Le prix des produits alimentaires a augmenté en moyenne de 21% en deux ans, celui de l’électricité de près de 70% sur cinq ans (en tenant compte de la dernière annonce gouvernementale) et le prix du litre de gasoil se situe aujourd’hui autour de 1,8 euro, alors qu’il était à 1,4 euro en novembre 2018 lors du déclenchement du mouvement des « gilets jaunes ». On mesure à ces quelques chiffres les effets de la crise inflationniste qui sévit dans le pays depuis la fin de pandémie. Mais ce renchérissement des prix n’est venu qu’exacerber une tension déjà ancienne pesant sur le pouvoir d’achat des ménages modestes et du bas de la classe moyenne. Face au risque de « smicardisation » et confrontés à des fins de mois de plus en plus difficiles, de nombreux Français ont réactivé les réseaux de solidarité et d’entraide traditionnels : une personne sur cinq (une sur deux au sein des catégories défavorisées, une sur quatre au sein des catégories modestes) dit ainsi être aujourd’hui régulièrement aidée par des proches . Mais plus globalement, beaucoup de nos concitoyens ont recours à tous les expédients possibles pour préserver leur pouvoir d’achat et se maintenir à flot, comportements entrant dans le champ de ce que nous appelons l’« économie de débrouille ».
Cette présente note revient sur différents aspects et manifestations de cette économie de débrouille, vise à en quantifier l’ampleur et s’interroge également sur sa signification sociologique profonde.
Les résultats sont aussi disponibles ici : https://www.jean-jaures.org/publication/la-vitalite-de-leconomie-de-debrouille-symptome-du-desarrimage-des-categories-populaires-et-en-mineur-des-aspirations-a-une-alter-consommation/