parmi ces changements, les hommes sont plus nombreux à davantage réfléchir à la manière dont ils vont aborder une personne qui leur plaît (65% contre 53% pour les femmes) et à s’inquiéter souvent de faire une remarque ou d’avoir un comportement sexiste (48% contre 38% des femmes). Concernant les femmes, on observe chez ces dernières davantage de changement dans l’affirmation de soi et de leurs ressentis : 74% d’entre elles sont plus à l’aise pour exprimer leur refus ou désaccord (contre 62% pour les hommes) et 71% expriment plus clairement leurs désirs et limites en matière de séduction et de sexualité (contre 66% pour les hommes).

 

LA GALANTERIE A LA FRANÇAISE : UN CONCEPT EN PLEINE MUTATION

 

3.1 La galanterie résiste, mais une remise en question émerge

Si 82% des Français ne considèrent pas la galanterie comme sexiste en 2024, l’émergence d’une remise en question croissante des pratiques traditionnelles apparaît, notamment chez les moins de 35 ans (25%) et les profils militant(e)s féministes (38%).  Cette critique peut être interprétée comme une prise de conscience du caractère potentiellement problématique du « sexisme bienveillant ».  Par ailleurs, un quart des Français pensent que la galanterie est un concept dépassé (26%).

 

3.2 De la galanterie à la politesse : une redéfinition en marche

Le fait que les trois quarts des Français associent davantage des gestes de galanterie, comme « servir une femme avant soit », à une forme de politesse ou de bienveillance (77%) plutôt qu’à de la galanterie, en 2024 illustre une évolution dans la compréhension de ce concept, tentant de concilier tradition et égalité. Cette redéfinition peut être vue comme une tentative de conserver certains aspects positifs de la galanterie tout en les détachant de leur connotation genrée.

 

3.3 La galanterie face au défi de l’égalité des genres

Le fait que 29% des répondants pensent que la galanterie renforce les inégalités de genre en 2024 représente un nouveau point de vue critique, reflétant une prise de conscience croissante des implications potentiellement négatives de certaines pratiques traditionnelles. Cette critique du « sexisme bienveillant » inhérent à certaines formes de galanterie traduit une volonté d’établir des relations plus égalitaires, où le respect et la considération mutuelle ne sont pas conditionnés par le genre. Cela permettrait de tendre vers le constat de l’économiste et militante féministe Rebecca Amsellem quand elle dit « Si on vivait dans une société égalitaire, la galanterie ce serait juste de la politesse. C’est l’ancrage dans une société inégalitaire qui rend la galanterie problématique »[1].

 

Le point de vue de Fiona MORVILLIER :

 

Cette analyse évolutive met en lumière les changements progressifs mais significatifs dans les comportements de séduction et de galanterie en France depuis le mouvement #MeToo. Nous observons une tendance continue vers une plus grande égalité dans les initiatives de séduction, une importance accrue accordée au consentement explicite, et une remise en question naissante des pratiques traditionnelles de galanterie. L’empowerment féminin se manifeste de manière de plus en plus visible dans les pratiques de séduction, avec une augmentation de la prise d’initiative des femmes et une plus grande aisance à exprimer leurs limites et leurs désirs.

Mais ces évolutions se cantonnent encore trop à certaines tranches de la population : les femmes, en particulier les plus jeunes et celles se déclarant féministes et faisant partie des catégories socio culturelles et professionnelles plus élevées, semblent être à l’avant-garde de ces changements, portant un nouvel idéal de séduction plus égalitaires, ce qui rejoint notamment l’analyse des chercheuses Rébecca Lévy-Guillain[2] et Viviane Albenga.

Cependant, la persistance de certains schémas traditionnels, notamment dans la perception des rôles de genre dans la séduction, montre que cette évolution est un processus lent et complexe. Les gestes de galanterie restent encore fortement appréciés par les femmes, sans doute parce qu’ils sont perçus comme des “avantages” au profit des femmes dans une société marquée par des rapports de genre inégalitaires. (Sabine De Bosscher[3])

Cette étude souligne l’importance de continuer à suivre ces évolutions dans les années à venir, afin de comprendre comment la société française négocie la transformation des normes sociales en matière de relations entre les genres. Elle met en lumière la complexité de concilier les traditions culturelles, telles que la galanterie à la française, avec les aspirations croissantes à l’égalité et à l’empowerment individuel dans les relations amoureuses et sexuelles.

 

Fiona MORVILLIER, chargée d’études au pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop

 

CONTACTS PRESSE :

François KRAUS (IFOP) – Tel. : 06 61 00 37 76 – mail : francois.kraus@ifop.com

Fiona MORVILLIER (IFOP) – Tel. : 01 72 34 95 31 – mail : fiona.morvillier@ifop.com

 

[1] « La Pause Simone : Aimer certains aspects de la galanterie fait-il de moi une mauvaise féministe », Femme actuelle, Maelys Berthout, février 2024.

[2] « MeToo or not MeToo ? Consentement sexuel et changement normatif au prisme de trajectoires individuelles féminines » Rébecca Lévy-Guillain, Politix, 2023, p.47-72

[3]« Psychologie : pourquoi la galanterie est une forme de sexisme », The conversation, 2 septembre 2020

écrit par Fiona Morvillier

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Les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 2 au 5 août 2024.

Votre interlocuteur

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

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L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 2 au 5 août 2024.

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