Le collectif d’associations “Ma place c’est en classe” a sollicité le pôle Opinion afin de mener une étude sur le regard des enseignants sur l’école inclusive.
Emmanuel Guichardaz, Responsable projets – Scolarisation à la Fédération Trisomie 21 France, partage les principales conclusions de cette étude et évoque les futures actions à mettre en œuvre.
1. Pouvez-vous nous présenter le collectif d’associations « Ma place c’est en classe ». Quelles sont les raisons qui ont conduit à la réalisation de cette étude sur le regard des enseignants au sujet de l’inclusion d’élèves en situation de handicap ?
Nous sommes des associations qui œuvrent pour l’accès à la scolarité de tous les jeunes en situation de handicap. Elles regroupent des parents d’enfants avec ou sans handicap, des professionnels, des personnes concernées. Notre collectif a été constitué il y a 4 ans maintenant, autour de l’idée que pour faire progresser cette scolarisation, il fallait s’appuyer sur des principes forts (le droit à l’école pour tous, le refus des discriminations) et actionner plusieurs leviers : les adaptations pédagogiques, la formation, la coopération entre les divers champs professionnels.
Après plusieurs campagnes essentiellement dirigées vers le grand public, nous avons souhaité savoir où en étaient les enseignants face à ce concept d’école inclusive : ils sont en effet en première ligne et ont des choses à nous dire !
2. Selon l’étude, 96% des enseignants interrogés ont déjà accueilli des élèves en situation de handicap ou ayant des troubles « dys ». Malgré le caractère fondamental de l’école inclusive, elle soulève de fortes appréhensions : 95% d’entre eux s’accordent pour dire que c’est une source de travail supplémentaire. Quelle analyse faites-vous de ce constat ?
Le premier enseignement que nous en tirons est que la scolarisation d’un élève avec handicap n’est plus une exception, mais c’est la norme ! Et cela change tout : notre école n’a pas été conçue pour accueillir toutes les différences. Il y a un gros travail d’adaptation à faire, à tous les niveaux : organisationnel, pédagogique, et cela interroge même sur le sens que nous voulons donner à la scolarisation et aux études.
Il est normal que les enseignants se posent des questions et réfléchissent à leur manière d’enseigner et de faire classe. Nous sommes bien conscients que cela occasionne une charge de travail supplémentaire et que tout ne se fera pas en un jour, mais les résultats montrent aussi que quand ils sont formés ou ont déjà accueilli des élèves en situation de handicap, les appréhensions sont moindres. C’est donc aussi sur le soutien à leur apporter dans l’exercice de leur mission qu’il va falloir travailler !
3. Les résultats de l’étude démontrent que le développement pérenne d’une école (plus) inclusive est freiné par le besoin de moyens, les difficultés pratiques et par la prise en compte des capacités de chacun. Comment le collectif d’associations « Ma place c’est en classe » envisage-t-il de tirer parti de ces enseignements ? »
Les enseignants expriment des besoins qui croisent en partie les constats que nous faisons en tant qu’associations : besoin de formation, d’accompagnement, de réduction des effectifs des classes pour mieux prendre en compte la diversité des élèves.
Il y a aussi des sujets qui font débat : quelle place et quel rôle pour les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), comment travailler avec des professionnels issus du médico-social (éducateurs en IME par exemple), quelle place donner aux familles, à leur expertise parentale ?
Nous envisageons de rencontrer les organisations professionnelles d’enseignants pour en discuter et avancer des pistes. Et nous continuons aussi à agir auprès des ministères et de leurs administrations, pour peser sur les politiques publiques et accélérer les mesures qui favorisent la scolarisation de tous les enfants, quels que soient leurs besoins particuliers, comme le rôle ressource des professionnels du champ du handicap ou la formation des enseignants et équipes éducatives.
Découvrez l’ambition positive du collectif d’associations “Ma place c’est en classe”
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