La Mutuelle Générale s’engage depuis de nombreuses années en faveur des aidants et des personnes dépendantes. En 2020, elle a lancé le Baromètre de l’Observatoire solidaire, mené par Occurrence.
Christophe Morange, Directeur de la Communication et de la RSE de La Mutuelle Générale, partage les conclusions clés de cette étude et évoque les prochaines initiatives à mettre en place.
1. En tant qu’acteur engagé sur les sujets de solidarité et de dépendance, vous avez lancé depuis 2020 le Baromètre de l’Observatoire solidaire en collaboration avec Occurrence. Pourriez-vous expliquer ce qui a motivé la mise en place de ce baromètre ?
Fidèle à sa raison d’être, centrée en particulier sur la solidarité intergénérationnelle, La Mutuelle Générale a mis en place en 2020 un Observatoire solidaire dédié aux salariés-aidants. Il s’agissait pour notre entreprise de prendre part à un sujet sociétal majeur (on compte aujourd’hui près de 11 millions d’aidants, dont 5 millions environ qui doivent concilier l’accompagnement au quotidien de leur proche en situation de dépendance avec leur vie professionnelle), en nourrissant le débat public et en incitant les entreprises à s’emparer de ce sujet. Pour cela, l’Observatoire finance des travaux, des expérimentations ainsi que des études. Le baromètre réalisé par Occurrence s’inscrit dans cette démarche et nous permet, à échéance régulière et de façon robuste (2 500 personnes interrogées), de mesurer la connaissance et l’implication des salariés en France en faveur des aidants.
2. D’après les résultats du Baromètre 2023, il ressort que seulement 1 entreprise sur 10 a pris des dispositions en faveur des salariés-aidants et les a communiquées à ses employés, tandis que plus de 8 salariés sur 10 expriment le souhait que leur entreprise soit plus active dans l’assistance aux salariés-aidants. Comment interprétez-vous ces chiffres, et quelles réflexions en tirez-vous ?
Le sujet des aidants n’est pas encore une préoccupation majeure des DRH ou patrons d’entreprises. Même si quelques-unes d’entre elles déploient déjà des dispositifs importants pour accompagner au mieux leurs aidants en situation de fragilité, le sujet n’est pas encore suffisamment connu ni traité. Cette faible prise en compte du sujet s’explique de nombreuses façons, au premier rang desquelles figure la difficulté à identifier les salariés de l’entreprise en situation d’aidance, soit parce que ceux-ci ne veulent pas se faire reconnaître en tant que tels (et bénéficier ainsi de dispositifs et droits adaptés), soit parce que les DRH ne sont pas outillés pour les détecter. L’identification des aidants dans l’entreprise est donc une priorité majeure. A cet égard, le développement d’un climat d’entreprise compréhensif et bienveillant vis-à-vis de la situation des aidants est un levier important pour les inciter à se faire connaître et reconnaître, afin de mieux les accompagner. Le baromètre réalisé par l’Observatoire solidaire avec Occurrence depuis 3 ans mesure un « indice de solidarité » : compilant 16 indicateurs qui évaluent la connaissance et l’intérêt des Français actifs pour la cause des salariés-aidants, cet indice représente une vision de l’engagement des salariés (aidants ou non) pour la cause. Alors que cet indice stagne depuis trois ans autour de 40 points sur 100, on constate qu’il a progressé de 20 points (62 sur 100 en 2023) auprès de la population spécifique des salariés de La Mutuelle Générale, une entreprise qui a placé l’accompagnement de ses aidants parmi ses priorités sociales, et communique largement sur le sujet.
3. Face aux résultats de cette étude, comment La Mutuelle Générale prévoit-elle de poursuivre la mise en œuvre de ses actions, et quels sont les prochains défis à relever ?
La Mutuelle Générale va poursuivre ses efforts pour continuer, à travers l’Observatoire qu’elle anime avec ses partenaires, à faire grandir la cause des salariés-aidants. Au-delà de l’enjeu de l’identification des aidants dans le milieu professionnel, il me semble qu’il y a deux autres défis à relever, de natures différentes.
Le premier défi consiste à changer le regard des entreprises sur leurs salariés-aidants, pour mieux exploiter le gisement de compétences qu’ils représentent. La nécessité pour les salariés-aidants de devoir jongler en permanence entre les injonctions professionnelles et les impérieuses nécessités de soutenir au quotidien leur proche leur permet incontestablement de cultiver ou de développer certaines compétences. Relevant du champ de ce que l’on appelle les « soft skills », les principales compétences développées sont le sens de l’organisation, l’adaptabilité, la résilience, la résistance au stress, la polyvalence (ou capacité à gérer de nombreuses tâches simultanément) ainsi que l’empathie. Pour donner toute leur place à ces compétences, encore faut-il qu’elles soient identifiées, reconnues et valorisées aussi bien par les salariés-aidants eux-mêmes, que par les entreprises dans le cadre de leur politique de gestion des compétences. A titre d’exemple, l’Observatoire a mobilisé en 2023 un groupe de travail composé de DRH, d’experts et d’aidants pour mener des expérimentations autour de trois enjeux : faciliter l’auto-évaluation de ses soft skills par l’aidant lui-même, former les managers à la détection de ces compétences et valoriser les soft skills dans les processus de mobilité interne.
Le second défi réside dans le renforcement de la coordination des acteurs clés qui gravitent autour de l’aidant, qu’il s’agisse de la DRH, de la médecine du travail, des assistantes sociales, ou encore de plateformes d’écoute spécialisées mises à disposition par certaines entreprises. La mise en place d’une solution de tiers-aidant peut constituer un champ d’expérimentation particulièrement intéressant.
Ce professionnel dédié et formé spécifiquement, capable de faire la passerelle entre les aides internes et externes disponibles pour l’aidant, présent dans l’entreprise mais capable de se déplacer au domicile des salariés-aidants, constitue une véritable ressource. Pour pouvoir envisager un déploiement de ce tiers-aidant dans les entreprises, il faut encore établir un business model spécifique et trouver des solutions de financement.
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